Poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, Callixte Mbarushimana vivait en France depuis 2003
« C’est un grand jour pour les victimes et pour la justice », a réagi Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), apprenant que la gendarmerie française avait arrêté, lundi 11 octobre, Callixte Mbarushimana.
Secrétaire exécutif des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une rébellion sévissant dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), Callixte Mbarushimana faisait l’objet d’un mandat d’arrêt sous scellés (secret) délivré le 28 septembre par la CPI, qui doit lui être notifié jeudi 14 octobre par le parquet. Il vivait en France depuis 2003.
Meurtres, viols, tortures, persécutions
La Cour de La Haye le poursuit pour cinq chefs de crimes contre l’humanité et six chefs de crimes de guerre, notamment de meurtres, viols, tortures, persécutions et attaques contre la population civile.
Callixte Mbarushimana, 47 ans, est le premier chef de milice arrêté à la demande de la CPI pour les crimes commis à grande échelle au Nord-Kivu. Les FDLR sont l’incarnation la plus récente des groupes rebelles rwandais fondés par d’anciens génocidaires hutus qui se sont réfugiés dans cette province congolaise après le génocide des Tutsis en 1994.
Sur place, ils se sont organisés pour lancer des attaques au Rwanda. Mais surtout, ils sont devenus un acteur majeur dans les affrontements entre milices dans l’est du Congo, avec pour objet l’exploitation des incalculables richesses minières de la région.
Victimes ; des civils de la province du Kivu
Longtemps utilisées comme supplétifs par l’armée congolaise, les troupes des FDLR ont recouru aux pires pratiques pour parvenir à leurs fins, notamment les viols massifs. À la suite d’un rapprochement entre Kinshasa et Kigali en 2009, les FDLR sont devenues l’objet d’offensives soutenues par l’ONU visant à les affaiblir et à pousser leurs troupes à la défection.
La milice a alors décidé de s’en prendre particulièrement aux civils des provinces du Kivu. Elle a « tenté d’exercer un chantage sur la communauté internationale et d’obtenir de force une forme de pouvoir politique en échange de l’arrêt des atrocités », explique la CPI.
Ne pouvant reprocher à Callixte Mbarushimana une responsabilité militaire sur le terrain, la CPI l’accuse d’avoir « contribué intentionnellement et en personne à un plan commun consistant à mener des attaques contre la population civile ».
Impunité pour d’autres chefs de guerre
Son arrestation suit celles du président des FDLR, Ignace Murwanashyaka, et de son adjoint, Straton Musoni, interpellés le 17 novembre 2009 en Allemagne.
Mais elle rappelle aussi l’impunité dont bénéficie un autre chef militaire recherché par la CPI pour des crimes commis à grande échelle, Bosco Ntaganda. Ce rebelle tutsi, rallié à l’armée congolaise et promu au grade de général, est actuellement le commandant en second de l’opération militaire chargée de combattre les FDLR au Nord-Kivu, Amani Leo. « Il est le prochain qui doit être appréhendé », a déclaré le procureur Moreno-Ocampo.
Laurent d’ERSU
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