Depuis son exil aux Etats-Unis, le «mwami» du Rwanda, Kigeri V, suit attentivement l’évolution de son pays et, pour la première fois depuis longtemps, il confie ses projets.

ENTRETIEN :

COLETTE BRAECKMAN

à Washington

Les Belges ont perdu votre trace depuis votre départ du Rwanda en 1961. Comment aviez vous accédé au trône et comment vous êtes-vous retrouvé en exil?

Après la mort inopinée de mon frère aîné le roi Mutara Rudahigwa, les conseillers de la cour m’ont désigné comme successeur. Le roi avait l’intention de se rendre aux Nations unies (le Rwanda était un territoire que l’ONU avait confié à la Belgique) pour demander la fin de la tutelle et l’indépendance. Mais auparavant, à l’insu des Belges, les conseillers de la cour, les «abiru», m’avaient désigné comme successeur car ils craignaient que le souverain disparaisse subitement. N’ayant pas d’enfant, le roi lui-même m’avait recommandé aux abiru. Je n’ai donc pas été élu in extremis comme on l’a dit, j’avais été choisi depuis longtemps, conformément à la tradition. L’abbé Kagamé, l’historien qui conseillait à l’époque le gouverneur Harroy, a confirmé que tout s’était déroulé dans les règles.

Aviez-vous été formé pour exercer cette fonction royale?

 

Avant le décès du roi Mutara, je travaillais à l’administration belge à Butare. L’abbé Kagamé, à la demande du roi, avait été chargé de mon éducation. Je me refuse à dire que mon frère le roi aurait été assassiné, mais je sais seulement que lorsqu’il s’est rendu à Bujumbura, il n’avait jamais été malade, c’était un sportif reconnu. A la veille de son voyage aux USA, il est mort subitement après avoir reçu une injection administrée par le remplaçant de son médecin. On ne peut rien conclure, mais il est certain que les Belges ne souhaitaient pas que Mutara s’adresse à l’ONU. Le roi avait fait un arrangement secret et m’en avait informé. Dès que j’ai remplacé mon frère, j’ai poursuivi son projet et réclamé l’indépendance.

Dans quelles circonstances avez-vous quitté le Rwanda?

 

Le gouverneur Harroy s’était déchargé de ses responsabilité s sur le colonel Logiest, et ce dernier, qui avait tous les pouvoirs, avait placé le pays en état d’exception, ce qui enlevait au roi toutes ses prérogatives. En présentant Logiest au roi, le général Janssens avait déclaré que le tout-puissant colonel pouvait tuer, sauver, faire ce qu’il voulait… J’ai alors demandé l’autorisation de me rendre à Kinshasa car j’avais l’intention d’y interpeller le secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjold. Après avoir longtemps tergiversé, Harroy a subitement approuvé le voyage. Auparavant, j’avais interpellé le colonel Logiest lui demandant pourquoi on arrêtait les gens sans les juger.

«Ce sont les Belges qui m’ont exilé, pas les Hutus.»

 

Avec une franchise toute militaire, le colonel Logiest m’a répondu: Je suis en mission de la part de mon gouvernement qui m’a envoyé ici pour écarter les Tutsis du pouvoir et installer les Hutus. Il exécutait des ordres, c’était très clair. J’ai voulu m’entretenir avec le secrétaire général de l’ONU car, avec les Belges, il n’y avait plus d’espoir. Hammarskjold a promis de me faire venir à New York, mais le gouvernement belge, alors que j’étais à Kinshasa depuis une semaine, a fait savoir que je ne pouvais plus rentrer au Rwanda. Il est donc faux de dire que j’ai été chassé du pouvoir par les Hutus. Ceux qui m’ont exilé, ce sont les Belges, en 1961, une année avant l’indépendance. J’ai dénoncé cette situation devant l’Assemblée générale des Nations unies, mais les résolutions réclamant mon retour n’ont jamais été appliquées.

Vous ne blâmez donc pas les Hutus pour votre destitution?

 

Absolument pas: les Hutus, à l’époque, n’étaient pas contre le roi, c’est pourquoi certains d’entre eux réclament aujourd’hui mon retour. Ce qui s’est passé, c’est le coup d’Etat de Gitarama, où les Belges, Harroy et Logiest, en collaboration avec les pères blancs, ont mis Grégoire Kayibanda au pouvoir. Les attaques contre les Tutsis étaient instiguées par les Belges, mais les Hutus ne visaient pas la monarchie. Bien au contraire, si des Tutsis ont été attaqués et chassés, c’est parce qu’on avait fait croire aux Hutus que certains nobles tutsis avaient empoisonné Mutara… Les paysans disaient que l’administrateur belge leur avait donné l’ordre de brûler les huttes des Tutsis car ces derniers étaient adversaires du roi. Tous les anciens peuvent vous confirmer que les Hutus étaient accompagnés par des commandos belges!

A l’époque, je m’étais rendu clandestinement au Rwanda, déguisé en femme enceinte! Mais j’ai été attrappé par Logiest et n’ai été libéré que grâce à l’intervention de Nyerere, qui a menacé de bloquer les installations et le personnel de l’Agence maritime internationale à Kigoma.*

Quarante années de mal du pays

Une fois chassé de votre pays, quelle est votre existence?

 

Après que les rébellions ont éclaté au Congo après la mort de Lumumba, je suis parti en Tanzanie, puis en Ouganda. J’ai aussi vécu à Nairobi, protégé par le président Jomo Kenyatta, un grand nationaliste. Je me suis beaucoup occupé des réfugiés rwandais et j’ai tenté de sensibiliser le Haut-Commissariat aux réfugiés afin qu’il accorde des bourses d’études aux jeunes Rwandais en exil. J’intervenais aussi pour contrecarrer les autorités rwandaises qui demandaient aux pays d’accueil de chasser les réfugiés. Au début, des groupes de réfugiés armés, que l’on appelait les «inyenzi», les cafards, tentèrent de rentrer de force au Rwanda. Contrairement à ce que déclaraient les Belges, je n’ai jamais approuvé ces attaques. Je ne voulais pas que les Rwandais s’entretuent car je suis le roi de tous. D’ailleurs mon nom, Kigeri V, est un nom de roi, qui se retrouve dans une alternance qui remonte au XI e siècle et il l’a emporté sur mon premier nom, Jean-Baptiste Ndahindurwa, un nom tutsi. Au Rwanda, le roi dépasse les catégories ethniques.

Durant ces années d’exil, avez-vous rencontré d’autres militants africains, des lumumbistes par exemple?

 

A l’époque, ce qui comptait en Afrique, c’était lutter pour l’indépendance. En Tanzanie j’ai rencontré beaucoup de monde, dont des Congolais qui luttaient contre Mobutu. Nous formions un groupe international, qui s’est, entre autres, réuni au Caire. Kabila aussi je l’ai connu à Dar es-Salaam et à Nairobi, de même que Thomas Kanza. Moi, mon combat, c’était l’indépendance du Rwanda, la paix, le retour des réfugiés. Je considère que le Rwanda jusqu’à ce jour n’a jamais connu la paix, que les Rwandais, depuis 1959, n’ont plus vécu ensemble. L’unité de notre pays a été cassée…

Depuis votre départ, avez-vous gardé des contacts, sinon des sympathisants à l’intérieur du Rwanda? Avez vous connu Kagame, qui était réfugié en Ouganda?

Je n’ai jamais cessé d’avoir des contacts avec mes compatriotes, j’ai toujours essayé d’aider les Rwandais. J’ai bien connu le père de Kagame, qui venait souvent à Butare quand j’étais secrétaire à l’administration belge, il passait souvent la nuit chez moi.

«Je n’ai pas cautionné l’attaque du FPR en 1990, car je ne peux accepter que mes enfants se battent»

Quand ces jeunes gens venus des camps de réfugiés en Ouganda ont rejoint l’armée de Museveni en Tanzanie, ils l’ont fait secrètement, mais quelques-uns, comme Fred Rwigema, sont venus discrètement voir le roi. Plus tard, quand ils sont devenus de grands militaires dans l’armée ougandaise, nous avons gardé le contact, je vivais alors au Kenya.

Avez-vous été informé de la création du Front patriotique rwandais, du projet d’attaque de 1990?

 

Rwigema m’avait présenté le FPR comme un groupe qui défendait les intérêts de la jeunesse, mais je ne savais pas qu’il était préparé pour rentrer au Rwanda par la force. Ils ne m’ont pas mis dans le secret, car ils pensaient que je ne serais peut-être pas d’accord. A cette époque, nous aussi nous faisions des démarches en faveur d’un retour paisible des réfugiés. Je n’ai pas cautionné l’attaque du FPR en 1990 car le roi étant le père de la nation, je ne peux accepter que mes enfants se battent. En plus, dans la coutume rwandaise, un roi n’est pas autorisé à engager une guerre contre son pays. Comment aurais-je pu bénir cette attaque alors que je négociais un retour dans la paix? Kagame et les siens n’avaient pas demandé mon avis, ils étaient jeunes, sans expérience de la politique…

Avez-vous participé à la négociation des accords de paix d’Arusha?

 

Absolument pas! Il n’était pas normal que ces accords soient négociés par des militaires, alors que le chef politique des réfugiés, c’était moi. Mais ces jeunes gens avaient des fusils, ils voulaient aller vite. Ils ne savaient rien, et ils sont même venus chez moi à Nairobi chercher des documents pour leur permettre de discuter à Arusha… J’ai dû leur rappeler l’histoire, l’attitude des Belges… Quand les accords ont été signés, j’ai remarqué qu’on avait oublié beaucoup de choses, je n’ai pas cru que cela pouvait marcher… Les jeunes n’auraient pas dû travailler ainsi, tout seuls, ils auraient dû prendre le conseil des anciens, ils se sont comportés comme des apprentis sorciers.

Aurait-on pu prévoir le génocide? Avez-vous tenté quelque chose?

 

J’étais au courant des projets de massacres, et en mars 1994, j’ai publié une mise en garde, je me suis adressé aux Nations unies. Demandant pourquoi l’accord tardait à être appliqué, j’ai dit que dans peu de temps, ce serait trop tard. Mais qui m’a écouté? Aux yeux de l’opinion, le roi n’était qu’un simple réfugié. Lorsque le génocide a commencé, j’ai protesté partout, tenté de faire intervenir les Etats-Unis, expliquant aux journalistes américains où était le Rwanda, ce qui s’y passait, mais ces appels n’ont pas été répercutés en Europe. Depuis 1992, je savais que le régime Habyarimana préparait des plans de génocide et c’est dans l’intention de les révéler aux Etats-Unis et à l’ONU que j’ai quitté Nairobi pour Washington, mais personne n’a voulu m’écouter.*

Pour un référendum constitutionnel

Après la prise de pouvoir du FPR, avez-vous eu des contacts avec le général Kagame?

Kagame est venu me voir aux Etats-Unis et m’a proposé de rentrer comme un simple citoyen. J’ai répondu que je me considérais toujours comme un souverain constitutionnel, car je n’ai jamais été démis de mes fonctions par le peuple rwandais, le référendum ayant été truqué par les Belges. De plus, la Constitution rwandaise, rédigée par les Belges et qui abolit la monarchie, n’a jamais été amendée par le nouveau pouvoir. Kagame se veut républicain et cependant je peux vous dire que la majorité des membres du FPR sont des monarchistes.

Mais Kagame ne veut rien savoir de tout cela…

Je ne veux pas rentrer au Rwanda comme simple individu, je n’ai pas envie de connaître le même sort que le roi Ntare du Burundi (NDLR: assassiné après son retour d’exil…) Au Rwanda pour le moment, on meurt facilement, surtout quand on est en concurrence avec Kagame.

Pensez-vous que la restauration de la monarchie soit possible?

 

Je ne veux pas m’imposer. Ce que je souhaite, c’est que les Rwandais puissent choisir librement entre la monarchie et la république. Il faudrait organiser un référendum constitutionnel, supervisé par les Nations unies. Si on veut guérir le Rwanda, il faut remonter aux origines de la crise, à 1959 et faire appliquer les résolutions des Nations unies. Si le FPR seul organise ce référendum, il va l’emporter à 99% et même à 100%… De plus, avant le référendum, je veux pouvoir rentrer au pays, pour expliquer mon point de vue, pour que les jeunes Rwandais me voient, apprennent à me connaître. Ce que je leur dirai, c’est que je n’amène que la paix, c’est tout ce qui compte.

Si certains Hutus souhaitent votre retour, c’est peut-être parce qu’ils espèrent que cela signifiera l’amnistie pour les prisonniers, parmi lesquels des génocidaires…

Je veux une justice équitable, il faut que les 125.000 prisonniers soient dotés d’un dossier, que ceux qui sont coupables soient correctement jugés et punis, après avoir reçu les moyens de se défendre. Les aides qui viennent de l’extérieur devraient permettre la mise en place d’une vraie justice… L’amnistie pourrait venir plus tard, mais au début, il faut punir ceux qui ont commis le mal. Quant à la gacaça, la justice traditionnelle qu’on essaie de remettre en fonction, ce n’est pas une mauvaise idée en soi, à condition que ceux qui l’appliquent soient réellement indépendantes du pouvoir, qu’ils ne soient pas corrompus.

Quelles sont vos principales critiques à l’encontre du régime actuel?

 

La preuve du malaise, c’est que beaucoup de Rwandais, des Hutus mais de plus en plus de Tutsis, continuent à se réfugier à l’étranger. Je relève le problème de la justice, de l’absence de Constitution, de la corruption, et aussi de la culture. Nous avions une culture vraiment riche et elle est aujourd’hui oubliée. Le régime actuel est une vraie dictature, il y a trop de gens à l’extérieur du pays.*

Cesser la guerre au Congo

Votre message de Noël critique la guerre au Congo. Quelle est votre position à ce sujet?

 

Au début, il était question de sécurité, de poursuivre les Interhahamwe. Aujourd’hui on sait que les vrais enjeux sont l’or, le diamant, les minerais précieux… Le Rwanda ne devrait pas se mêler des affaires intérieures du Congo, pas plus qu’on ne doit se mêler des siennes. Cette guerre n’a pas de raison, elle devrait s’arrêter. Bien sûr, nous savons qu’autrefois le Rwanda dépassait ses limites actuelles, que son territoire était plus vaste. Mais si on remet en cause les frontières coloniales, c’est toute l’Afrique qui devrait se battre… Le Rwanda est déjà en lutte avec tous ses anciens amis, et il faut stopper cette épidémie qui peut contaminer toute l’Afrique.

Vous avez fait une tournée en Afrique et, entre autres chefs d’Etat, rencontré Kabila, ce que Kagame vous reproche.

Pourquoi pourrait-il, lui, parler avec Kabila et pas moi? Je connais Kabila depuis les années 60, c’est un ami de longue date, le rapport entre nous est très facile, nous sommes des leaders nationalistes. Je ne doute pas qu’une entente soit possible entre nous, plus facilement qu’avec Kagame en tous cas. Par contre, je n’ai pas encore eu de contact avec les chefs traditionnels du Kivu. Museveni, le président de l’Ouganda, je ne le connais pas, même si j’ai beaucoup de contacts dans son pays.

Des soldats rwandais fuient actuellement vers l’Ouganda, où ils forment ce qu’ils appellent une «armée du roi»? Les reconnaissez vous?

Je sais qu’on les appelle ainsi, mais, pour moi, ce qui compte, c’est que même des militaires présents au Rwanda sont en ma faveur. Je sais que j’ai beaucoup de partisans au sein même de l’armée de Kagame; les contacts ne me manquent pas, même si

 

Kagame arrête les gens qui soutiennent la monarchie.

De toutes façons, je ne pourrais être qu’un roi constitutionnel, tel est le serment que j’ai prêté en 1959. Le jour où la monarchie sera restaurée, les affaires du Rwanda se remettront dans la bonne voie, qu’il s’agisse de la guerre, de la justice, du problème de la corruption…

 

Mon retour entraînera aussi celui de tous les exilés: le père de la nation ne peut supporter qu’une partie de ses enfants se trouvent à l’extérieur. Il faut savoir aussi que partout, aux Etats-Unis, au Canada, en Belgique, existent des groupes monarchistes qui me soutiennent, certains d’entre eux ont même conspué Kagame lors de son passage aux USA. Dans ces groupes-là, Hutus et Tutsis se trouvent côte à côte. Comme avant 1959…

Quand espérez-vous rentrer?

 

Cela pourrait se faire n’importe quand, à tout moment. Je pourrai alors me marier, car, dans notre tradition, un roi n’a pas l’autorisation de se marier en dehors de son pays.*

Stature de roi, espoirs de citoyen

PORTRAIT

Qu’ils règnent ou non, les rois d’Europe ont des allures de représentants de commerce prospères ou de sportifs à la retraite. Leur principal souci semble être de ne pas se distinguer de la moyenne de leurs concitoyens, comme si la simplicité de leur comportement devait leur faire pardonner une distinction originelle. Le voudrait-il que Kigeri V ne réussirait pas à atteindre cet anonymat tant prisé car tout en lui dénonce une noble origine. Lorsqu’il déploie dans les rues enneigées de Washington une stature de plus de deux mètres, à peine alourdie par un léger embonpoint, il ne fait aucun doute que c’est d’un roi qu’il s’agit, et d’ailleurs une couronne d’or délicatement fixée au revers de son veston suffi à le rappeler.

Cependant lui aussi, descendant d’une lignée ininterrompue qui remonte au XIe siècle, fait montre de simplicité. Un immense manteau de cuir noir le protège des frimas américains, il circule en compagnie de son secrétaire Bonaventure Bezinge qu’il traite comme un vieil ami, et c’est sans façons qu’il commande un thé brûlant auquel il se réchauffe les mains.

Outre la stature, le roi a aussi le visage de la fonction: une longue figure aux lourdes paupières, des yeux protubérants qui pétillent derrière ses lunettes, un rire magnanime qui sonne fort lorsqu’il évoque les errements de ces «jeunes gens» qui dirigent le pays de ses ancêtres sans lui demander conseil.

 

Sans aucun doute, Kigeri V, fils de Musinga, détrôné par les Belges en 1931, frère cadet de Mutara III Rudahingwa, décédé inopinément à Bujumbura est conscient de sa lignée, de ses devoirs. Comme son père et son frère, il se veut un rassembleur et se dit le seul à même de renouer ce que l’on appelait jadis les trois fils qui tressaient la nation rwandaise, Hutus, Tutsis et Twas. Pour lui – comme pour beaucoup de Rwandais – les malheurs de son pays ont été causés par les Belges, qui divisèrent les ethnies et minèrent l’institution monarchique.

Kigeri assure qu’il a toujours lutté pour le retour des réfugiés, dénoncé les injustices et les exclusions, qu’il s’est opposé à la violence entre Rwandais et en particulier au génocide de 1994. Pour lui, le salut du Rwanda, passe par le retour aux origines, par la restauration d’un ordre symbolique sur lequel reposait la stabilité du pays. Kigeri V a-t-il une chance d’un jour rentrer dans son pays, d’y retrouver une forme de pouvoir, sinon d’arbitrage? A première vue, la roue de l’histoire a tourné trop vite, trop de vies ont été broyées, la mémoire a été pulvérisée par les machettes et les fusils, les Rwandais, Hutus et Tutsis, survivants, rescapés, anciens et nouveaux réfugiés, ont fait table rase du passé et le nouveau pouvoir de Kagame n’est pas d’humeur à composer avec un monarque exilé et, à 64 ans, sans descendance. Cependant, qui peut prévoir l’avenir? Qui aurait jamais pensé, en 1990, que les enfants des réfugiés tutsis reviendraient au pouvoir, qu’un vieux maquisard comme Kabila finirait par prendre la place de Mobutu? L’histoire, dans cette région du monde, avance par courbes et il arrive que le passé prenne sa revanche, nourrie par le désespoir du présent…*

BRAECKMAN, COLETTE

Lundi 15 janvier 2001

http//archiveslesoi r.be

Posté par rwandaises.com