NAIROBI – Quatre anciens proches du président rwandais, condamnés vendredi par contumace à de lourdes peines de prison notamment pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », ont dénoncé dimanche une justice « utilisée » par le chef de l’Etat Paul Kagame contre ses « ennemis ».

La Haute cour militaire a condamné à des peines allant de 20 à 24 ans de réclusion l’ex-chef d’état-major de l’armée, le général Faustin Kayumba Nyamwasa, l’ancien patron des renseignements extérieurs, le colonel Patrick Karegeya –tous deux exilés en Afrique du Sud–, l’ancien directeur de cabinet de M. Kagame, le major Théogène Rudasingwa et l’ancien procureur général Gerald Gahima, étant réfugiés aux Etats-Unis.

« La justice militaire rwandaise n’est pas indépendante, elle est plutôt utilisée par le président Kagame pour persécuter le personnel tant civil que militaire, qu’il considère comme des ennemis politiques », ont réagi les quatre hommes dans un communiqué commun.

« Nous réitérons que nous sommes innocents des crimes pour lesquels nous étions poursuivis. Nous ne sommes pas des criminels mais des patriotes militant pour la fin de la dictature et pour l’avancement de la liberté », poursuit le texte.

Les quatre anciens dignitaires, devenus de farouches opposants au président Kagame, ont été condamnés sur la base d’écrits et de déclarations hostiles au régime. Ils ont également été reconnus coupables de « trouble à l’ordre public, injures et diffamation, sectarisme et association de malfaiteurs ».

« Les charges contre nous ont des motivations complètement politiques. L’objectif de cette affaire est de supprimer l’opposition politique, de priver les citoyens rwandais du droit à la participation politique, de consolider le pouvoir dictatorial et de cacher la vérité sur la déplorable situation des droits de l’homme et l’état de la gouvernance au Rwanda », affirment les condamnés.

Ce jugement « n’aura aucun effet sur notre détermination à mettre fin à la dictature au Rwanda », assurent-ils, dénonçant au passage « l’arrogance et la soif de vengeance de Kagame contre d’anciens collègues en conflit avec lui ».

Anciens réfugiés tutsi ayant grandi en exil en Ouganda comme Kagame, ils avaient, dans un document publié début septembre 2010, dressé un bilan très négatif des libertés dans leur pays depuis l’arrivée au pouvoir de M. Kagame en 1994.

Avec d’autres exilés rwandais, ils ont lancé le 12 décembre près de Washington un parti d’opposition, le Rwanda National Congress.

(©AFP / 16 janvier 2011 11h18)

Posté par rwandaises.com