Pour un retour à l’expéditeur, Kigali devrait utiliser la voie diplomatique pour dire au gouvernement congolais qu’il y aurait dans « le colis », des éléments non rwandais.Les attaques des Fdlr semblent obéir à certains agendas cachés de certains politiques congolais qui trouvent plaisir à démontrer que la lutte contre les Fdlr est un échec. Il y a longtemps que l’on parle du rapatriement volontaire des Fdlr. Cette opération n’a pas connu le succès qu’on attendait. Les Fdlr qui avaient intérêt à rentrer dans leur pays sous la protection internationale, refusaient de saisir la perche qui leur était tendue.

Le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, parti dans l’Est du pays dans le cadre de l’opération « arme contre 50 dollars », s’est vu confronté à l’équation Fdlr. Il en a convaincus pour la délocalisation. Celle-ci s’est vite muée en rapatriement volontaire. Les candidats à la délocalisation au rapatriement ont été identifiés. Sur base des témoignages divers, ils ont été reconnus comme Rwandais et à leur demande, ils ont accepté d’être délocalisés. C’est ainsi qu’ils seront accueillis à Kasenge au Katanga. Mais aussitôt arrivés, certains d’entre eux ont tenté de s’en fuir arguant qu’ils voulaient rentrer chez eux au Rwanda. Ils avaient pourtant la latitude de choisir un rapatriement en douceur en lieu et place de s’en fuir.

Les autorités congolaises n’ont pas hésité, après les avoir rattrapés, à leur obtenir ce rapatriement. Devant cette opportunité, d’autres rebelles rwandais ont demandé également d’être rapatriés. Il y a eu donc une cinquantaine d’éléments Fdlr qui ont été rapatriés. C’est donc avec étonnement que l’on apprend qu’une vingtaine de ces éléments ont été refoulés du Rwanda pour cause qu’ils seraient Congolais. Par quelle magie donc, pour quel intérêt, les autres membres des Fdlr avaient-ils témoigné sur leur nationalité rwandaise ?

Dans le cadre de la transparence, au lieu de les refouler, pourquoi Kigali n’a-t-il pas repris contact avec Kinshasa pour lui faire comprendre que dans le colis, il y aurait de non Rwandais ? On reprendrait l’opération d’identification pour déterminer leur vraie nationalité. En les renvoyant en Rdc qui ne peut en aucune façon devenir la poubelle de tous les hors-la-loi de la région de Grands Lacs, Kigali fait de ces Fdlr des apatrides. Kinshasa va-t-il céder et ouvrir les frontières à ces Rwandais ? Il faut que les deux pays recourent aux voies diplomatiques notamment en mettant en place une commission mixte qui fera le travail d’identification. S’ils sont Congolais, ils devront dire de quel village. Leurs aïeuls les reconnaitront et les accueilleront.

Des Fdlr prête-nom

Il y a quelques mois, nous nous interrogions sur la vraie nature des Fdlr. On s’étonnait du fait que de plus en plus les Fdlr censées se battre pour un espace politique dans leur pays le Rwanda, se complaisaient à attaquer les populations congolaises qui leur offraient l’hospitalité. Pendant ce temps, la frontière rwandaise était en sécurité. Car, les Fdlr ne donnaient aucun signe de vouloir en découdre avec le régime Kagame. Si on se rend bien compte, c’est lorsqu’il y a de grands enjeux politiques en Rdc que les Fdlr, comme si elles veulent ajouter du leur, s’activent. Il faut être naïf pour ne pas comprendre que, pour ces Fdlr, c’est une façon de mettre de l’eau au moulin de certains mécontents congolais.

Contestation des opérations conjointes

Pour ne pas remonter jusqu’au déluge, on constate qu’après les opérations conjointes, les Fdlr, dispersées et militairement affaiblies, devenaient plus agressives et surtout elles sont devenues plus violentes. Elles attaquaient des villages parfois pour tuer. Tuer gratuitement. Il faut comprendre que par ces actes de violence aveugle, on voulait démontrer que les opérations conjointes étaient un échec. Qui avaient besoin de cette démonstration ? Ce ne sont pas les Fdlr. Car, ces rebelles rwandais n’avaient pas besoin de ce bras de fer au moment où ils avaient intérêt à ce que la Rdc n’ait pas la raison de leur mener une guerre en profondeur. Les observateurs avertis disaient à qui voulait les entendre qu’il y avait derrière les Fdlr un enjeu politique purement congolais. Si des politiciens congolais ne tiraient pas des ficelles, les Fdlr qui attaquaient n’étaient pas de vraies Fdlr. On peut s’étonner que les Fdlr, en dépit de toute la dureté de la vie, soient davantage revigorées au point de menacer réellement la paix en Rdc.

Protestation contre le calendrier électoral

Il avait suffi que le calendrier électoral soit publié pour que des casques bleus soient tués. Pour les observateurs avertis, c’est un signal très fort. L’attaque contre trois éléments de la Monusco mardi dernier à Kirumba au sud-Lubero, a été précédé par la prise d’otages. Une pratique qui, de l’avis de beaucoup d’observateurs, marquait une nouvelle forme de guerre et donc de nouveaux objectifs à atteindre. Tout cela n’avait rien de commun avec la revendication de l’espace politique au Rwanda. Avec la lutte politicienne en Rdc, oui.

Chaque fois, au lieu de chercher à pénétrer la vraie nature des Fdlr, on trouvait en leur lieu et place des justifications à ces actes. Ainsi avait-on expliqué la recrudescence des attaques contre les populations civiles par le souci des Fdlr de se venger contre les opérations conjointes menées conte elles. Aujourd’hui, on tente d’expliquer la violence actuelle par le non respect des accords de Goma. On prétend que les groupes armés n’auraient pas été intégrés dans les Fadc. Il n’y a plus de différence entre Fdlr et groupes érmés congolais. Et pourtant, l’autorité militaire ne demande pas mieux que de voir ces groupes déposer les armes et se rendre pour leur démobilisation ou leur intégration dans les Fadc. Non seulement beaucoup n’ont pas répondu à cet appel, mais aussi et surtout certains ce ceux qui avaient été intégrés ont choisi de reprendre du service dans les groupuscules armés.

Il y a donc un vrai problème. Un prêtre jésuite de l’Est du pays croisé par hasard à Kinshasa, se pose les mêmes questions que nous au sujet des Fdlr. Il est vrai qu’il existe des Fdlr, des rebelles rwandais, mais, il y a des actions prêtées aux Fdlr qui relèvent de la stratégie de certains politiques congolais. Il voulait dire que certains groupes armés agissaient et signaients Fdlr. Pour ce prêtre, on exagère l’importance des Fdlr en nombre et en équipement. Lui qui effectue beaucoup de missions d’itinérance et qui contacte plusieurs personnes dans la région, les Fdlr avaient subi un vrai coup lors de différentes opérations militaires menées contre elles. Il n’est pas normal, constate-t-il, que sur le terrain, tout se passe comme si ces Fdlr n’avaient jamais été attaquées.

Si on ne peut pas parler des Fdlr, on développe des théories dangereuses en parlant des groupes armés liés aux communautés. Quelle est leur revendication ? A ce jour, on ne fait plus le distinguo entre les actions de ces groupes armés et celles des Fdlr. Il faut, estiment les observateurs, que la guerre de renseignement accompagne la guerre militaire pour découvrir les vraies et fausses Fdlr. A ce jour, ce sont les fausses Fdlr qui s’activent pour le compte des parrains politiques à Kinshasa, à Goma ou à Bukavu.

 

Joachim Diana G., Groupe L’Avenir
http://afriqueactu.net/5012/afrique/rwanda/kigali-joue-mal-les-fdlr-rapatries-ont-ete-refoules

Posté par rwandaises.com