Soucieux d’acquérir un niveau d’études toujours plus élevé pour augmenter leurs chances de trouver un emploi ou de gagner plus, les Rwandais sont nombreux à partir étudier dans les pays limitrophes où les universités sont moins coûteuses. Mais cette course aux diplômes pousse parfois aussi à la fraude.

(Syfia) – Les étudiants rwandais sont de plus en plus nombreux à traverser les frontières pour poursuivre leurs études supérieures dans les pays voisins. Récents lauréats de l’Université, fonctionnaires ou salariés du privé, tous courent après des diplômes toujours plus élevés.

‘Beaucoup d’offres d’emploi demandent actuellement un niveau de licence. Quand on se contente d’un niveau minimum, on peut à tout moment se voir remplacer par quelqu’un d’autre si les conditions requises changent’, reconnaît Tharcisse Niyonsaba, du Sud, qui fait sa maîtrise en sociologie au Kampala International University en Ouganda. ‘Quand ceux avec qui on a fait les mêmes facultés n’ont pas d’emploi, on cherche à tout prix à augmenter son niveau pour augmenter aussi ses chances de trouver l’emploi’, témoigne Gisèle Manishimwe à la recherche d’une inscription en maîtrise en Business Administration à la branche de Mount Kenya University à Kigali (Mku).

Licenciés ou plus

Plus les licenciés sont nombreux sur le marché du travail, plus ceux qui le peuvent cherchent à obtenir un diplôme supérieur pour avoir plus de chance de trouver un emploi. Selon un professeur d’université, ‘de plus en plus, les gens préfèrent faire deux ou plusieurs maîtrises dans des domaines différents, ce qui leur donne des chances d’embrasser plusieurs domaines.’ Les plus diplômés deviennent ainsi de plus en plus exigeants avec leurs employeurs réclamant des augmentations de salaires ou n’hésitant pas à changer d’emploi s’ils trouvent un poste mieux rémunéré.

Ceux qui ont un travail étudient les week-ends non seulement pour relever leur niveau mais surtout pour avoir un salaire plus élevé : ‘Avec le niveau licence, j’ai passé deux ans dans l’enseignement secondaire où je percevais un petit salaire quand j’ai pris en 2008 la décision d’aller au Burundi tous les week-ends faire la maîtrise en gestion de projets’, raconte cet ancien enseignant de Butare qui, cette année, commence un nouveau travail grâce à cette maîtrise.

Ceux qui étudient dans des établissements anglophones en Ouganda, Kenya, Tanzanie sont bien accueillis à leur retour au pays parce qu’ils sont supposés être capables d’enseigner en anglais, langue devenue celle de l’enseignement depuis 2006.

Etudes moins chères à l’étranger

Mais au Rwanda les frais académiques sont élevés : plus de 5 000 $ pour ceux qui font la maîtrise soit le double du tarif des universités de la région. Excepté les boursiers de l’Etat, rares sont les privés qui peuvent les payer. Depuis 2007, que le Rwanda fait partie des pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est (Eac), les universités de l’Eac sont nombreuses à choyer les candidats. Pendant les collations de grades, leurs représentants sont là et distribuent des dépliants sur leurs institutions.

Cela incite ceux qui n’ont qu’un bas niveau d’études, comme le baccalauréat, à emboîter le pas à leurs grands frères. En Rdc et au Burundi, par exemple, certaines universités coûtent moins de 400 $ par an, l’équivalent du minerval d’un trimestre dans certaines universités privées rwandaises. Les années passées, les étudiants étaient nombreux à aller en Rdc faire leurs études médicales. Ils pouvaient facilement y terminer leurs études en deux ans. Quand la Rdc a pris la décision de fermer en 2010 des institutions supérieures irrégulières, des centaines d’étudiants ont perdu des années d’études qui n’étaient pas reconnues officiellement.

Cette course aux diplômes exigés dans l’administration et les entreprises privées pousse à la fraude. Deux dirigeants du district Gatsibo, à l’Est, ont dû démissionner après qu’une commission du district a découvert que leurs diplômes de licence avaient été falsifiés. En novembre dernier, la directrice de Fawe Girls, une école de renom à Kigali, a été arrêtée par la police parce qu’elle utilisait un faux diplôme, soi-disant acquis à l’Université de Makelele en Ouganda. De même un peu avant, deux personnes ont été arrêtées à Kigali parce qu’elles distribuaient de faux certificats et attestations d’institutions supérieures rwandaises.

Fulgence NIYONAGIZE

 

 

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