Un document publié, le 16 février, par un quotidien français a confirmé la contamination due aux essais nucléaires menée par la France dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966. Une preuve de plus des atrocités commises par l’armée française, estime le quotidien d’Alger.

Mohamed Touati | L’Expression

 

 

Essai nucléaire français près de Reggan dans le sud de l'Algérie, photo prise dans les années 60

Essai nucléaire français près de Reggan dans le sud de l’Algérie, photo prise dans les années 60

La Guerre d’Algérie dans tous ses états. La Guerre d’Algérie dans ce qu’elle recèle en elle de plus atroce, de dramatique et d’inhumain. Des soldats ayant servi sous le drapeau français ont été volontairement exposés aux irradiations émises par les essais nucléaires dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966. Il ne pouvait y avoir aucun doute sur leur but inavoué. « Etudier les effets physiologiques et psychologiques produits sur l’homme par l’arme atomique », souligne le document que s’est procuré le journal français Le Parisien. Des jeunes hommes, essentiellement des conscrits, ont été positionnés tout près de l’endroit où devait avoir lieu l’explosion, pour les besoins de ce type d’expérience. Des soldats de l’armée française ont servi comme cobayes.
Un nouveau visage de la Guerre d’Algérie, des exactions commises par l’armée française vient d’être mis à nu. A travers les essais nucléaires menés au Sahara algérien dans les années soixante, une nouvelle page d’horreur vient d’être ouverte. 132 années de colonisation et de présence française en Algérie n’ont peut-être, avec ce nouvel éclairage, pas livré tous leurs secrets. Pour le moment, ce sont ses enfants qui en racontent la cruelle vérité. Des témoins vivants qui portent sur eux, leur corps, et en eux les séquelles. « A l’époque, les hommes ne comptaient pas », fait constater Lucien Parfait, une des victimes dont le visage a été ravagé par ces expériences. « Certains de mes amis sont décédés. Moi, j’ai eu des cancers au niveau de la tête, mais on me dit que ça n’aurait rien à voir », renchérit un autre, Fernand qui fut « baladé » sur le point zéro de « Gerboise bleue », nom de code de l’opération qui avait pour but de procéder à l’essai de la première arme nucléaire à Reggane et qui fut tenue secrète.

La bombe d’une puissance de 70 kilotonnes représentait l’équivalent de quatre fois celle d’Hiroshima. Les images reviennent. Fernand a mémorisé de manière indélébile celles d’épaves de camions « coupés en deux ». Lucien Parfait ne décolère pas: « La France nous a laissé tomber. Beaucoup des nôtres sont sur leur lit de mort. Mon copain Gaston a été opéré 47 fois » s’insurge-t-il. « Nous avons été les cobayes de l’atome », accuse Guy Peyrachon, membre de l’Association des vétérans des essais nucléaires, créée en 2001 et qui compte près de 5000 membres. « J’étais à 10 km, en short, sans aucun protection », témoigne-t-il. La première bombe atomique française venait d’exploser, le 13 février 1960, avec comme conséquence une de ses premières victimes. Crises d’épilepsie, modules cancéreux de la thyroïde, Guy Peyrachon met fin à sa carrière de cadre supérieur dans les années 1980. « Le service militaire en Algérie n’a pas été une promenade de santé. Certains en porteront jusqu’à la fin de leurs jours les cicatrices. » Le rapport publié par Le Parisien met particulièrement le doigt sur ce qui est qualifié « d’amateurisme des autorités » mais qui cache en fin de compte où l’humain est réduit à sa plus simple expression, une enveloppe corporelle un point c’est tout !

Les auteurs du rapport montrent comment les concepteurs des armes atomiques françaises font manipuler à la troupe des substances dont ils connaissent pourtant les dangers, rapporte Le Parisien. En ce qui concerne les essais souterrains, pour « un travail en atmosphère contaminée, l’autorité responsable peut autoriser les travailleurs à ne pas porter le masque (…) et leur faire inhaler en un jour, à titre exceptionnel, ce qui est normalement autorisé en trois mois » indiquent les auteurs du rapport. « Les militaires se réservent le droit d’autoriser un court séjour sans précaution spéciale, même en zone interdite », poursuivent-ils. Le document fait par ailleurs une révélation de taille. Sur le 13 tirs réalisés lors de ces essais, un seul a pu être contenu. Les autres se sont soldés par des fuites radioactives. Officiellement, on faisait mention de 4 accidents identifiés. Combien de victimes algériennes ont fait les frais de cette « barbarie des temps modernes » menée par une puissance qui se targue encore aujourd’hui d’avoir répandu durant 132 ans le bien-être et le savoir sur la terre d’Algérie? Une plaie qui ne risque pas de se cicatriser de sitôt du côté des deux rives de la Méditerranée.

http://www.courrierinternational.com/article/2010/02/17/les-cobayes-de-l-armee-coloniale

Posté par rwandaises.com