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Diogène Ntarindwa dit « Atome »: Né le 6 avril 1977 au Burundi de parents rwandais qui ont fui les massacres des années 1959, il rejoint, jeune adolescent, l’armée rebelle du Front patriotique rwandais (FPR). En 1994, il entre à Kigali en plein génocide. Se pose alors pour lui la question du récit : quand, poussé par le refus de l’exil et prenant les armes, il ne rencontre sur le chemin du retour au pays natal que corps décapités et humanité souillée, comment porter la parole et raconter cette perdition extrême qu’est le génocide ? En 1996, il retourne à l’université de Butare, intègre en 1999 le spectacle de Koulsy Lamko, Corps et voix, paroles rhizome et tourne plusieurs années en tant que comédien de la troupe de l’Universite nationale du Rwanda. Il rejoint la Belgique en 2002 et suit actuellement des cours d’art dramatique au Conservatoire royal de Liège. __________________________________________________________ Lue sur lepetitnegre.com
Diogène Ntarindwa, plus connu sous le nom d’Atome buzze pas mal sur le net et dans la diaspora rwandaises avec ces 2 vidéos de mini stand up en kinyarwanda (globalement) ainsi qu’en français et en anglais. Pour ce qui ne le savent pas, ce type d’artiste et de performance artistique est une première dans la culture rwandaise et à la rédaction de LPN, on ne pouvait l’ignorer. Mais comme tout ce qui touche le Rwanda, un énorme balayage est nécessaire avant de s’attaquer au cœur du sujet. Les éventuelles opinions politiques et le contexte dans lequel ces vidéos sont tournées sont hors sujet, seul compte la performance, l’artiste et l’art. Parlons-en de l’art: si l’humour existe dans la culture rwandaise, il a toujours eu du mal à trouver sa place dans l’expression artistique. A côté de quelques paroles détournées, vous trouverez de minuscules allusions dans des chansons de toutes les époques. Les blagues pures et bien méchantes ne se retrouveront que dans quelques chansons traditionnelles et ne devront leur salut qu’à l’ignorance et au manque de savoir-vivre bien pensant de leurs auteurs. Sinon on pourra toujours se rabattre sur le rigolo du café, le rigolo de la fête familiale, le rigolo de la classe, bref, rien d’extraordinaire… Mais, corrigez-moi si je me trompe, les humoristes professionnels, les rwandais n’en connaissaient pas avant Atome, qui devient ainsi, à l’humour rwandais ce que Cécile Kayirebwa fut pour la chanson rwandaise au féminin. Si une rapide recherche sur la toile montre un artiste productif qui mérite sa reconnaissance naissante, Je ne m’en tiendrais qu’à sa performance dans ces dites vidéos. Je ne sais pas si c’est le talent ou l’école, mais Atome a lu le petit manuel du bon humoriste. Maintenir le public en haleine, enchainer les blagues, les différents types de comique, les personnages, et ne pas trainer sur les blagues qui ne marchent pas. Il est un fait, le public rwandais est très difficile, Il n’applaudit pas facilement, il ne rit pas non plus parce que traditionnellement c’est preuve de mauvaise éducation. Une parenthèse: je me demande si les rwandais savent réellement apprécier un spectacle. Je veux dire par là, savent-ils apprécier un spectacle pur, et se déplacer, en temps et en heure, pour en apprécier son contenu et non se montrer dans un spectacle qui accompagne une grande bouffe à l’occasion d’une fête familiale ou une réception officielle. Je me souviens d’un cirque chinois de passage à Kigali qui faisait des prouesses, et le public n’a réagi que lorsqu’un des acrobates a dû reprendre un numéro qu’il venait de rater. Tout le monde a crié: « Aaaah! » à la réussite de la nouvelle tentative, et il fallait voir la tête des chinois qui se disaient: « Ah! Ils regardent quand même ». A la fin du spectacle, tous les artistes sont venus devant et ont commencé à applaudir en invitant le public rwandais à faire de même, enfin vous voyez, le truc classique. Les rwandais se sont cassés en discutant entre eux sans un regard pour les chinois, qui se demandaient encore ce qu’ils faisaient là… Tout cela pour vous donner une idée des conditions dans lesquels Atome évoluent. Maintenant si on va dans le fond du spectacle il y a quand même des choses discutables: – L’évocation de Mitterrand est franchement douteuse. Elle pue le vieil antagonisme entre le Rwanda et la France et je ne suis pas certains que ce genre de règlement de comptes fut d’à-propos; – L’évocation de la vision 2020 est tout aussi suspecte, mais bon, c’est au moins au niveau de Mitterrand; – J’imagine que c’est probablement à cause de la présence du chef, ou plutôt de sa femme, mais Atome a assassiné sa blague sur le sexe des mots en français, et l’a remplacé par une vague confusion entre le sein et la poitrine; – Je ne sais pas si c’est moi qui fais une mauvaise interprétation du truc, mais il me semble qu’une fois assis, il imite le chef dans sa façon de remonter les lunettes en se frottant le nez… la blague ne marche pas du tout. Mais ça, ce n’est pas de sa faute ; Au final, l’on se souvient que le Rwanda est un pays qui a soif d’expression, et de se raconter aussi bien dans ses malheurs que dans ce qui rend ce pays exceptionnel. A côté de l’explosion de la musique hip-hop et qui fera probablement l’objet d’un autre papier sur LPN, Atome s’attaque bien à un autre segment de l’expression artistique dont on lui souhaite d’amener vers les sommets et de susciter des vocations… Bref, on attend la suite! Posté par rwandaises.com |