(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Au Rwanda, tout le monde s’active pour terminer à temps les travaux des nouvelles écoles en chantier un peu partout dans le pays avant la rentrée qui a été reculée d’un mois, en février. Tout le monde est mobilisé, civils comme militaires. Les parents doivent aussi contribuer financièrement à ces constructions.

Dans son programme d’Éducation pour tous, le gouvernement rwandais a opté pour une réforme scolaire qui étend la scolarité dans le primaire à neuf ans au lieu de six, afin de mieux préparer l’enfant au monde extérieur. « Ils pourront ainsi mieux se débrouiller pour survivre », se réjouit Kayitesi Daphrose, parent à Nyamagabe, Sud. Démarré en janvier 2009, le programme se heurte au manque d’infrastructures scolaires, dont les salles de classe.
Selon les statistiques du ministère de l’Éducation (Mineduc), plus de 3 000 nouveaux locaux et des latrines doivent être prêts avant la rentrée scolaire de début février 2010. C’est ainsi que depuis juillet dernier, ce ministère a mobilisé tous les services concernés pour que les travaux soient terminés à temps. « C’est une activité dans laquelle sont impliqués militaires et civils, toutes les catégories confondues. Et, jusqu’ici, les travaux avancent très bien », estime Marc Habimana, directeur de l’Éducation dans le district de Nyamagabe, Sud. « Les 120 locaux qui nous concernent seront sûrement terminés au plus tard la première quinzaine de janvier 2010 », assurait-il dernièrement. Convaincus que le meilleur legs à leurs enfants consiste en une bonne éducation, tous les Rwandais soutiennent le programme. « Notre contribution tant manuelle que financière est tout à fait nécessaire. Nous ne nous en plaignons aucunement. N’est-ce pas pour le bien de nos enfants ? », déclare un parent de Rutsiro, Ouest.

« Tout le monde y va de bon cœur »
Si la population et les anciens détenus du génocide, communément appelés tigistes, font l’essentiel des travaux de construction, le ministère de l’Éducation a conçu les plans des écoles et des latrines, et paye le personnel technique. En outre, il fournit les matériaux de construction les plus chers : ciment, fers à béton, tôles ainsi que les meubles. Selon Charles Muligande, ministre de l’Éducation, « tous les matériaux nécessaires sont là et leur livraison jusqu’au niveau des différents sites est faite. Les travaux avancent bien. Le district de Kicukiro, mairie de la ville de Kigali, a inauguré 68 locaux prêts en ce 5 janvier. »
Pour éviter les tentatives de détournement de matériaux et respecter le calendrier, les autorités civiles et militaires assurent conjointement la supervision des chantiers. « Nous collaborons avec les agents de la sécurité pour essayer de mener à bien ces travaux avant la rentrée scolaire. Nous travaillons parfois même les week-ends », rapporte Marianne Mukabirori, directrice du groupe scolaire de Gikongoro, Sud.
Le gouvernement a engagé des ressources importantes dans le secteur de l’éducation : 30 % du budget annuel. Néanmoins, tous les besoins sont loin d’être satisfaits. C’est pourquoi le Mineduc en a appelé à la population. Depuis le début des travaux, cette dernière est au rendez-vous au moins un jour par semaine. Sur les chantiers, les gens transportent notamment des briques dans le cadre des travaux communautaires. « Tout le monde y va de bon coeur. Nous nous en réjouissons, car désormais nos enfants vont étudier gratuitement au moins jusqu’a la fin du tronc commun », se félicite Senturo Leonard, de Gasaka, Sud. « Le minerval était très difficile à trouver et bien des enfants restaient à la maison alors qu’ils avaient réussi à l’examen national de fin d’études primaires », ajoute-t-il.

Des contributions financièrement douloureuses
Hormis les travaux manuels, toute personne de 18 ans et plus doit verser une contribution d’au moins 500 Frw (1 $). Les modalités de perception de ces frais sont quelquefois assez rigides. « J’ai déjà donné ma contribution, mais j’ai oublié le reçu à la maison. Les Local defense force m’ont empêché d’entrer au marché pour faire mes achats », se lamentait, fin octobre dernier, un paysan de Nzega, Sud. Par ailleurs, certains agents de l’Université nationale du Rwanda se plaignent qu’on leur ait retranché d’autorité 10 % de leur salaire. Dans d’autres régions du pays, les autorités locales ont exigé 10 000 Frw (environ 20 $) de chaque personne. « Nous ne sommes pas contre la construction des écoles, mais la contribution qu’on nous demande dépasse largement nos moyens », estime une veuve de Nyagatare, dans l’Est, le district qui compte le plus de locaux à construire.
Avec cette réforme, l’effectif des élèves entrant en première année secondaire augmentera sensiblement. Les enseignants de nouveaux élèves sont en cours de recrutement. Ils reçoivent des formations accélérées, surtout en anglais, seule langue d’enseignement au Rwanda depuis 2009.

Posté par rwandaises.com