Dans une interview exclusive au journal Les Afriques, Nicolas Sarkozy expose sa vision du continent africain, aux antipodes du discours de Dakar. A la veille du Sommet Afrique-France, qui se déroulera à Nice lundi et mardi prochain, le chef de l’Etat français reconnaît la qualité et la fiabilité du système bancaire et financier qui se développe remarquablement en Afrique : «On ne le dit peut-être pas assez, mais l’émergence, ces dernières années, d’institutions financières sérieuses, efficaces et fiables en Afrique constitue une avancée absolument majeure pour le développement du continent.», déclare le président français au journal financier africain.
Interrogé sur les thèses de Dambisa Moyo, la golden girl zambienne qui considère que l’aide au développement est contreproductive et maintient les pays pauvres sous dépendance, Nicolas Sarkozy fait sèchement remarquer que ce n’est pas Goldman Sachs (la banque pour laquelle travaille Mme Moyo) «qui financera la modernisation des agricultures africaines, pour que plus jamais nous ne connaissions les émeutes de la faim.»
Pour le chef de l’Etat, les financiers internationaux ne semblent pas les mieux placés pour parler de développement : « Regardez avec quelle rapidité les marchés financiers se sont fermés aux pays les plus pauvres et les efforts que les acteurs publics ont dû faire pour compenser le retrait des grandes banques internationales ».
En ce qui concerne la démocratie en Afrique, Nicolas Sarkozy se dit en phase avec Michel Rocard : «Je partage pleinement son avis. Ce serait une grave erreur de réduire la démocratie au multipartisme et aux élections. Il s’agit naturellement de deux conditions nécessaires mais qui sont loin d’être suffisantes.». Il s’insurge contre ceux qui pensent que les valeurs des droits de l’Homme sont des concepts occidentaux artificiellement plaqués sur les sociétés africaines «parce que ce sont des valeurs universelles et qu’elles correspondent aux aspirations de tous les hommes.» et rend, à cette occasion, un hommage appuyé «à l’attitude très courageuse de la Cour Constitutionnelle du Niger».
Sur trois pleines pages du journal africain, le président français répond avec précision aux questions de la rédaction, concernant la gestion du Franc CFA, la concurrence des pays émergents comme la Chine ou le Brésil, les réseaux français en Afrique, le transfert de technologie nucléaire, la situation à Madagascar, la France et la jeunesse africaine ou encore l’accompagnement des PME françaises en Afrique.
Par Cherif Elvalide Seye et Dominique Flaux
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