Le Potentiel (Kinshasa)

Pierre Emangongo

Kinshasa — L’arrestation le mardi 2 mars 2010 d’Agathe Habyarimana, la veuve du président rwandais assassiné en 1994, sur la demande de Kigali en vue de son extradition, s’appuie sur un dossier «vide», les accusations de génocide à son encontre n’étant pas étayées, a affirmé hier mercredi son avocat.

«Le dossier est vide, il n’y a rien dedans. Il n’y a pas un rapport, pas un compte-rendu, pas un témoignage, rien», a déclaré Me Philippe Meilhac à l’AFP.

Brièvement interpellée mardi, Mme Habyarimana a été présentée au parquet général de la cour d’appel de Paris en vertu d’une demande d’arrestation provisoire du Rwanda en vue de son extradition.

Le mandat d’arrêt international à son encontre vise les chefs de génocide, de complicité de génocide, d’association de malfaiteurs en vue de la commission d’un génocide et de crime contre l’humanité. Kigali doit maintenant présenter une demande formelle d’extradition.

Les faits qui lui sont reprochés par Kigali s’étendent du 1er octobre 1990, date du début de l’offensive de la rébellion du FPR contre le régime Habyarimana, au 9 avril 1994, date de l’évacuation d’Agathe Habyarimana vers la France.

Mais à scruter ce dossier, on se rend vite à l’évidence que Mme Habyarimana est sacrifiée sur l’autel de la normalisation des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda.

Car, lors de sa récente visite à Kigali, le président Sarkozy a reconnu les erreurs de la France ainsi que celles de la Communauté internationale pendant le génocide rwandais de 1994. Il a, cependant, refusé de présenter formellement les excuses au peuple rwandais. Ce refus n’était, en clair, que tactique parce qu’il savait pertinemment qu’il va sacrifier Mme Habyarimana.Acte qu’un analyste considère comme une repentance tacite de la France au peuple rwandais.

Ce dédouanement de la France vis-à-vis du pays de mille collines s’inscrit également dans le contexte de la nouvelle donne dans la région des Grands Lacs où les Anglo-saxons et les Asiatiques ont déjà pignon sur rue. La France qui avait des accointances avec le régime déchu du défunt président Habyarimana n’avait plus de choix sinon celui de s’humilier devant Paul Kagame et reprendre petit à petit son influence dans la région.

 

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Posté par rwandaises.com