A l’invitation des associations IBUKA et UEJF à l’occasion de la 16e commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda mercredi 7 avril 2010, une délégation de Jeunes Socialistes s’est rendue devant le Mur de la Paix à Paris.
Laurianne Deniaud est intervenue pour témoigner du respect des Jeunes Socialistes aux victimes et rappeler le soutien de son organisation aux propositions suivantes:
– Pénalisation du négationnisme pour tous les génocides;
– Levée du secret défense et accès immédiat aux archives pour les historiens;
– Allouer les moyens humains et financiers au pôle judiciaire des crimes contre l’humanité (T.G.I. de Paris);
– Adapter le droit français à la pleine application des statuts de la Cour Pénale Internationale.
Discours de Laurianne DENIAUD
16ème Commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda
Quelques mots pour témoigner de tout notre respect aux victimes, aux familles des victimes et à toutes celles et ceux qui, seize ans après, restent hantés par ces 100 jours où près d’un million d’individus sont morts parce qu’ils étaient Tutsi, prétendu tel, ou encore considéré comme pouvant entraver l’aboutissement du génocide.
Le Mouvement des Jeunes Socialistes tenait tout particulièrement à être présent aujourd’hui car ce qui s’est passé en 1994 nous concerne directement. Le processus qui conduit au génocide, cette déshumanisation de l’homme pour mieux l’exterminer, en Arménie ou en Ukraine, lors de la Shoah, au Rwanda ou au Cambodge est au cœur de chaque génocide. Le génocide est la face obscure de la modernité : ce jeu avec les identités, cette mobilisation des masses, la définition du soi par la haine de l’autre, cette planification et institutionnalisation des massacres n’est possible qu’avec l’état moderne.
Aujourd’hui nous sommes là pour nous souvenir et commémorer mais aussi en tant que responsables politiques afin de dessiner les voies pour apaiser les morts, permettre à justice de se faire et garantir aux historiens d’assurer leur rôle indispensable.
L’impératif de justice est la condition nécessaire pour apaiser les morts et permettre aux survivants et familles de vivre avec le génocide. La France doit y prendre toute sa part. Les moyens humains et financiers doivent être donnés afin que le nouveau pôle judicaire concernant les génocides et crimes contre l’humanité puisse fonctionner. Surtout, il est indispensable que tous les politiques, au-delà de leur appartenance partisane, se mobilisent pour que la France adapte son droit pénal aux statuts de la cour pénale internationale et garantisse, ainsi, qu’aucun génocidaire ne puisse trouver refuge sur le territoire national.
Impératif de justice mais aussi de devoir d’histoire afin de comprendre pour avancer. C’est le rôle dévolu aux historiens de relater la complexité des faits, de mettre en évidence et révéler ce qui n’était pas facilement identifiable. C’est mettre en récit l’indicible et ne pas s’arrêter, comme pris d’effroi, devant l’horreur mais être le médiateur qui permet de faire face à ce que l’homme peut faire à d’autres hommes.
Pour nous français, l’historien doit aussi révéler le rôle qu’ont pu jouer des responsables politiques et l’armée Républicaine qui était à leurs ordres. Aujourd’hui, les politiques doivent permettre aux historiens d’écrire l’histoire en levant le secret défense et en donnant un accès immédiat aux archives.
Je voudrais terminer en évoquant une question qui a toujours fortement mobilisé les jeunes socialistes celle de la lutte contre le négationnisme qui est particulièrement importante au sujet du génocide Tutsi. Le négationnisme ce n’est pas du révisionnisme c’est un acte de génocide, un deuxième meurtre. C’est l’accomplissement ultime du génocide : après avoir assassiné un groupe, l’avoir fait disparaître, tout mettre en œuvre pour qu’en niant le mort on oublie l’existence même de celui qui a été vivant. La France a donc besoin de renforcer son dispositif pénal pour que soit poursuivi tout acte négationniste, quelque soit le génocide et nous soutiendrons toutes les incitatives qui vont dans ce sens.
Enfin, je voudrais terminer en rappelant dans les pas de Nelson Mandela qu’il n’y a aucune fatalité à ce que la haine prévale. Le Président Mandela affirmait que « Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer ».
Posté par rwandaises.com