Source: Syfia Grands Lacs/Burundi Bien des parents qui ont encouragé leurs enfants à quitter le Burundi pour l’Europe, espérant une meilleure vie pour toute la famille, sont très déçus. Ils ne reçoivent ni nouvelles, ni aide financière. Car les exilés, souvent sans papiers, vivent dans la misère. « Mon fils est parti en 1998, quand la guerre battait son plein. Avant, il nous a écrit une lettre nous disant qu’il allait vivre en Europe. Depuis, plus de trace, aucune communication. Nous l’avons effacé de nos mémoires », raconte une vieille maman burundaise. La mort dans l’âme, elle ajoute : « S’il vivait encore, il aurait écrit au moins une lettre. Au lieu de partir, les jeunes devraient plutôt travailler sérieusement chez eux pour obtenir les moyens de visiter avec des papiers en règle les pays européens. » « Mon seul fils vivote en Europe. Pour moi, c’est comme une malédiction fatale ! Je risque de mourir sans le revoir, sans bénéficier de son soutien moral et financier », se lamente un autre parent. Depuis huit ans que son enfant est sur le sol européen, ce dernier n’a plus donné le moindre signe de vie. Très déçu, ce papa se souvient : « Quand il m’a dit au revoir, je lui ai donné ma bénédiction. Je lui ai recommandé de penser à ses parents, en nous payant par exemple un billet pour venir visiter l’Europe. Je l’ai encouragé à partir. Depuis, j’attends toujours des euros ou des dollars… » Espoir, puis honte de la famille Le plus souvent, aujourd’hui, ces émigrés se retrouvent sans-papiers. Ils sont aidés, pendant un temps seulement, par leurs compatriotes qui ont fui, parfois à l’insu de leurs proches, le Burundi pendant la guerre de 1993 et ont obtenu depuis le statut de réfugiés. Chose quasiment impossible pour ceux partis après 2002. Ceux qui se retrouvent en galère en Europe ne donnent aucune nouvelle ou mentent. « Quand j’étais en Suède, avec mes amis, personne ne pouvait parler de la situation réelle que nous vivions. Nous avions peur qu’on découvre nos misères alors que toutes nos familles comptaient sur nous. Il ne fallait pas les décourager », raconte un refoulé. Cet ingénieur fraîchement diplômé avait tout pour réussir au Burundi où il avait trouvé un emploi dans un ministère. Il raconte : « J’ai passé deux ans comme sans-papiers en Europe. Je mendiais pour avoir de quoi manger. Si j’étais resté dans mon pays, j’aurais réalisé pas mal de choses. Je regrette d’avoir perdu mon temps à la recherche d’une vie idéale ». « Il ne faut pas idéaliser l’Europe » Pour les jeunes qui vivent encore en Europe, l’absence de parents à leurs côtés a parfois des conséquences désastreuses… « Ils manquent d’encadrement. Certains deviennent des délinquants. Des filles se prostituent pour avoir des moyens matériels », témoigne un Burundais, professeur d’université en Europe. Conscients de ces dangers, des parents réagissent. Léonard Sagateye avait envoyé sa fille de 20 ans aux Etats-Unis pour se faire soigner. À son ami qui devait la prendre en charge, il avait ainsi bien recommandé de lui faciliter son retour au pays natal. « Je craignais que ma fille ne tombe dans le même piège que les autres qui vivent là-bas sans travail. Quand elle est revenue, mes voisins se sont moqués de moi. Certains comprennent ce que c’est que de vivre à l’étranger, d’autres restent réticents », explique Léonard. Aux parents toujours persuadés que vivre en Europe est forcément synonyme de richesse, le père d’un enfant, qui n’a jamais donné de nouvelles depuis son départ là-bas, conseille : « Si tu n’y vas pas pour une mission bien précise, il ne faut pas idéaliser l’Europe. Partout où l’on est, on peut travailler, surmonter ses difficultés et pourquoi pas prospérer ! » Syfia Grand Lacs Posté par rwandanews |