A l’instar des autres pays d’Afrique, le Mali célèbre ce 25 mai 2010 le 47ème anniversaire de l’Unité Africaine.
Un anniversaire de plus et, presque rien d’autre….
Réunis à Addis Abeba en Éthiopie le 25 mai 1963, les Chefs de Gouvernement et d’Etat ainsi que d’autres représentants de 31 pays africains (Algérie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Côte-d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Gabon, Ghana, Guinée, Kenya, Liberia, Libye, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Ouganda, République centrafricaine, République du Congo, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Tunisie) ont créé l’Organisation de l’unité africaine (OUA) avec comme premier secrétaire général le Guinéen Diallo Telli.
Se fondant sur sept princips à savoir l’Egalité souveraine de tous les Etats membres; la Non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats; le Respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque Etat et de son droit inaliénable à une existence indépendante; le Règlement pacifique des différents, par voie de négociations, de médiation, de conciliation ou d’arbitrage; la Condamnation sans réserve de l’assassinat politique ainsi que des activités subversives exercées par des Etats voisins ou tous autres Etats; le Dévouement sans réserve à la cause de l’émancipation totale des territoires africains non encore indépendants ainsi que l’Affirmation d’une politique de non-alignement à l’égard de tous les blocs, l’OUA vise à « renforcer l’unité et la solidarité des Etats africains ; Coordonner et intensifier leur coopération et leurs efforts pour offrir de meilleures conditions d’existence aux peuples d’Afrique; Défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance; Eliminer sous toutes ses formes le colonialisme de l’Afrique; Favoriser la coopération internationale, en tenant dûment compte de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.
Depuis Addis Abeba 63, quarante sept ans se sont écoulés. L’unité ou l’Union Africaine demeure encore introuvable. Peut-il en être autrement ?
En trente sept ans d’existence (1963-2000), l’OUA, a surtout brillé par la médiocrité.
Certes, elle a contribué à mettre fin à l’apartheid sud africain, à l’accession à leur souveraineté nationale de nombreux pays africains comme le Zanzibar (10 décembre 1963), Malawi (6 juillet 1964), la Zambie (24 octobre 1964), la Gambie (18 février 1965), le Swaziland (6 sept 1968), la Guinée équatoriale (12 octobre 1968) , le Cap Vert (5 juillet 1975), le Comores (6 juillet 1975), Sao Tomé et Principe (12 juillet 1975), le Mozambique (25juillet 1975), l’Angola (11 novembre 1975), Djibouti (8 mai 1977), le Zimbabwe (18 avril 1980), la Namibie ( 21 mars 1990) et l’Erythrée (24 mai 1993). Aussi, l’organisation a largement favorisé la coopération internationale. En cela, l’OUA mérite d’être saluée.
Mais au-delà, force est de constater que l’OUA est passée à côté de la plupart de ses objectifs. Le règne de l’OUA a vu la faillite de la plupart des Etats Africains, désormais incapables de satisfaire aux moindres besoins des citoyens africains. Hélas, elle-même n’a pas longtemps survécu à la faillite de ses Etats qui ont jugé bon de la remplacer par l’Union Africaine en juillet 2000.
L’Union Africaine ne fait guère mieux
Pour autant, les changements se font toujours attendre. L’Afrique est encore en proie à l’autre forme du colonialisme à savoir le néo-colonialisme et le nationalisme étriqué fait encore ravage en Afrique.
L’UA, malgré des efforts perceptibles, ça et là, tarde à réaliser l’intégration africaine effective.
Aujourd’hui la simple circulation des personnes connaît de graves restrictions en Afrique : « Bien que les citoyens de certains pays européens puissent se rendre en Afrique sans visa, les Africains doivent souvent attendre plusieurs semaines avant d’obtenir un visa qui leur permette d’entrer dans un pays voisin, si tant est qu’ils en obtiennent un. »constate M. Ernest Harsch, journaliste à Afrique Relance qui se fait ainsi l’écho de la Société Civile africaine.
En réalité, à l’image de l’OUA, l’Union Africaine se soucie très peu des peuples africains dont les intérêts sont foulés aux pieds à longueur de journée comme l’attestent les « prises de pouvoir non constitutionnelles, d’actes de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité » qui tendent à avoir force de loi chez nous contre le « principe de non-indifférence » dont la défense contre vents et marées a valu au premier Président de la Commission de UA Alpha Oumar Konaré toutes sortes d’hostilités.
C’est dire à quel point l’Union Africaine demeure comme l’OUA un « syndicat de dictateurs », selon M. Tajudeen Abdul-Raheem, Président du Pan-African Movement, une organisation de la société civile basée à Kampala ou « une coopérative d’auto-préservation perpétuelle » pour citer le dramaturge et prix Nobel nigérian Wole Soyinka.
Où est l’Unité africaine ? Elle n’existe nulle part ailleurs que dans les discours de nos Dirigeants et autres théoriciens africains. Or, l’unité ou l’union est d’abord une affaire des peuples dont les intérêts supérieurs doivent être au début, au cœur et à la fin de toute entreprise ou de tout processus d’union.
Le 47ème anniversaire de « l’Afrique Unie » portera-t-il conseil aux Dirigeants Africains qui continuent, comme au bon vieux temps de l’OUA, de « gambader de sommet folklorique en sommet folklorique » selon la belle expression du Président Thomas Sankara ?
Hawa DIALLO
Le 26 Mars
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