Le quotidien Le Devoir a publié, le 3 août dernier, un article intitulé «Rwanda: les dangers du silence sur la répression des opposants», qui s’inscrit dans cette optique. L’auteur de ce texte, M. Hakizimana, président du Congrès rwandais du Canada, fait un amalgame qui mérite qu’on fasse la part des choses pour éclairer les lecteurs éloignés du contexte et du milieu concerné.
Nous tenons d’emblée à faire remarquer que le gouvernement en place au Rwanda est celui-là même qui a mis fin au génocide qui a fait plus d’un million de victimes en 1994. La force des circonstances a fait que sa première mission soit de pacifier le pays, et la sécurité de la population est sa priorité absolue.
Depuis son entrée en fonction, le taux de criminalité est allé de manière exponentielle en decrescendo. Aujourd’hui, d’aucuns reconnaissent que c’est le pays le plus sûr de cette région africaine. Par ailleurs, il n’y a aucun pays au monde où le taux de criminalité est nul.
Ceci étant dit, les crimes récents signalés par le texte paru dans Le Devoir préoccupent d’abord et avant tout le gouvernement du Rwanda. Des enquêtes policières ont été immédiatement déclenchées et se poursuivent, certains suspects ont été appréhendés et seront traduits devant la justice. Est-il besoin de souligner qu’il serait inapproprié de recourir à une justice expéditive pour endiguer cette vague de criminalité?
Nous récusons vigoureusement la connotation politique attribuée à tous les problèmes auxquels le Rwanda fait face, pour des fins inavouées. Force est de constater que l’auteur de l’article publié dans les colonnes du Devoir présente subtilement sans l’avouer le dernier chapitre d’un «négationnisme structurel» (pour reprendre les termes de l’historien français Jean-Pierre Chrétien). Les lecteurs du Devoir devraient en être avisés.
Les défis de reconstruction
Depuis 16 ans, le gouvernement de Kigali s’attelle à rebâtir un pays qui avait été entièrement détruit, et ce, dans un contexte où les blessures consécutives au génocide restent béantes. Nous tenons à saluer à ce chapitre le soutien du Canada et des autres pays dans la reconstruction du Rwanda. Avec les maigres ressources dont dispose ce pays, tous les observateurs reconnaissent que les réalisations accomplies relèvent d’un exploit exceptionnel. Évidemment, le chemin à faire reste long, dans plusieurs domaines.
L’auteur de cet article aurait dû au moins (honnêteté oblige) mentionner aux lecteurs du Devoir que le gouvernement qu’il accable d’accusations a organisé des élections pluralistes et démocratiques pour la deuxième fois de l’histoire du Rwanda. Chaque expérience électorale est un pas dans la bonne direction en vue de l’édification d’une démocratie rwandaise solide et durable. Une société stable et démocratique se construit progressivement et cela s’étend à tous les secteurs, y compris celui de la sécurité nationale. Ceci est valable pour tous les pays, et le Rwanda ne fait pas exception.
Quant au jugement du gouvernement en place à Kigali, l’auteur de cet article aura eu l’occasion, à l’instar des autres Rwandais se trouvant au Canada, de l’exprimer démocratiquement par le biais des urnes le 9 août. Dois-je lui rappeler que le gouvernement actuellement en fonction à Kigali est le premier dans l’histoire de ce pays à garantir ce droit de vote à tous les citoyens rwandais en âge de voter, où qu’ils soient?