L’étau financier se resserre, une pression militaire se dessine

L’étau se resserre sur la Côte d’Ivoire, où tout indique qu’avant d’envisager une phase plus « musclée », la communauté internationale entend d’abord mettre la pression sur le plan financier afin de faire fléchir Laurent Gbagbo. En effet, au sortir d’un entretien avec le président Sarkozy, le président de la Banque Mondiale Robert Zoellick a confirmé que tous les financements destinés à la Côte d’Ivoire avaient été gelés. Selon lui, il en va de même avec les autres institutions financières africaines comme l’UMOA (Union économique et monétaire ouest africaine) et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. (CEDEAO) Ces pressions financières, qui représentent l’arme principale d’Alassane Ouattara, reconnu vainqueur des élections, pourraient assécher les finances du régime et l’empêcher de payer les soldes des fonctionnaires et des militaires, érodant du même coup la fidélité des agents de l’Etat à l’égard du président sortant.
Ces pressions économiques n’ébranlent cependant pas Alain Toussaint, le conseiller en communication du président Gbagbo, qui était de passage à Bruxelles. Sans autres précisions, il souligne que « la Côte d’Ivoire compte encore des amis » et, soulignant les nombreuses irrégularités qui ont marqué la proclamation de la victoire de Ouattara par la Commission électorale indépendante, il assure que « communauté internationale s’est emballée trop vite ». Arc’ bouté sur la décision du Conseil Constitutionnel (une institution aussi importante en Côte d’Ivoire qu’aux Etats Unis la Cour suprême), qui s’est prononcé en faveur du président sortant, Alain Toussaint relève que Gbagbo, reprenant l’initiative, a appelé son rival Ouattara au téléphone, lui adressant des offres de négociation, mais refusant absolument de céder le pouvoir.
Au delà des pressions politiques et des menaces financières, d’autres perspectives se dessinent, contre lesquelles les pro-Ggagbo mettent en garde leurs adversaires. Il apparaît en effet que des pays frontaliers, membres de la CEDEAO, masseraient des troupes aux frontières afin de faire leur jonction avec les «Forces nouvelles » qui soutiennent Ouattara, occupent la partie nord du pays et n’ont jamais désarmé en dépit des accords conclu avant les élections.
Selon le quotidien « la Croix » la mise sur pied d’une force d’intervention africaine, appuyée par les Forces nouvelles, pourrait recevoir l’appui logistique d’armées occidentales, française et américaine. Elle pourrait aussi compter sur le soutien des 900 militaires français de la force Licorne et des 9000 Casques bleus de l’Organisation des Nations unies en Côte d’Ivoire. C’est d’ailleurs dans cette perspective que M. Gbagbo avait demandé, en vain, le retrait des forces étrangères présentes dans le pays.
Alain Toussaint, en tournée d’explication en Europe, met en garde contre ce qu’il appelle une « aventure militaire » : « comment peut on qualifier de « neutres » les hommes du président du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui a personnellement contribué au financement de la campagne de Ouattara, les Sénégalais dont le président Abdoulaye Wade est un ami personnel d’ADO (initiales de Ouattara) ou les Burbinabé, dont le président Blaise Compaoré fut le parrain de la rébellion de 2002 ? Dans un pays où un tiers de la population est d’origine étrangère, l’intervention de troupes africaines pourrait s’avérer très négative pour les ressortissants de ces pays qui vivent chez nous… »
Dénonçant le complot ourdi par la France, les Etats Unis et la «communauté internationale » tout entière contre la Côte d’Ivoire, Alain Toussaint dénonce un « hold up électoral », un « diktat » qui, selon lui, ne sera guère suivi d’effets…

http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2010/12/22/cote-divoire-les-dangers-dune-aventure-militaire/

Posté par rwandaises.com