Rdc : Cinquantenaire Anticolonial: le Congo-Belge

Cinquantenaire Anticolonial: le Congo-Belge

L’indépendance du Congo n’est pas un cadeau des Belges !

Porteurs Congolais de l’expédition scientifique Lang-Chapin. Expédition des américains James Paul Chapin et Herbert Lang (1909-1915). Celle-ci partit d’Anvers pour Boma puis remonta le fleuve Congo jusqu’aux environs de Stanleyville.

Propriété personnelle du roi des Belges, Léopold II, depuis 1885, l’état indépendant du Congo devient la colonie du Congo Belge. Léopold II choisit de remettre ce territoire à son pays car il s’est fortement discrédité auprès de ses sujets avec la révélation des atrocités commises sous son autorité par les compagnies coloniales.

Entre 1875 et 1879, l’explorateur anglais Sir Henry Morton Stanley avait pris possession au nom de la Belgique de la rive gauche du fleuve Congo. C’est en hommage au roi des Belges qu’il fonde Léopoldville près du village de pêcheurs de Kinshasa. Après 75 ans de domination Belge, le Congo accèdera officiellement à l’indépendance en 1960.

Les souverainistes congolais sont clairs, pour le cinquantenaire de l’indépendance du Congo au 30 juin 2010: le discours de Patrice Emery Lumumba ou rien !

Discours traduit déjà dans plusieurs langues vernaculaires du Congo dont la campagne et distribution débutent en janvier 2010 dans toute la République Démocratique du Congo.

Le Congo belge: La dépression des années 1930

-Avec le Congo, la Belgique obtient des matières premières peu chères. L’administration coloniale recrute des travailleurs forcés pour les plantations et pour les mines et impose même en 1926 la conscription générale. L’administration coloniale négociait avec les différents dignitaires congolais pour qu’ils leurs fournissent des hommes comme travailleurs (10 francs par tête).

Les chefs politiques se débarrassaient en général des gens qu’ils n’aimaient pas dans leurs communautés. Les travailleurs étaient emmenés jusque dans les mines ou ils travaillaient pour 10 à 15 francs par mois. Plus de 44 000 travailleurs furent « importés » d’Angola et de Rhodésie du Nord pour grossir les rangs.

De nombreux travailleurs mouraient de fièvre à tiques, de grippe , de pneumonie, d’épuisement ou d’éboulement, à tel point que ce système qui succédait aux exactions léopoldiennes et à la première guerre mondiale risquait de dépeupler de nombreuses régions. Les autorités essaieront de résoudre la crise en imposant des restrictions aux recrutements forcés (par exemple, le décret de 1933 limita en effet à 60 jours la durée du travail forcé dans les plantations), et aussi particulièrement au Katanga en imposant dans les villes minières une force ouvrière permanente et stable, c’est-à-dire transformer les villageois en citadins.

Le krach boursier de 1929 à Wall Street fut le début d’un ralentissement économique mondial.

La demande de matières premières des industries s’effondra et le prix des matières premières aussi : le prix de l’arachide passa de 1,25 franc à 25 centimes.

L’économie congolaise, plus tournée vers l’exportation qu’aucun autre pays africain, fut d’autant plus vulnérable lors de cette crise que la Belgique est aussi un grand exportateur à cause de son petit marché intérieur.

Au Katanga, l’emploi chuta de 70% et de nombreux travailleurs forcés furent reconduits dans leurs villages. La dépression économique des années trente permit donc aux congolais d’échapper au travail forcé

Seconde guerre mondiale et montée du nationalisme

La seconde guerre mondiale commença en 1939, rapidement la Belgique fut vaincue par les troupes allemandes, Le 28 mai 1939, le Roi Léopold III capitule et est fait prisonnier. Les colons belges cependant refusent la suzeraineté Nazi, et font alliance avec le Royaume -uni.

Le Congo passe alors dans la zone sterling, tandis que la Belgique sombre dans la misère (chômage, déflation, pénurie). Le Congo était maintenant dirigé de facto par Londres.

La protestation anti-coloniale (chez les soldats, les paysans et les « évolués ») redoubla car l’effort de guerre des populations congolaise fut lourd.

L’administration coloniale recourut au travail forcé dans les plantations d’hévéas pour fournir du caoutchouc pour les pneus des véhicules des alliés. Les soldats congolais commandés par des officiers belges participèrent au combat en Ethiopie contre l’Italie fasciste, en Égypte contre l’armée allemande et en Birmanie contre les Japonais.

La Belgique occupée par les Nazis, collaboratrice et le monde occidental avaient, après la Seconde Guerre Mondiale, perdu beaucoup de prestige à leurs yeux.

En 1940 les Bakongos créent leur mouvement politique l’ABAKO.

En 1941, de graves troubles eurent lieu à Elizabethville.

En 1944, eut lieu l’insurrection de l’ethnie kumu. L’adjudant Karamushi proclama même en février 1944 la fin du mbula matari (l’état colonial).

En mars 1944, des révoltes eurent lieu à Masisi, des grèves et des émeutes les 25 et 26 novembre 1945 à Matadi.

La même année sont crées d’ importants journaux quotidiens comme la Voix du Congolais, la Croix du Congo(sous-titre le Journal des évolués congolais).

En 1944 à Luluabourg des intellectuels avait en effet publié un manifeste pour la reconnaissance et des droits spécifiques pour les évolués(africain ayant terminé dix ans de scolarité). Apparaissent alors deux mouvement, l’un violent des ouvrier, paysans et soldats et l’autre pacifique des intellectuels.

Le 2 septembre 1945 le Japon capitule, la Seconde Guerre mondiale est terminée, les alliés ont gagné.

L’Europe est dévastée, l’Europe occidentale se reconstruit grâce au crédit américain « plan Marshall », c’est donc les États-unis qui dirigent l’Europe et donc également, leurs colonies. Opposés au colonialisme les américains auraient pu donner l’indépendance aux populations congolaises, néanmoins Washington est farouchement opposé à tout régime communiste et sait que la propriété privée n’existe pas dans la culture africaine. Ainsi Washington préfère garder un pouvoir colonial belge, le temps qu’un mouvement africain libéral apparaisse.

En 1946 Joseph Kasa-vubu de l’ABAKO fait un discours sur le droit du première occupant.Les évolués de Léopoldville sont autorisé á s’organiser en confédération générale des syndicats indigènes.On estime à peu prés à 5609 le nombre d’évolués.

Suivront l’abolition du fouet, pour le clergé, les gradés de la force publique et les auxiliaires de l’administration.

Face à ces mouvements nationalistes l’administration belge commence à comprendre qu’il va perdre leur colonie.

La Belgique avait ratifié l’article 73 de la Charte des Nations unies, qui prônait l’autodétermination des peuples.

Les deux superpuissances de l’époque (États-Unis et l’Union soviétique) militaient également en ce sens.

Cependant, le professeur belge Antoine Van Bilsen publia, en 1955, un document intitulé Plan de trente ans pour l’émancipation politique pour l’Afrique belge.

L’agenda prônait une émancipation progressive du Congo sur une période de 30 ans, durée que Van Bilsen jugeait adéquate pour créer une élite intellectuelle qui puisse prendre la place des cadres belges.

Le gouvernement belge et nombre d’« évolués » furent sceptiques par rapport à ce plan, les uns parce qu’il impliquait de perdre le Congo à terme, les autres parce que cette durée leur semblait trop longue.

Un groupe d’« évolués » catholiques répondit positivement à ce plan dans un manifeste publié dans un journal congolais La Conscience africaine, les seules divergences intervenant dans l’importance de la participation congolaise au cours de cette période de 30 ans.

1890 – Années 1950

En 1890, Léopold II avait donné comme gage du prêt consenti par le parlement la dévolution du Congo à la Belgique dans un délai de 10 ans.

En 1895, quand Léopold II eu à nouveau besoin de fonds on débattit encore une fois de l’annexion éventuelle mais cette-fois-ci la Belgique fut réticente.

C’est la campagne internationale menée par le Royaume-Uni qui contraignit la Belgique à prendre possession du Congo. L’administration belge qui lui succéda fit tout pour effacer l’image de Léopold II comme tyran qui massacrait les populations pour s’enrichir.

L’article 3 de la Charte Coloniale du 18 octobre 1908 prescrivait que : « Nul ne peut être contraint de travailler pour le compte et au profit de sociétés ou de particuliers ».

Pour effacer l’image du caoutchouc et des mains coupées, on développa la culture du coton et de l’huile de palme et la cueillette du caoutchouc sauvage fut remplacée par la culture de plantations d’hévéas.

La Congo Reform Association, association britannique qui était à l’origine de la campagne orchestrée contre l’État indépendant du Congo, décida de se dissoudre en 1913, tandis que le Congo livrait 23,000 tonnes de coton en 1932 et 127,000 en 1939.

L’enseignement a été mis en place par des missions chrétiennes privées qui finançaient leurs activités par l’agriculture ou la sylviculture. Par exemple, en 1948, environ 99,6% des structures d’enseignement étaient contrôlées par les missions chrétiennes, 0,4% étaient détenues par des entreprises privées pour former leurs futurs employés.

En 1940, le taux de scolarisation des enfants de 6 à 14 ans étaient de 12% et en 1954 de 37 %, ce qui plaçaient le Congo à l’époque au côté de l’Italie mais ces statistiques cachent un énorme gâchis scolaire: sur douze élèves à l’école primaire, seul un achevait le cycle et de ceux-là, seul 1 sur 6 accédait à l’école secondaire.

Les missionnaires n’étaient évidemment ni pédagogues ni diplômés en lettre ou en science mais diplômés en théologie : leur objectif était plutôt de former des catéchumènes.

Les missions étaient tenues par des prêtres flamands, américains ou scandinaves dont le français n’était pas la langue maternelle.

L’enseignement secondaire destiné aux Congolais était presque uniquement axé sur les études professionnelles ou techniques, ce n’est qu’à partir de 1955 qu’on commence à développer les écoles secondaires (une comparaison peut se faire avec le Cameroun : en 1952, sous le mandat français, il y avait déjà 8,000 élèves dans les écoles secondaires).

Lors de l’indépendance, le Congo disposait cependant de deux universités comptant 466 étudiants blancs et noirs : l’Université Lovanium, fondée en 1954, et l’Université d’Élisabethville créée en 1959. Mais en dehors de ces universités, la ségrégation raciale séparait les enfants blancs et noirs qui fréquentaient des établissements scolaires distincts.

Dans de nombreuses écoles, le fait de parler une langue congolaise était proscrit au niveau secondaire, de même pour la pratique de l’islam.

Au niveau primaire, le Congo belge fut l’une des seules colonies d’Afrique où les langues locales (kikongo, lingala, tchiluba et swahili) furent enseignées, et ceci grâce aux missionnaires.

Les infrastructures sanitaires ont été mises en place par les entreprises pour leur personnel.

Les chemins de fer étaient aussi aux mains d’entrepreneurs privés. Le contrôle de l’administration était dominé par la Belgique, sans organe démocratique pour les habitants.

Le chef de l’État restait en toutes circonstances le roi des Belges, mais la gestion journalière était dévolue au Gouverneur général, employé comme administrateur colonial par le Parlement belge.

Contrairement à la situation dans certaines colonies britanniques et françaises, les colons blancs du Congo n’avaient aucun droit politique. Diverses restrictions affectaient les Congolais.

Dans les villes construites par les colonisateurs, les populations noires étaient refoulées dans les banlieues, souvent organisés en « cités indigènes », tandis que les centres-villes étaient réservés aux seuls Blancs.

Les Noirs n’avaient pas le droit de sortir de leur habitation de 21 h à 4 h du matin. Ils ne servaient en fait que de main d’œuvre au colon ou à l’administration coloniale (serviteur, artisans, mineurs, caissier, mécanicien, etc.).

Les supermarchés, tous situés aux centres villes, leur étaient interdits d’accès : on leur avait juste réservé une petite fenêtre par laquelle ils pouvaient faire leurs achats.

La coexistence entre Blancs et Noirs ressemblait souvent à un apartheid tempéré par les nombreuses missions religieuses. Pauvres pour la plupart, les Noirs étaient souvent victimes de contrôles policiers où ils devaient justifier la possession de leur argent. L’administration choisissait aussi certains Noirs et les obligeait à travailler 120 jours par an gratuitement pour elle.

L’urbanisation du Congo belge était en fait forcée, puisque les autorités déportaient les populations la où elles en avaient besoin.

Dans la Force publique, la police nationale, les Noirs ne pouvaient dépasser le grade de sous-officier. Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs réformes démocratiques furent introduites, mais les complications ethniques entre Congolais n’en permirent pas une bonne application.

Le Congo belge fut l’un des premiers et des principaux exportateurs d’uranium pour les États-Unis au cours de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide grâce à la mine de Shinkolobwe.

1908 – 1914

Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale fût lourde de sens pour le Congo belge car la Belgique était occupée et son gouvernement s’était replié en France. Le Congo belge mena une campagne militaire contre les colonies allemandes au Cameroun et en Afrique orientale allemande. Elle fut couronné de succès, notamment par une éclatante victoire à Tabora.

Le 15 août 1914, les troupes allemandes basées au Ruanda-Urundi bombardèrent les villes riveraines du lac Tanganyika.

Le 22 août, un navire allemand ouvrait le feu sur le port d’Albertville (Kalemie).

Devant cette agression, le ministre belge des Colonies Renkin adressa un télégramme au Gouverneur Général du Congo et au Vice-gouverneur de Katanga ordonnant de « prendre des mesures militaires pour défendre le territoire belge… prendre les Belges seuls ou en coopération avec les troupes alliées ». Les belgo-congolais répliquèrent le 18 avril 1916.

Les troupes étaient dirigées principalement par le général Tombeur, le colonel Molitor et le colonel Olsen.

Elles s’emparèrent de Kigali le 6 mai 1916. Les forces allemandes du Burundi commandées par le capitaine Von Languenn organisèrent une vigoureuse résistance mais ne purent tenir devant la supériorité numérique belge.

Le 6 juin, Usumbura tomba sous les forces belgo-congolaises commandées par le Colonel Thomas. Kitega est prise le 17 juin.

Le Rwanda et le Burundi étaient déjà occupés. Il restait alors les campagnes du Tanganyika (actuelle Tanzanie); la brigade Molitor s’empara ainsi de Biharamuro, puis de Mwanza.

Le colonel Moulaert occupa Karema. La marche sur Tabora commença alors par trois colonnes.

Le 29 juillet, Kigoma et Ujiji furent occupés. Après plusieurs jours de combat acharné, Tabora tomba le 19 septembre 1916.

Les forces britanniques et belgo-congolaises se coalisèrent ensuite pour occuper tout le Tanganyika à partir duquel le Général allemand Von Lettow-Vorbeck forma une résistance extraordinaire.

Il se rendit après l’armistice de novembre 1918. Le Congo utilisa quelques hydravions sur le Lac Tanganyika pour bombarder des navires et des installations allemandes.

L’administration belge avait néanmoins mobilisé 260,000 porteurs pour acheminer le matériel militaire. Cette campagne militaire a, selon de nombreux démographes, profondément dépeuplé le Congo (morts au front, soldats affamés, porteurs épuisés, etc.).

Après la guerre, la Belgique obtint un mandat sur le Ruanda-Urundi.

Un missionnaire belge resté au Congo décrit alors la société noire comme une société dans laquelle « le père est au front, la mère moud du grain pour les soldats et les enfants apportent la nourriture au front ».

 

Kibanguisme et Kakisme

Ces deux mouvements religieux congolais de résistance sont parmi les premières formes de nationalisme du XXe siècle.

Elles naquirent dans les années 1920 sous l’influence des missionnaires protestants américains et par opposition à l’oppression coloniale.

Le fils du chef coutumier Simon Kimbangu, de l’ethnie kongo, baptisé à l’âge de 15 ans, aurait eu, un jour après son baptême, une vision et prédit l’indépendance du Congo et la reconstitution du royaume Kongo.

Il inventa le terme en kikongo dipanda, « indépendance ». Son influence fut accrue par la rumeur qui disait qu’il avait guéri des malades par imposition des mains. S’inspirant de la religion chrétienne, il prit douze apôtres.

Les autorités coloniales le mirent en prison où il resta jusqu’à sa mort en 1951.

Ces amis et sa famille répandirent son message qui eut beaucoup de succès auprès des Kongos.

Simon Pierre M’Padi, de l’ethnie kwango (kikongo), fonda la religion kakiste se réclamant disciple de Simon Kimbangu.

Il mit au point un drapeau représentant sa religion sur lequel on pouvait lire en kikwango Minsion amerika nzila ya m’pulusu.

Recherché par les forces publiques, il se réfugia dans le Congo français où il transmit son message à un certain André Matswa.

Après être arrêté par les autorités françaises, il fut remis aux autorités belges.

La dépression des années 1930

Avec le Congo, la Belgique obtient des matières premières peu chères. L’administration coloniale recruta des travailleurs forcés pour les plantations et pour les mines et imposa même en 1926 la conscription générale.

L’administration coloniale négociait avec les différents dignitaires congolais pour qu‘ils leurs fournissent des hommes comme travailleurs (10 francs par tête). Les chefs politiques se débarrassaient en général des gens qu’ils n’aimaient pas dans leurs communautés. Les travailleurs étaient emmenés jusque dans les mines ou ils travaillaient pour 10 à 15 francs par mois.

Plus de 44,000 travailleurs furent « importés » d’Angola et de la Rhodésie du Nord pour grossir les rangs. De nombreux travailleurs mouraient de fièvre à tiques, de grippe, de pneumonie, d’épuisement ou d’éboulement, à tel point que ce système risquait de dépeupler de nombreuses régions.

Les autorités essaieront de résoudre la crise en imposant des restrictions aux recrutements forcés (par exemple, le décret de 1933 limita en effet à 60 jours la durée du travail forcé dans les plantations), et aussi particulièrement au Katanga en imposant dans les villes minières une force ouvrière permanente et stable, c’est-à-dire transformer les villageois en citadins.

Le crache boursier de 1929 à Wall Street fut le début d’un ralentissement économique mondial. La demande de matières premières des industries s’effondra et le prix des matières premières aussi: le prix de l’arachide passa de 1,25 franc à 25 centimes.

L’économie congolaise, plus tournée vers l’exportation qu’aucun autre pays africain, fut d’autant plus vulnérable lors de cette crise que la Belgique est aussi un grand exportateur à cause de son petit marché intérieur.

Au Katanga, l’emploi chuta de 70% et de nombreux travailleurs forcés furent reconduits dans leurs villages. La dépression économique des années trente permit donc aux congolais d’échapper au travail forcé.

Seconde guerre mondiale et montée du nationalisme

La seconde guerre mondiale commença en 1939. La Belgique fut vaincue rapidement par les troupes allemandes. Le 28 mai 1939 le Roi Léopold III capitule et est fait prisonnier.

Les colons belges cependant refusèrent la domination Nazi, et firent alliance avec le Royaume-Uni. Le Congo passe alors dans la zone sterling, tandis que la Belgique sombre dans la misère (chômage, déflation, pénurie). Le Congo était maintenant dirigé de facto par Londres.

La protestation anticoloniale (chez les soldats, les paysans et les « évolués ») redoubla car l’effort de guerre des populations congolaise fut lourd. L’administration coloniale recourut au travail forcé dans les plantations d’hévéas pour fournir du caoutchouc pour les pneus des véhicules des alliés.

Les soldats congolais commandés par des officiers belges participèrent au combat en Éthiopie contre l’Italie fasciste, en Égypte contre l’armée allemande et en Birmanie contre les Japonais.

La Belgique occupée par les Nazis et le monde occidental avaient après la Seconde Guerre Mondiale, perdu beaucoup de prestige à leurs yeux. En 1940 les Bakongos créèrent leur mouvement politique l´ABAKO.

En 1941, de graves troubles eurent lieu à Élisabethville. En 1944, l’ethnie kumu s’insurgea. L’adjudant Karamushi proclama même en février 1944 la fin du mbula matari (l’état colonial).

En mars 1944, des révoltes eurent lieu à Masisi, des grèves et des émeutes les 25 et 26 novembre 1945 à Matadi. La même année sont crées d´important quotidien comme, la Voix du Congolais, la Croix du Congo (sous-titre le Journal des évolués congolais). En 1944 à Luluabourg des intellectuels avait en effet publié un manifeste pour la reconnaissance et des droits spécifiques pour les évolués (africain ayant terminé dix ans de scolarité). Apparaissent alors deux mouvements, l´un violent des ouvriers, paysans et soldat et l’autre pacifique des intellectuels. Le 2 septembre 1945 le Japon capitule et la Seconde Guerre mondiale fut terminée. L´Europe était dévastée, l´Europe occidentale se reconstruit grâce au crédit américain, c’est donc les États-Unis qui dirigèrent l´Europe et donc également, leurs colonies. Opposés au colonialisme les américains auraient pu donner l´indépendance aux populations congolaises, néanmoins Washington est farouchement opposé à tout régime communiste et sait que la propriété privée n´existe pas dans la culture africaine. Ainsi Washington préfère garder le pouvoir colonial belge, le temps qu´un mouvement africain libéral apparaisse. En 1946 Joseph Kasa-Vubu de l’ABAKO fait un discours sur le droit du premier occupant. Les évolués de Léopoldville sont autorisés à s´organiser en confédération générale des syndicats indigènes. On estime à peu prés à 5,609 le nombre d´évolués.

Suivront l´abolition du fouet, pour le clergé, les gradés de la force publique et les auxiliaires de l´administration. Face à ces mouvements nationalistes l´administration belge commença á comprendre qu´il perdait sa colonie. La Belgique avait ratifié l’article 73 de la Charte des Nations unies, qui prônait l’autodétermination des peuples.

Les deux superpuissances de l’époque (É.-U. et Union soviétique) militaient également en ce sens.

Cependant, le professeur belge Antoine Van Bilsen publia, en 1955, un document intitulé Plan de trente ans pour l’émancipation politique pour l’Afrique belge.

L’agenda prônait une émancipation progressive du Congo sur une période de 30 ans, durée que Van Bilsen jugeait adéquate pour créer une élite intellectuelle qui puisse prendre la place des cadres belges.

Le gouvernement belge et nombre d’« évolués » furent sceptiques par rapport à ce plan, les uns parce qu’il impliquait de perdre le Congo à terme, les autres parce que cette durée leur semblait trop longue. Un groupe d’« évolués » catholiques répondit positivement à ce plan dans un manifeste publié dans un journal congolais La Conscience Africaine.

Les glorieuses années 50

Dès la fin de la deuxième guerre mondiale, l’Europe de l’Ouest se reconstruit grâce au plan Marshall, le Congo devait lui fournir les matières premières.

De 1950 à 1958, l’indice du salaire du travailleur congolais passe de 100 à 237 pour une augmentation du coût de la vie de 20%.

Durant la même période, les colons blancs sont plus prospère que les habitants de métropole, par exemple il importe des frigidaires en ligne directe des États-Unis.

Avec la fin des guerres mondiales se produit une fort accroissement démographique, la population augmente alors de 2 % par an.

Les populations africaines, beaucoup plus occidentalisées qu’il y a 40 ans, acceptent le papier-monnaie et abandonnent les croisettes ou le troc.

Pour cela elles se ruent vers les villes pour trouver du travail.

Nombreux se dirigent à Stanleyville (Kisangani), Elisabethville (Lubumbashi), Jadotville (Likasi) et surtout Léopoldville (Kinshasa).

Les hommes venus de provinces pour chercher un travail renvoient une grosse partie du salaire à leur famille restée au village.

La croissance démographique commence à dépasser la croissance du PIB et le chômage s’installe dans les cités indigènes, quartier noirs, des villes. Les bidonvilles foisonnent.

Face à cela, la Belgique met en place des allocations chômage: les fonds du roi.

Suite à la guerre d’Indochine et à la création de l’union française en 1946, le professeur belge Antoine Van Bilsen publia, en 1955, un document intitulé Plan de trente ans pour l’émancipation politique pour l’Afrique belge.

L’agenda prônait une émancipation progressive du Congo sur une période de 30 ans (Van Bilsen dira en 1980 lors du 20eme anniversaire de l’indépendance à la RTBF que c’était un appel à un plan).

Le cardinal congolais Malula rédigea alors le manifeste de « conscience africaine » comme réponse à Van Bilsen et accepta l’indépendance prévue pour 1985.

Mais le séminariste Kasa-Vubu rédigea alors aussi son manifeste, “le manifeste de l’ABAKO » qui réclamait l’indépendance immédiate.

Face à ces événements l’administration belge commença alors à préparer lentement sa colonie vers l’indépendance.

En 1954 fut créé l’université Lovanium. À partir de 1955, on commença à construire des écoles secondaires laïques.

En 1955 le roi Baudouin (mwana kitoko, le beau gosse) accomplit un voyage au Congo pour apaiser le nationalisme congolais.

Si les partis politiques sont autorisés dés 1956 ils sont souvent parrainés par des partis politiques belges, ainsi l’amicale libérale (Lumumba) et l’amicale socialiste (A. Ngavulu).

Des partis communistes clandestins mais toujours à bases ethniques dotés de faction armés seront crées avec le soutien de l´union soviétique.

Lumumba se détachera de l’amicale libérale pour se tourner vers des thèses plus socialistes et fondera le MNC.

En 1957 les congolais pouvaient pour la première fois participer aux élections municipales.

Les bourgmestres noirs avaient tous des conseillers belges.

L’ABAKO

L’association d’origine ethnique ABAKO (ou Association des Bakongo), dirigée par le futur président Joseph Kasa-Vubu, décida de prendre ses distances avec le plan Van Bilsen.

En partie parce que nombre d’« évolués » catholiques qui signèrent le manifeste de la Conscience Africaine ne faisaient pas partie de l’ethnie Kongo où l’ABAKO gagnait ses partisans, mais aussi parce que l’ABAKO prônait des idées plus radicales: l’ABAKO demandait l’accession immédiate à l’indépendance.

L’organisation consolida son implantation dans le Bas-Congo et Léopoldville dans les années qui suivirent. Vers le début de 1959, le Bas-Congo échappait au contrôle des autorités belges, l’ABAKO prônant la désobéissance civile pacifique.

Les autorités belges interdirent l’ABAKO le 4 janvier 1959, ce qui jeta des nombreux congolais dans la rue à Léopoldville.

Armés de pierre, ils attaquèrent les colons blancs avec un seul slogan « dipanda, dipanda » (indépendance).

La force publique répliqua en ouvrant le feu faisant des centaines de morts: Le 12 janvier, Kasa-Vubu fut arrêté et emprisonné pour deux mois.

Le 20 Janvier le roi Baudouin annonça la volonté belge de conduire les populations congolaise à l’indépendance.

Le MNC

En parallèle se constitua le Mouvement National Congolais (qui ne fut officiellement constitué qu’en 1956).

Le MNC était dirigé par le charismatique futur Premier Ministre Patrice Lumumba et prônait la création d’un territoire national unique après l’indépendance.

Le mouvement fut rapidement structuré en quatre sections liées à quatre provinces (des six existantes).

En 1959, une scission intervint, précipitée par Albert Kalonji et d’autres cadres du MNC souhaitant une politique plus modérée que celle prônée par Lumumba.

Ce groupe fut rapidement dénommé Mouvement National Congolais-Kalonji. Malgré les divergences dans le parti, la faction gauchiste de Lumbumba (dénommée Mouvement National Congolais-Lumumba) et le MNC dans son ensemble avaient réussi à s’imposer comme le plus important et le plus influent parti du Congo belge.

La Belgique vit d’un mauvais œil la montée de Lumumba et de ses idées gauchiste, et y vit une menace pour ses intérêts économiques sur le territoire. Le MNC remporta cependant clairement les premières élections au Congo. Cela força les belges à nommer Lumumba Premier Ministre.

La Conakat

La Confédération des Associations du Katanga (Conakat), dirigée par Moïse Tshombé.

Se définissant comme « d’authentiques Katangais », les militants de la Conakat provenaient essentiellement des ethnies Lunda Yeke et Basongye du Sud Katanga, connus pour leurs inimitiés à l’égard des immigrants Luba du Kasaï, pour la plupart employés dans les mines.

La victoire décisive remportée par ces « étrangers » aux élections communales de 1957 aiguisa encore l’agressivité des dirigeants de la Conakat envers les immigrants du Kasaï, tout en favorisant les rapprochements avec les colons et les « Katangais authentiques ». Une autre menace fit jour pour la Conakat au nord du Katanga, non de la part des Lubas immigrés, mais de Lubas historiquement présents dans le Nord-Katanga.

Dirigés par Jason Sendwe, ils créèrent leur propre mouvement politique, l’Association des Baluba du Katanga (Balubakat), qui se coalisa rapidement avec la branche lumumbiste du MNC.

Malgré les affinités entre les deux groupes, les Lubas du Kasaï suivaient le mouvement de la Fédération du Kasaï (Fédéka), proche du MNC-Kalonji.

Dès lors, l’alliance entre la Balubakat et le MNC-Lumumba, comprenant nombre de Luluas, n’avait que peu de chances de trouver un écho auprès de la Fédéka.

Les divergences entre les Lubas du Katanga et du Kasaï bénéficièrent directement à la Conakat et à leurs partenaires européens.

1959 et 1960 : à grands pas vers l’indépendance

Après les émeutes de Léopoldville et l’incarcération de Kasa-Vubu, 1959 vit la légalisation des partis politiques congolais, suivie par des élections générales pour tout le pays.

L’activité électorale qui s’ensuivit permit de faire émerger trois tendances politiques principales : une coalition de fédéralistes nationalistes, composée de six partis ou organisations, dont l’ABAKO et le MNC-Kalonji, le MNC-Lumumba et finalement l’homme fort du Katanga, Moïse Tshombe, conscient de la vitalité économique de sa province et des intérêts financiers de l’Union Minière (à l’instar de l’intérêt de Kalonji pour l’industrie diamantaire du Kasaï).

En 1960, la table ronde de Bruxelles fut décidée, et se déroula du 20 janvier au 20 février. Les représentants congolais et belges se mirent d’accord sur le principe d’élections nationales dans le courant de l’année.

Au lendemain de la table ronde les transferts de fonds vers l`Europe prenaient une ampleur telle que les politiciens congolais accusèrent la Belgique de « vider la caisse » avant l’indépendance. De violentes émeutes politico-ethniques éclatèrent avant les élections au Katanga, au Kasaï et à Léopoldville (Kinshasa).

Les élections se déroulèrent en mai (élections législatives et provinciales) et virent la victoire des partis « extrémistes » (Créa 10 sièges, PSA-Gizenga 13, MNC 74, total des sièges=137 sièges) (importance de l’ABAKO). Joseph Kasa-Vubu fut élu président par le Parlement et Lumumba fut désigné Premier ministre.

Dans son livre intitulé, Lumumba’s Congo : Roots of Conflicts, Okumu (1963) avance que certains problèmes que rencontre la RDCongo trouvent leurs origines dans la manière dont le pays a été administré pendant la période coloniale. En effet, depuis sa création en 1885 par les politiciens colonialistes européens, le Congo continue d’être une vache au lait dont seule une très petite fraction des congolais jouit de ses richesses.

La majorité des congolais souffrent terriblement.

Ceux qui se soucient du bien-être de la majorité de congolais se posent souvent la question de savoir pourquoi tant de problèmes au Congo? Quand est-ce que le Congo va-t-il décoller? A quand la fin de la crise politique, sociale et économique ? Ces questions sont importantes, car pour soigner une maladie il faut en connaitre les causes. Parfois, il nous faut saisir notre courage avec nos deux mains et saisir le taureau par ses cornes pour interroger le passé. Interroger le passé pour comprendre le présent afin de préparer l’avenir de nos enfants est un exercice obligatoire. Faute de faire un diagnostic correct, nous risquons de tourner en rond alors que les années passent et que le monde mondialisé et compétitif ne cesse de nous apporter de nouveaux défis qui compromettent notre survie. Examiner le passé ne veut pas dire que l’administration coloniale belge porte seule la responsabilité de tous les maux que nous sommes en train de vivre.

Notre culture joue une plus grande part dans notre stagnation.

L’ examen du passé voudrait rétablir la responsabilité et insister que seuls les congolais doivent se sentir les premiers responsables à rechercher les voies et les moyens de trouver des solutions à leurs problèmes.

Celui qui veut résoudre les problèmes du Congo sans examiner le passé ressemble à un charlatan qui pose son oreille sur le ventre du patient pour diagnostiquer les maux de ventre chroniques dont souffre ce dernier.

Dans Lumumba’s Congo : Roots of Conflicts, Okumu (1963) avance que certains problèmes que rencontre la République Démocratique du Congo trouvent leurs origines dans la manière dont le pays a été administré pendant la période coloniale.

L’analyse d’ Okumu, ancien étudiant de l’Université de Harvard, révèle que la Politique et l’Administration belges au Congo s’étaient appuyées sur cinq principes ou stratégies colonialistes afin de démembrer les royaumes et les empires traditionnels, créer un nouvel espace nommé le Congo et mettre les habitants à genou.

Après l’indépendance, le système administratif du nouveau Congo n’a pas beaucoup changé.

Selon Okumu, les cinq principes de l’administration belge au Congo sont:

-1. Isoler le Congo et les congolais du reste du continent;

-2. Instaurer le matérialisme sans progrès social, ni vision politique ;

-3. Séparer les ‘races’, ‘Blanc’ et ‘Noir’;

-4. Gérer la colonie à distance, et

-5. Administrer le Congo par une centralisation à outrance. J’examine chaque point à tour de rôle. Avant de tirer la conclusion, je vais ajouter un sixième principe.

*-Le premier principe : Isoler le Congo et les congolais du reste du continent et du monde. Ainsi faisant, les belges voulaient s’assurer que les idées nationalistes ne pouvaient pénétrer la colonie où les belges voulaient rester indéfiniment.

L’administration belge utilisait tous les moyens pour éviter la pénétration des idées révolutionnaires pouvant réveiller la conscience nationale capable de réclamer l’indépendance du pays un jour.

A l’intérieur du pays, les colonisés ne pouvaient circuler vers les grandes villes qu’avec un permis de circulation ou une forme de ‘visa’.

Bien plus, les congolais étaient forcés de rester dans leurs villages pour y cultiver le coton, le café ou d’autres produits agricoles leur imposés par les colons belges qui en fixaient les prix.

C’est grâce aux guerres européennes, connues à tort ou à raison comme ‘Guerres Mondiales 1914-1918 et 1940-1945’, que les congolais ont commencé à sortir du pays et de l’isolement pour revenir avec des idées nouvelles.

En empêchant les congolais de sortir, l’administration belge croyait éviter l’infiltration des mouvements nationalistes qui revendiqueraient l’indépendance du Congo.

Mais, lorsque le vent de la décolonisation souffla, aucune puissance coloniale ne pouvait résister le mouvement des indépendances.

Après l’indépendance du Congo, les gouvernements qui se sont succédé ont fait quelques progrès dans ce domaine, mais ils n’ont pas favorisé la sortie de congolais, exception faite aux privilégiés des régimes qui ont obtenu ou obtiennent des bourses et des missions à l’étranger.

En général, les congolais n’ont pas l’accès facile aux passeports coûteux et rares, moins encore au visa.

Les congolais qui sortent du pays doivent le faire dans l’humiliation, à leur risque et péril.

Ils empruntant souvent des voies qui discréditent le prestige et l’honnêteté du congolais.

Et pourtant, les Congolais doivent pénétrer l’Occident en particulier et le monde entier en général en toute liberté, car le Congo a donné beaucoup au monde en termes de ressources humaines et matérielles.

Les Congolais ne doivent pas occuper l’espace mondial seulement comme des musiciens, ni uniquement occuper les places dans le leadership des églises. Les congolais honnêtes et travailleurs doivent envahir le monde entier comme enseignants, professeurs d’universités, médecins, avocats, ingénieurs, pilotes, politiciens et journalistes.

Les Congolais honnêtes et travailleurs ont beaucoup de valeurs à donner au monde tel que notre ‘bumuntu’, ou ‘umutu’ ou encore ‘ubuntu’ et notre savoir faire.

Nos gouvernements devraient opter pour une politique d’ouverture mondiale pour faciliter la sortie de congolais vers les autres pays.

*-Le deuxième principe colonial consistait à instaurer le matérialisme sans progrès social, ni vision politique.

L’Administration belge s’investit dans l’instauration d’une classe moyenne composée des travailleurs subalternes formés pour exécuter les ordres, faire des petits métiers de menuisiers, maçons, charpentiers, mineurs, commis de bureaux, petits commerçants, et autres petites occupations sans leadership.

Les congolais devaient travailler sous la supervision du ‘patron’ belge ou européen. Même pour faire leurs propres lits, nos mamans congolaises devaient apprendre cela des maitresses ou des religieuses européennes.

La majorité de congolais formés pour devenir la classe moyennes ou des évolués était concentrée dans les villes et centres urbains nouvellement créés.

Les membres de cette classe étaient formés avec le but précis de les pousser à penser exclusivement en termes d’argent ou en termes de gains matériels.

Un grand musicien de l’époque au Katanga illustre cette mentalité lorsqu’il chantait mélodieusement et innocemment: Furaha ya Katanga iko wapi ba bwana ? Kuvala, kulala, kunywa. Cela veut dire,

‘Messieurs, en quoi consiste la joie au Katanga ?

S’habiller, dormir, boire (la bière Simba ou Tembo).’

Leçon bien comprise ! Vision très courte !

Les membres de cette classe considéraient toute chose en termes d’argent et de joie éphémère; ils étaient formés à penser que les richesses matérielles étaient une fin en soi.

Cette catégorie de congolais n’était pas formée pour avoir une vision politique pour la gestion du pays. Les belges construisirent des brasseries pour les congolais, mais pas une seule bibliothèque publique.

Le système scolaire belge favorisait le cycle primaire pour les garçons, avec un système scolaire qui ne développait pas l’esprit critique (critical thinking) ni les aptitudes à résoudre les grands problèmes (problem solvong skills).

Les congolais étaient tellement orientés vers les gains matériels qu’il ne leur restait plus de temps d’organiser leurs vies sociales avec de projets de développement.

Toutefois, il faut dire que notre culture africaine a beaucoup facilité la tache aux belges.

Notre culture ne favorise pas non plus l’esprit critique, car les paroles des parents ou des chefs ne sont pas négociables.

La culture africaine ne permet pas de s’opposer aux dirigeants, et ne laisse pas une place pour critiquer les idées des ceux-ci.

La voix du peuple dans la culture africaine était très importante, mais lorsque le parent, ou le chef ou le roi a parlé, il n’y a plus de place à la négociation.

L’éducation traditionnelle africaine insiste sur conservatisme, le conformisme et la stagnation ou l’état statique des choses. Elle ne cherche pas à améliorer les idées ou la situation. Elle se contente de s’accommoder.

Par contre, la culture occidentale est dynamique (parfois trop dynamique) et laisse une place pour les opinions ou la négociation en famille ou dans les lieux de travail ou en politique.

Pour revenir aux principes de l’Administration belge, signalons que les opportunités et les initiatives étaient la prérogative de l’administration belge et de l’église catholique.

Ces deux institutions étaient les organes principaux autour des quels les activités sociales étaient organisées.

Il ne restait pas une place pour la liberté d’expression de l’esprit congolais ou Africain.

C’était le vrai paternalisme. Les grandes décisions étaient faites pour les congolais sans les congolais.

Les belges traitaient les congolais comme des petits enfants. Les congolais qui travaillaient dans les maisons des ‘ Bwana’ étaient appelés’ boy’, c’est- à-dire, garçon, quelque soit l’âge.

Même au lendemain de l’indépendance du Congo, un grand responsable belge s’adressa aux politiciens congolais et déclara: «Nous sommes devenus frères, mais sachez que nous sommes vos grands frères!»

L’attitude de certains politiciens belges et français de nos jours est restée presque la même envers les leaders congolais, celle de donneurs de leçons en bon paternalistes.

Les propos de certains politiciens belges étaient/sont caractérisés par l’arrogance, le complexe de supériorité et le traitement des congolais comme des bébés perpétuels.

Après l’indépendance, jusqu’à nos jours beaucoup de congolais qui accèdent au pouvoir ne voient le succès qu’en termes d’argent.

Point n’est besoin de fournir des exemples, car ce qui se passe en République Démocratique du Congo à tous les niveaux suffit pour illustrer nos propos. Notre malheur est que les politiciens du ventre, les millionnaires du dimanche: les dirigeants actuels ne savent même pas leurs faiblesses.

A propos de l’attitude de congolais envers leurs subalternes, il y n’y pas grand changement.

Encore de nos jours, certains compatriotes utilisent leurs frères et sœurs comme des domestiques qu’ils ne paient même pas convenablement.

*-La troisième stratégie belge était la séparation raciale entre ‘Blanc’ et ‘Noir’. Ce troisième principe était fondé sur la pratique de l’apartheid pratiqué en Afrique du Sud, séparation entre les ‘Blancs’ et les ‘Negres’.

Les relations entre les deux groupes n’étaient pas importantes aux yeux du colonisateur.

Les barrières formelles et informelles formaient les murs de séparation sociale entre ‘Blancs’ et ‘Noirs’ dans les résidences, les écoles, les hôpitaux, les toilettes, les sports, et même les cimetières.

Bien entendu, il y a eu quelques « bons » belges qui faisaient l’exception et qui se montraient humains envers les congolais.

En outre, dans ce principe, la colonisation forma une classe des évolués pour servir d’intermédiaire entre le colonisateur et le colonisé.

Les évolués commencèrent à se révolter contre l’apartheid belge quoique préférant imiter le style de vie du maître en méprisant la culture de leurs ancêtres.

Avec les évolués, commença le mépris de la culture, langues, aliments africains et tout ce qui est congolais ou africain.

Après l’indépendance du Congo, la séparation sociale entre les dirigeants congolais et le reste de la population congolaise se voit nettement non pas seulement par les quartiers habités, mais par la manière de parler le français et rouler le ‘R’ comme à Paris ou en Bruxelles, la soif d’avoir les voitures de luxe, le dégoût et le mépris des produits congolais : chaises, lits, fruits… ; tout doit venir de l’Afrique du Sud, des occasions d’Europe ou de l’Asie pour se distinguer du congolais ordinaire.

Certains Congolais pratiquent le même apartheid contre leurs frères et sœurs congolais mais la seule différence est la couleur de la peau. Cette appellation rend les Congolais fiers par ce qu’ils ont bien remplacé le régime colonial belge tel qu’il était institué.

*-Le quatrième principe : Gérer la colonie à distance ou la gestion par télécommande.

Le quatrième principe était la gestion séparée du Congo de celle de la Belgique. Mais les deux pays avaient une personne qui s’était autoproclamé roi de deux royaumes.

La gestion été faite à partit de la Belgique. A l’intérieur du Congo il n’y avait pas d’opérateurs économiques ni de leaders religieux ou politiques pour s’opposer à cette gestion télécommandée à partir de Bruxelles.

Après l’indépendance, peu de progrès ont été réalisés, mais comme pendant la période coloniale, le Congo est géré à partir de l’extérieur.

C’est de l’extérieur que l’on organise et finance nos élections, que l’on conçoit les solutions aux conflits nous imposés, que l’on conçoit nos projets de développement et les programmes pour nous apprendre la bonne gouvernance, la pratiquer de la fameuse démocratie ; tout cela est télécommandé de l’extérieur, à partir de Paris, Londres, Bruxelles, New York, Washington.

Les Congolais ne bougent pas.

Ils se plaignent sous le lit de peur d’être trahis par leurs propres frères, de peur de succomber sous l’épée des maitres du monde, de peur d’offenser les ancêtres.

Les congolais acceptent tout, croient tout, sauf la liberté de s’affranchir !

*-Enfin, la cinquième stratégie consistait à administrer le Congo par une centralisation à outrance.

Le Congo était gouverné à partir de Bruxelles. Les experts dans les questions congolaises n’étaient ni consultés ni utilisés.

De même après l’indépendance, les dirigeants basés à Kinshasa se soucient très peu de l’intérieur du pays, comme Léopold II qui ne mit jamais ses pieds dans son royaume congolais.

Contrairement à Léopold II qui avait quand même réussi à mettre l’ordre et la sécurité dans sa boutique Congolaise pour ses intérêts, les dirigeants congolais depuis l’indépendance n’ont pas mis en place un système efficace pour mettre de l’ordre et maintenir la sécurité et l’autorité de l’Etat dans les villages du pays.

On sent la présence de l’Etat congolais dans les grandes villes du pays. Mais, plus on avance dans l’intérieur du pays, plus l’autorité de l’Etat disparait. 50 ans après l’indépendance, la question de la décentralisation est toujours à l’ordre du jour, mais jamais résolue.

Pour construire une école ou une route à Moba, il faut une signature qui vient de Kinshasa.

Souvent cette signature ne vient jamais. Elle ne viendra jamais.

Les politiciens congolais ne se servent pas des résultats de recherches obtenus par nos chercheurs congolais.

On fait les recherches pour les envoyer moisir dans les tiroirs.

Léopold II avait efficacement utilisé les philosophes, anthropologues, sociologues, administrateurs européens pour réussir son entreprise.

Au Congo, les politiciens sont à la fois au four et au moulin ou ils sont juges et partis.

*-Le sixième principe que nous ajoutons aux cinq principes précédents était la destruction systématique de la culture africaine.

L’administration, les écoles, les églises occidentales avaient pour mission sacrée la destruction de toutes les valeurs africaines pour les remplacer par les valeurs occidentales.

C’est ainsi que nos langues, nos noms ont été brutalement repoussés à la périphérie. Religions ont été condamnées comme du paganisme alors que c’est de l’Afrique que sont nés les grands théologiens comme Saint Augustin et les autres qui enrichirent la pensée de l’église occidentale en y apportant la pensée africaine.

Après, l’Indépendance, nos écoles sont restées une copie certifiée conforme des programmes coloniaux.

Au lieu d’adapter les programmes scolaires à la vie des enfants congolais, ce sont congolais qui s’adaptent aux programmes d’héritage colonial.

Les petites reformes timides qui ont été faites n’ont pas réussi à faire une véritable refonte de notre enseignement.

L’école congolaise n’est pas encore une école dans la vie pour la vie au Congo.

Même au plan quantitatif, avec plus de quatre millions d’enfants scolarisables, mais privés l’accès à l’école selon le rapport conjoint de la Banque Mondiale et le RD Congo (2005), le Congo est vraiment en difficulté. Encore une fois, les gouvernements qui se sont succédé ne semblent pas voir la gravité du problème. Les problèmes sont comme des grossesses, plus on attend, plus ils grossissent.

Les systèmes instaurés par la colonisation belge pour administrer le Congo continuent d’être en application au Congo indépendant jusqu’à ce jour. Toutefois, nous sommes fiers de nos pères qui ont reconquis notre indépendance.

Ils ont réussi à arracher l’indépendance politique nominale des mains des belges. Quelques progrès ont été réalisés, mais ils viennent à pas de tortue.

Cependant, les grandes questions politiques, économiques, éducationnelles et culturelles échappent encore à nos dirigeants congolais.

Un pays né de démembrement de différent royaumes et empires méchamment détruits ne peut être réunifié sans une langue commune, sans une culture et une vision communes.

Le Congo se développera en utilisant en encourageant l’apprentissage et la maitrise de nos langues vernaculaires. Les chinois sont venus au Congo, grâce aux contrats léonins, avec des plans de leurs contrats écrits en Mandarin, l’une des langues officielles de la Chine.

Qu’est-ce que cela nous dit ?

Rien ! En ce qui concernent nos cultures, certaines d’entre elles s’excluent et ne regardent pas dans la même direction.

Les historiens comme Davidson et William Chancellor disent que le démembrement de l’Afrique consistait à isoler les ethnies alliées en le partageant entre les puissances coloniales, tandis que les ethnies qui se battaient ont été forcées de former un pays.

Un tel partage était fait peut-être intentionnellement pour affaiblir l’Afrique.

Lorsque le Congo est devenu indépendant, aucun effort n’est fait pour obtenir une unité culturelle pour la majorité de congolais.

Le régime du feu président Mobutu avait essayé avec la philosophie de l’authenticité, mais il lui manquait les méthodes, la persévérance et la conviction morale intérieure.

Sur le plan de l’administration du territoire, l’ordre dans le pays est presqu’inexistant, bien sûr cela dépend de celui qui voit. A la suite de la situation qui se dégrade au jour le jour, il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il n’existe pas un plan A, plan B, plan C et même un plan D dans la résolution des problèmes congolais.

On voit mal comment cet immense territoire qu’on appelle République Démocratique du Congo va s’en sortir face aux rapaces, vautours et prédateurs en tous genres.

Il faut beaucoup de foi pour croire en l’avenir du Congo. Voir et comprendre les problèmes est une chose, car pour résoudre ces problèmes, les défis se situent au niveau du conservatisme.

La solution des problèmes congolais sera confrontée à la résistance des occidentaux non par simple méchanceté, mais par la tendance naturelle humaine de conserver ses acquis.

A tout cela, ajouter les difficultés financières qu’exigent toute reforme et surtout les désirs de vautours du monde mondialisé qui regardent le Congo comme un gâteau trop facile à se partager.

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Commentaires

1. Le vendredi 4 décembre 2009 à 01:17, par Wakumpula

Rappelons que l’histoire de la RD Congo est subdivisé en trois périodes. La première période débute à la conférence de Berlin de 1885. Comme l’a écrit le professeur Gérard Buakasa, la conférence de Berlin est comparable à une partie de chasse dans laquelle l’Afrique est comme un gibier, un éléphant par exemple, est abattu, dépécé et partagé entre les chasseurs. Le Roi Léopold II se taille la part du lion et obtient à titre personnel la propriété d’un immense domaine qui porte un nom royalement trompeur de l’État indépndant du Congo.

La deuxième période débute en 1908. L’histiore officielle nous apprend que, à cause du régime de terreur sur les populations congolaises et pour détourner les convoitises anglaises et francaises, la Belgique reprend l’État indépendant du Congo qui devient une colonie sous le nom Congo belge.

Le verbe reprendre peut donner l’illusion que le Roi Léopold II a été sanctionné à cause de la terreur exercée sur les populations congolaises.

La réalité est que à cause de l’indignation soulevée dans l’opinion publique de l’époque, le Roi LéopoldII a vendu son domaine privé à la Belgique.

Le montant de la transaction entre la Belgique et son souverain s’élevait 95,5 millions. Ce qui est curieux dans cette transaction c’est que ce n’est pas la Belgique qui a pris en charge la totalité de ce montant pour acquérir l’immense domaine de 2 345 000 km2.

La Belgique a pris en charge 45,5 millions.

Quid les 50 millions restant? Imaginez-vous que c’est le Congo qui a pris en charge ce montanr pour se constituer Colonie belge.

Le fonds à charge du Congo, de 50 millions, était à verser en 15 annuités au Roi ou ses successeurs en temoignage de gratitude pour ses grands sacrifices en faveurs du congo créé par lui.

Quel est le bénéfice que les populations congolaises ont tirées de ces ces trois périodes de l’histoire de la RD Congo?
Si l’occupation du Congo a été tout bénéfice pour ses occupants. Ce n’es pas du tout le cas pour les populations congolaises

De 1885 à 1908: État indépendant du Congo: LA TERREUR
De 1908 à 1960: Colonie belge : LA TERREUR
DE 1960 à 2010: RD CONGO : LA TERREUR

Trop c’est trop. IL EST TEMPS QUE LES PATRIOTES CONGOLAIS METTENT FIN À CET ESCLAVAGE QUI N’EN FINIT PAS. DRESSONS NOS FRONTS METTONS FIN À LA TERREUR.C’EST PAR LA LUTTE QUE NOUS Y PARVIENDRONS. NOTRE HISTOIRE MONTRE QUE PERSONNE NE NOUS FERA DE CADEAU

2. Le vendredi 4 décembre 2009 à 05:07, par Paul

C’est un article tres educatif. Les six principes sont malheureusement vrai. La these de Mr. Okumu selon laquelle certains maux ou problemes que souffrent le Congo actuellement ont leur racines dans la periode coloniale est vraie. C’est meme la copie conforme et voire l’amplification ou la degeneration. Je n’ai pas encore lu ce livre (Lumumba’s Congo : Roots of Conflicts, Okumu (1963) mais je vais le lire car je crois qu’il corroborerait ce que l’auteur Americain Adam Hochschild a ecrit ( King Leopold’s Gosh: A story of Greed, Terror, and Heroism in Colonial Africa. Quand un congolais lit ce livre , il peut changer sa facon de voir la politique. Et je me demande si un politicien congolais lit ce livre, il ne manquera pas a s’identifier avec Leopold II et son systeme. avanceL’historien congolais Ch. Didier Ndongala donne un tres succint resume de l’histoire politique de notre pays, de 1885- 2001, dans son livre The History of Congo.
Malheureusement que les gens comme les Freddy se trouvebnt a l’etranger car il faut etre au pays et former la conscience politique de nos jeunes dans les etablissements universitaires comme l’ecole de journalisme et repandre de telles pensees dans les medias.
Nous allons reconstruire notre pays. Les vautours n’auront pas les derniers mots.

Paul

3. Le vendredi 4 décembre 2009 à 21:50, par SESE

Observons tous le pays d’Afrique après l’indépendance. La situation actuelle du Congo. Où en sommes nous?

4. Le mardi 8 décembre 2009 à 00:28, par José-odé

Cher Freddy,

J’ai tout bêtement envie de te dire merci. Cet article tombe à pic! Il en fallait un de ce genre pour que la jeunesse actuelle comprenne. De Dakar où je suis, la représentation diplomatique de collaboration se prépare à célébrer ce cinquantenaire. Connaissant leur médiocrité intellectuelle, je ne pense pas qu’ils soient capables de fouiller pour sortir tous ces éléments liés à la vraie histoire de notre pays. L’autre qui s’occupe du Benelux, n’a-t-il pas, à l’instar de son chef, imposteur de son état, sanguinaire et serial kyller avéré, encensé le rôle « positif » de la colonisation dans son discours du 30 juin dernier? En tout cas, cet article est très instructif. Bravo. Ode

 

http://www.reveil-fm.com/index.php/2009/12/03/536-le-congo

Posté par rwandaises.com

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