Les militaires congolais ne participeront pas au défilé du 21 juillet à Bruxelles, cette question n’est pas à l’ordre du jour. Par ces termes clairs et définitifs, le Premier Ministre Yves Leterme a mis fin à la polémique déclenchée par l’invitation peut-être imprudemment lancée par Pieter De Crem à son homologue congolais Charles Mwando Simba. Faisant marche arrière et s’étonnant des « réactions hors de proportion » De Crem avait d’ailleurs précisé que son invitation représentait surtout une « formule de politesse ».
Lors de son séjour au Congo cependant, le Ministre belge de la défense avait pris connaissance des bons résultats enregistrés par le321eme bataillon, premier élément d’une « force de réaction rapide » que des instructeurs belges ont formé à Kindu (Maniéma). Ce bataillon en effet avait été envoyé au feu lors des derniers troubles dans l’Equateur, où à l’occasion d’une révolte de pêcheurs Enyele, des armes de guerre avaient fait leur apparition. Alors que la situation dégénérait rapidement, provoquant l’exode vers le Congo Brazzaville de dizaines de milliers de déplacés, la réponse des forces armées congolaises fut, de l’avis général, rapide et efficace permettant la reprise de la ville de Mazanza.
Vu les succès enregistrés par la force de réaction rapide, des instructeurs belges pourraient être chargés de « coacher » un deuxième bataillon. Rappelons que dans cette armée congolaise en pleine restructuration, la plupart des effectifs sont destinés à être casernés, afin de réduire les contacts avec les populations civiles et seule la « force de réaction rapide » composée d’unités d’élite serait appelée à intervenir sur le terrain. Si la coopération militaire belge est très appréciée, d’autres partenaires sont présents : les Américains forment des Congolais à Kisangani, les Chinois viennent également de signer un accord.
L’incident du 21 juillet étant clos, les autorités belges se concentrent désormais sur la préparation du voyage du roi Albert II, l’invitation en bonne et due forme ayant été remise à l’ambassadeur de Belgique à Kinshasa et officiellement acceptée à Bruxelles. Le Roi devrait donc passer deux jours à Kinshasa à l’occasion du 50eme anniversaire de l’indépendance le 30 juin prochain. Outre le Premier Ministre et le Ministre des Affaires étrangères, M. De Crem a également été invité ainsi que le « patron » de l’armée et à Bruxelles, où l’on souhaite une délégation de taille « raisonnable », il faudra certainement opérer un tri douloureux entre tous les candidats au voyage.
Outre ses aspects techniques (durée et programme de la visite, conditions de sécurité) la préparation du voyage sera aussi politique. Le Premier Ministre a annoncé au Parlement qu’une note de politique africaine serait bientôt présentée au nom du gouvernement. Ce document devrait reprendre les principaux points de la politique belge, le souhait de voir les élections se dérouler en 2011, le souci des droits de l’homme et du respect des libertés et sans doute, l’exigence de mesures efficaces contre la corruption.
Ce refus de voir des militaires congolais défiler à Bruxelles nous en rappelle un autre, plus ancien et plus cuisant: apres la deuxième guerre mondiale, les Congolais de la Force Publique furent les seuls à se voir refuser une invitation à défiler aux côtés des troupes alliées lors des grandes célébrations de la Libération. Ils avaient cependant obtenu de grandes victoires, en Abyssinie notemment. Mais il n’était pas question de les amener en Belgique car, disait on à l’époque, cela pourrait leur donner des idées…Ajoutons enfin que ces anciens combattants, à l’inverse des “indigènes” de la France ou d’autres puissan,ces coloniales, n’ont jamais perçu de pension et doivent se contenter de quelques sacs de manioc distribués par l’ambassade…
Posté par rwandanews.be