(Burundi-Info.com 03/02/2010)
C`est avec stupeur et satisfaction que j`ai appris la nouvelle des arrestations de ceux qui voulaient déstabiliser les institutions. Stupeur parce que des actions du genre de celles que les fauteurs de troubles préparaient s`accompagnent toujours d`un bain de sang surtout quand on sait ce qu`elles ont couté aux Burundais. Satisfaction parce que les services en charge de la sécurité au Burundi ont sauvé le pays de la nième catastrophe sans effusion de sang et sans mettre en danger les autres personnes qui étaient aux environs.
D`après les échos qui me parviennent, il sembleraient que les personnes impliquées dans ces actions devraient commencer par prendre en otages les officiers, poser des conditionnalités et exiger des négociations directes avec le président de la République pour obtenir satisfaction des revendications. Dans les lignes qui suivent, je vais démontrer la nature dangereuse de telles actions : mutinerie ou putsch. Dans les deux cas, la sécurité des institutions et du pays est remise en cause et la suite tout le monde peut la deviner.
D`abord je dirais à ceux qui minimisent la portée de la chose soit ils le font soit pour défendre les fauteurs de troubles ou soit ils étaient informés du plan de ces gens. Etre informé signifierait la connivence et celle-ci voudrait donc qu`ils soient poursuivis en justice. J`excuse d`avance Rukindikiza pour son ignorance et pour sa défense aveugle de son cousin.
Ensuite, il importe de signifier aux lecteurs que ce n`est en aucun cas une affaire militaro-militaire. Loin de là, quand on sait que la plus part des mutineries finissent par emporter les régimes en place. D`où la nécessité de préciser que minimiser l`action de ces gens comme semble le faire le ministre de la défense nationale et des anciens combattants serait une erreur à moins qu`on soit informé du plan et de l`objectif visé au préalable. Et si cette autorité savait ce que ces gens réclament, pourquoi n`avoir pas essayé de résoudre le problème avant que la situation ne dégénère ?
Voici les scenarii possibles pour que de telles actes dégénèrent et finalement mettent en danger les institutions :
Même si la coordination devrait se faire de la manière la plus efficace, il n`est pas évident que tous les dérapages allaient être évités totalement ;
Au cours de l`opération de prise d`otages officiers, personne ne peut envisager avec certitude la sécurité avec laquelle cette opération allait se faire : certains officiers et leur garde pouvaient par exemple résister et cela pouvait entrainer des morts.
Avec l`implication réelle ou probable des politiciens, le problème n`est plus militaro-militaire
L`opération pouvait en cacher une autre : élimination physique des officiers jugés piliers du régime en place ou tout simplement un nettoyage de l`armée comme dans le passé. Je n`ai pas besoin de nommer ici ces officiers car il suffit de lire Rukindikiza pour bien les reconnaitre. Dans le contexte burundais, les détracteurs du régimes n`allaient plus hésiter à affirmer que ces officiers ont été éliminés par le CNDD-FDD ( cfr les rivalités imaginaires entre les leaders du parti et généraux dont a parlé Rukindikiza). Entre temps le régime serait mis à mal au moment où les détracteurs peaufinent les stratégies pour l`achever.
Etant donné que même les partis qui se disent être très forts commencent à réclamer le report des élections, avec une insécurité consécutive à ce putsch, personne ne peut affirmer que ces élections allaient avoir lieu. Cela contribuerait à exacerber les tensions et le chaos viendrait achever tout.
A supposer que l`opération de mutinerie généralisée réussissait et que le président refuse de négocier avec les mutins ou tarde à le faire, qui peut envisager la suite avec certitude ? Probablement que les mutins finiraient par exiger le départ du président de la République et à ce moment les vrais putschistes se manifesteraient au grand jour.
Savoir qu`une petite victoire (sauf qu`il n`y a pas de petite victoire) dans ce genre de situation pour les mutins allait servir de tremplin pour d`autres exigences allant jusqu`à réclamer le report des élections, la mise en place d`un gouvernement incluant les mutins et leurs alliés ou tout simplement exiger le départ du président de la République
La dernière chose serait de s`interroger pourquoi ces gens ont choisi la voie extrême alors que leurs problèmes, si problème il y avait au sein de leur corps, pouvaient probablement trouver solution ?
Il faudrait être capable de faire une liaison claire entre les propos de certains politiciens comme le fameux Nimubona Julien et les représentants de l`UPD demandant l`arrêt du processus électoral pour cause d`insécurité généralisée dans le pays. Même si on peut penser que le grand politologue et son groupe suivent une certaine logique dans le processus de déstabilisation des institutions, il est aussi permis de douter de la maîtrise de la suite des événements au niveau du grand UPD. Cela est aussi valable pour certains militaires et politiciens impliqués dans ce sabotage.
Il faut enfin savoir qu`une fois l`opération réussie, ce sont les maîtres d`ouvrage qui devraient prendre les rennes du pouvoir et non de simples exécutants. C`est pour cela qu`il faut tout faire pour démasquer tous ceux qui se cachent derrière cette affaire pour que la loi les frappe.
Jean-Claude Mubisharukanywa
mardi 2 février 2010 par Jean-Claude Mubisharukanywa
Bujumbura, le 01 février 2009 (K. Dorothée, abarundi.org) –
http://www.africatime.com/burundi/index.asp
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