A la veille de la visite jeudi de Nicolas Sarkozy à Paul Kagamé, la réconciliation annoncée entre les deux pays a ravivé la polémique sur le rôle de la France au Rwanda.
« Le jeudi 25 février prochain, Nicolas Sarkozy se rendra au Rwanda. Ce sera la première visite d’un chef d’Etat français à Kigali depuis 1994, date du génocide des Tutsis et du massacre des Hutus qui s’y opposèrent », voici les premiers mots de la lettre adressée par le collectif à l’intention du Président de la République.
Il entend lutter contre « un tabou profondément établi, à l’intérieur de nos frontières » alors que « les responsabilités de la France dans ce drame apparaissent de plus en plus écrasantes aux yeux des historiens spécialisés ».
Arguant la reconnaissance des victimes du génocide, le collectif parle d' »injure » à leur encontre si elle ne marque pas une étape dans la reconnaissance des responsabilités françaises dans ce génocide.
En 2006,alors Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy avait déclaré lors d’une visite à Alger : « On ne peut pas demander aux fils de s’excuser des fautes de leurs pères ». Pour tout sujet, il a toujours clamé son refus de la « repentance ».
Le nouveau président n’a pas dévié de sa route. Même s’il a assorti son refus par des condamnations très fermes de la colonisation, notamment dans son fameux discours de Dakar. « La colonisation fut une grande faute », a-t-il dit au Sénégal, mais « nul ne peut demander aux générations d’aujourd’hui d’expier ce crime perpétré par les générations passées ».
« Une Histoire, on la regarde en face. On ne la conteste pas, on ne la nie pas, on l’assume »
Lors de sa visite d’Etat en Algérie fin 2007, Nicolas Sarkozy n’est pas allé plus loin, malgré les demandes pressantes d’Alger, qu’une dénonciation du système colonial, « profondément injuste ». Il a par contre évoqué la guerre d’Algérie et ses « innombrables victimes des deux côtés ».
La semaine dernière, il est resté tout aussi prudent sur le passé colonial de la France en Haïti. « Nous avons une histoire partagée, vous et nous. Cette histoire partagée est douloureuse, et la France ici n’a pas laissé que des bons souvenirs. Je dois en prendre compte », a-t-il dit, « une Histoire, on la regarde en face. On ne la conteste pas, on ne la nie pas, on l’assume ».
Parmi les premiers signataires engagés comptent de nombreuses associations et organisations telles que la Vigilance Arménienne contre le Négationnisme, Urgence Darfour, Le Mouvement de la Paix, Gandhi International.
En politique, toute la Délégation française d’Europe Ecologie au Parlement Européen est signataire à savoir : Eva Joly, José Bové et Daniel Cohn-Bendit.
Des personnalités telles qu’Edgar Morin, directeur de recherches émérite au CNRS et Stéphane Hessel, ancien diplomate, ambassadeur et résistant français qui a participé à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, ont également signé la lettre.
Des artistes tels que le groupe les Ogres de Barback ou encore Akhenaton, chanteur d’IAM et Tiken Jah Fakoly, chanteur ivoirien engagé.
http://www.francesoir.fr/etranger/2010/02/23/genocide-rwanda-role-france-sarkozy.html