En juillet 1994, le Front patriotique rwandais de Paul Kagame, arrête le génocide et hérite d’un pays où des femmes enceintes ont été éventrées et leurs bébés jetés aux chiens et aux cochons ; un pays où les petites filles ont été sexuellement torturées par des hommes de l’âge de leurs pères ou de leurs grands pères et où – ce que bien des gens ignorent – même les jeunes garçons ont été violés par des femmes. C’est déjà horrible et pourtant ce n’est pas tout.
Les vaincus, la rage au cœur, ont aussi pratiqué la fameuse tactique de la terre brûlée. Pour rendre impossible la reconstruction, même simplement administrative du pays, ils ont détruit tout ce qui pouvait l’être dans les ministères : archives, ordinateurs et meubles, entre autres… C’était un défi colossal et le gouvernement de Paul Kagame a eu l’immense mérite de le relever en quelques années, remportant ainsi la bataille de la paix après ses brillantes victoires militaires. Ceux qui avaient parié sur l’Apocalypse ne supportent pas que le Rwanda ait fait mieux que se normaliser : il est cité en exemple pour sa stabilité et ses performances économiques. Il doit tout cela à Paul Kagame , son équipe et à personne d’autre au monde.
Et voilà pourquoi cet homme suscite tant de haine chez les ennemis du Rwanda. Quand on leur dit : c’est Kagame qui a arrêté le génocide, ils baissent la tète car ils savent que personne ne peut nier une telle évidence mais ne tardent pas à répliquer : « Oui, mais c’est lui qui l’a causé ! »
Moi, Yolande Mukagasana, je veux leur répondre aujourd’hui sur ce point précis. Je m’en reconnais le droit car je suis une mère de famille qui a perdu ceux qui lui étaient le plus chers parmi le million de morts du génocide.
Et voici ce que j’ai à dire aux falsificateurs de l’histoire : le génocide des Tutsi du Rwanda n’a pu être causé ni par Kagame ni par le Front patriotique rwandais.
Je tiens encore à préciser que mon époux Joseph était l’unique rescapé de sa famille du génocide de 1963. Quel âge avait Kagame? Le Front Patriotique existait-il?
Moi, Yolande Mukagasana, j’ai plus de cinquante ans et depuis l’âge de cinq ans, en 1959, la mort rôde autour de moi pour la seule raison que je suis Tutsi. Des milliers de Tutsi, moins chanceux que moi, n’ont-ils pas été tués avant la création du FPR ? Et si tant de Tutsi n’avaient pas été contraints à l’exil, ce mouvement de libération n’aurait certainement jamais vu le jour.
A l’occasion de l’élection présidentielle du 9 août 2010, les monstres se sont réveillés. Je ne demande pas à tous les Rwandais d’approuver le président Kagame mais j’espère que la ligne de partage restera très nette entre mes concitoyens qui, comme dans toute démocratie, contestent pacifiquement leur président et ceux qui rêvent de « finir le travail », c’est-à-dire de massacrer encore et encore des innocents.
Citoyenne rwandaise libre de ses choix politiques, je ne soutiens pas seulement Paul Kagame au nom de mes chers disparus.
Je soutiens aussi l’homme qui a aboli la carte d’identité ethnique et la peine de mort. Que l’on me permette d’insister sur cette dernière mesure. Dans tous les pays du monde l’abolition de la peine est saluée avec enthousiasme au nom du respect de la vie humaine. Pourquoi ne l’a-t-elle pas été dans le pays où pendant si longtemps la vie humaine n’a eu aucun prix ? Les médias ont passé sous silence l’abolition de la peine de mort au Rwanda car elle contredit l’image, à laquelle ils tiennent tant, d’un Paul Kagame « assoiffé de sang ».
Je soutiens Paul Kagame car notre cher Rwanda lui vaut l’honneur d’être présenté partout comme un modèle de bonne gouvernance et de combat contre la corruption. Que ceux qui en doutent aillent faire un tour à Kigali, devenue la ville la plus propre d’Afrique. Ils pourront s’y déplacer en toute sécurité et verront les numéros de téléphone de la police à l’arrière de chaque taxi ou sur chaque chauffeur de taxi-moto, pour la protection des passagers. Ils verront aussi que le pays tout entier a été câblé par fibre optique, ce qui en fait le leader en Afrique subsaharienne dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.
C’est la première fois dans l’histoire du Rwanda qu’un enfant peut faire des études en fonction de ses capacités et non de sa prétendue ethnie. Jamais non plus les femmes n’ont été aussi fermement protégées, par divers moyens pratiques, de la violence des hommes. Cela ne s’arrête pas là, car dans notre Parlement présidé par une femme, plus de la moitié des députés sont des femmes. Elles jouent aussi jouent un rôle essentiel pour la sécurité du Rwanda et de son président.
Il faut ajouter à tout cela un essor économique qui incite beaucoup à comparer le Rwanda avec Singapour. Mais ne serait-il pas mieux de comparer ce pays avec lui-même ? J’invite chacun à mesurer la différence entre le Rwanda d’avant le génocide et le Rwanda d’après le génocide.
La force de caractère et la sérénité de Kagame rendent furieux ceux qui pensent que tout leader Africain doit baisser la tête face à leurs diktats. Ils ne savent pas que cet homme politique d’exception tire sa détermination de la certitude que le peuple rwandais se tient résolument à ses côtés. Un peuple qui, ayant tiré les leçons de son histoire, ne se laissera pas de nouveau conduire vers l’abîme.
Yolande MUKAGASANA
Rescapée du génocide des Tutsi du Rwanda
Posté par rwandaises.com