KIGALI — La police rwandaise a annoncé vendredi avoir arrêté l?un des défenseurs de l?opposante Victoire Ingabire, l?avocat et professeur de droit américain Peter Erlinder, accusé de nier la réalité du génocide des Tutsi de 1994.
« Il a été arrêté ce (vendredi) matin. Il se trouve actuellement entre les mains du département de la police chargée des investigations criminelles », a indiqué à l?AFP le porte-parole de la police, Eric Kayiranga.
« Il sera présenté devant un juge dans les délais prévus par la loi (72 heures) », a-t-il poursuivi, soulignant que le juriste américain est accusé de « nier le génocide » des Tutsi.
« C’est quelqu’un qui nie le génocide, dans ses écrits et ses discours. Pire que ça, il est devenu un organisateur de négationnistes », a pour sa part accusé le procureur général du Rwanda Martin Ngoga.
« Si le négationnisme (du génocide des Tutsi) n’est pas puni dans son pays, il l’est chez nous au Rwanda. Et en venant ici, il le savait bien », a-t-il ajouté, interrogé au téléphone par l’AFP.
Président de l?Association des avocats de la défense auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l?avocat américain était arrivé au Rwanda dimanche pour participer à la défense de Mme Ingabire, accusée elle-même de nier le génocide.
Arrêtée et remise en liberté conditionnelle courant avril, Mme Ingabire, candidate déclarée à la présidentielle d’août, est présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU), un parti non encore reconnu par Kigali.
Elle est également accusée de collaboration avec une organisation terroriste, d’idéologie génocidaire et de propos « divisionnistes ».
Le gouvernement américain a reproché jeudi aux autorités rwandaises de « prendre des actions inquiétantes » et de restreindre les libertés à l’approche de l’élection présidentielle du 9 août à laquelle se représentera le chef de l’Etat sortant Paul Kagame.
« L’environnement politique à l’approche de l’élection a été entaché d’une série d’actions inquiétantes prises par le gouvernement du Rwanda, qui constituent des tentatives de restreindre la liberté d’expression », a affirmé le secrétaire d’état adjoint aux Affaires africaines, Johnnie Carson, sur le site internet du département d’Etat.
« En quelques mois, le gouvernement a suspendu deux journaux, annulé le permis de travail et refusé le visa à une chercheuse de Human Rights Watch, et arrêté (puis libéré conditionnellement) la dirigeante de l’opposition Victoire Ingabire », selon les propos du diplomate tenus mardi devant une commission parlementaire à Washington et reproduits par le site internet.
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