Du calme, du calme…Ecouter d’abord, parler ensuite, juger plus tard, beaucoup plus tard…La délégation belge a suivi au pied de la lettre l’exemple sinon les consignes données par Steven Vanackere qui, 50 jours après son entrée en fonctions, a pris ses marques au Congo avec l’aisance d’un vieux routier. Fluides, souriants et muets, les diplomates de choc qui accompagnaient le ministre ont renforcé une offensive qui, pour être de charme, n’en était pas pour autant dénuée de lucidité : qu’il s’agisse de l’armée, de la situation à l’Est, de la justice, voire de la corruption, toutes les questions qui auraient pu fâcher ont été posées sans détour et elles ont obtenu des réponses précises.
Pourquoi cette volonté belge de renouer, de connaître, et surtout, de comprendre ? Ce désir de mesurer l’état actuel du Congo à l’aune du chemin parcouru et de tout ce qui reste à faire ? Pour ne pas hypothéquer une visite du Roi Albert II, souhaitée certes, mais encore hypothétique ? Sans doute. Pour retrouver l’«expertise », c’est-à-dire une connaissance du terrain s’ajoutant à une capacité de dialogue avec les autorités congolaises ? Plus que probable. Les Belges en effet mesurent enfin que le Congo, lentement mais sûrement, regagne la place centrale qui lui revient au cœur de l’Afrique, qu’il est courtisé sinon convoité par d’anciennes et de nouvelles puissances.
Un ministre CDnV comme Vanackere ne peut que se souvenir de ses prédécesseurs, Martens ou Tindemans, qui s’enorgueillissaient d’être écoutés Outre Atlantique parce qu’ils pouvaient, aussi, parler du Congo. En outre, d’ici quelques mois la Belgique assurera la présidence de l’Union européenne : un ancrage retrouvé en Afrique centrale (Congo mais aussi Rwanda et Burundi) renforcera sa propre crédibilité diplomatique auprès de ses pairs et donnera plus d’autorité à sa voix et à ses engagements.
Cependant, à la différence de l’époque des Martens et des Tindemans, le temps des effusions est révolu, Vanackere n’est pas homme à cultiver le sentimentalisme des « brouilles » et des « retrouvailles », il préfère visiblement les relations lucides et adultes.
Cependant, si à Kinshasa comme à Bruxelles le temps des passions est révolu, l’histoire commune demeure. Au niveau des peuples congolais et belge, toutes générations confondues, il y a trop d’échanges, de jumelages, de solidarités, d’intérêt réciproque pour qu’il ne faille pas dépasser le cadre strictement politique et tenter une fois encore le pari de l’amitié…

 

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Posté par rwandaises.com