Le 7 avril 1994 débutait au Rwanda une campagne d’extermination de la population tutsi. Les Hutu opposés à la logique meurtrière imposée par le gouvernement en place subirent le même sort tragique.
Un million de personnes furent alors assassinées en moins de trois mois.
Événement total et radical, il atteignit les fondements intimes de toute une société. La violence fit voler en éclats la barrière des générations, du genre et des institutions sociales protectrices.
Du côté des victimes comme des tueurs, c’est l’ensemble du corps social qui fut atteint. Pour les victimes d’abord, l’entreprise d’extermination de la population tutsi fut décrétée de manière si radicale qu’elle n’épargna ni les enfants, ni les vieillards, et encore moins les femmes qui firent l’objet de pratiques de cruauté particulières.
L’atteinte majeure à la filiation dans et par le corps des femmes signait la singularité irréductible de ce génocide.
Ensuite, une rapide analyse des personnalités des principaux responsables du génocide, condamnés devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), témoigne également de la radicalité de l’événement. Prêtres, médecins et professeurs d’université ont participé à l’accomplissement du crime, rendu dramatiquement efficace par l’implication massive de la population civile dans les massacres.
Ces quelques spécificités du génocide des Tutsi soulignées ici permettent de prendre la mesure des enjeux politiques, sociaux mais aussi mémoriels qui attendaient le pays au lendemain de la catastrophe.
En dépit des défis colossaux imposés par la situation post-génocide, la mémoire a constitué un impératif majeur pour les rescapés et leurs familles. Parallèlement aux initiatives des survivants, se construisait également une mémoire collective de l’événement, sous les auspices de l’Etat rwandais.
Depuis 1994, les Rwandais consacrent une journée à la mémoire des victimes du génocide, le 7 avril. D’une année à l’autre le rituel a varié. Et depuis quelques temps, au regard de l’impérative reconstruction, et au motif que le rappel de la violence du génocide comporte un risque de retraumatisation du rescapé et de la société, le rituel de commémoration insiste sur l’espoir et l’avenir tandis que le récit s’épure d’images qui rappellent par trop la dégradation des corps et la souffrance que les victimes ont endurées. Face à cette volonté de faire émerger une mémoire collective articulée à la fois sur l’esthétisation du souvenir et la projection des survivants dans l’avenir, il est important de s’interroger sur les mémoires individuelles et sur l’enchâssement des deuils singuliers dans une mémoire collective où la relèvation de la survie et la foi dans l’avenir, tendent, à l’effacement progressif de la violence du passé.
Ces questions renvoient à d’autres : celles de l’objet de la mémoire, du témoignage et de l’oubli, du silence et la transmission du traumatisme, de la mémoire et de l’éducation aux droits humains et à la citoyenneté, de la prise en compte de la mémoire des rescapés en vue de leur implication dans la construction d’un avenir. commun.
Autant de questions qui sauront, du moins nous en formulons le vœu, faire du souvenir des nôtres une mémoire qui ne soit pas vaine.
Venez avec nous rendre hommage à la mémoire des victimes et témoigner de notre soutien aux rescapés :
A PARIS
Mercredi 6 avril
19h30 : Lecture d’extraits des ouvrages de Jean Hatzfeld : « Dans le nu de la vie », « Une saison de machettes » et « La stratégie des antilopes » publiés aux Editions du Seuil, par la Compagnie du Théâtre du BlizArt, association Traciture (Montargois)
Lieu : Mémorial de la Shoah (17 rue Geoffroy L’Asnier 75004 – métros : Saint Paul, Pont Marie)
Jeudi 7 avril
15h : Rassemblement et prises de paroles
Lieu : Mur de la Paix (Place du Champ de Mars 75007 – métro : Ecole Militaire)
19h30 : Veillée du souvenir en hommage à la mémoire des disparus
Lieu : Siège de Médecins du Monde (62 rue Marcadet 75018 – métro : Marcadet Poissonniers)
A BORDEAUX
Jeudi 7 avril
Cérémonie commémorative sur le Pont de Pierre, puis marche jusqu’à la mairie de Bordeaux
Vendredi 8 avril
Projection du film « Rwanda le cri d’un silence inouï » d’Anne Lainé au Lycée François Mauriac
Samedi 16 avril
Projection du film « Sometimes in april » de Raoul Peck dans le cadre de cinépalabre à la médiathèque de Bordeaux (sous réserve)
A CLUNY
Samedi 9 avril 2011
11h – Messe à la Chapelle des Récollets (Couvent des Sœurs St Joseph de Cluny)
12h – Plantation d’un Gingko-biloba, inauguration d’une stèle commémorative et prises de paroles
Cluny (71), samedi 9 avril 2011
« N’oubliez jamais que cela fut »
(Primo Lévi)
Une première en France : en hommage aux victimes du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda et en témoignage de la solidarité qui lie le genre humain, la Mairie de Cluny vient de nous accorder, sur son espace, un lieu du souvenir. Afin de ne pas oublier « que cela fut »
Nous y planterons un Gingko-Biloba et poserons à son pied une stèle commémorative.
L’association Ibuka France, vous prie de bien vouloir assister à l’inauguration de ce premier monument du génocide des Tutsi au Rwanda, et de vous joindre à elle pour féliciter la Marie de Cluny pour ce geste d’immense humanité.
En effet, cet événement est d’autant plus important qu’il s’intègre parfaitement dans les activités de la 17ème commémoration du génocide, qui auront commencé le 7 avril , soit deux jours avant.
16h- Conférence débat animée par M. Kabanda Marcel sur le thème du génocide des Tutsi au Rwanda (Théâtre de Cluny)
A LYON
Vendredi 22 avril
18h à 23h : Conférence sur « La justice face aux présumés génocidaires ».
Lieu : Salle des Familles de la Maison Ravier (7 rue Ravier 69007)
Samedi 23 avril
14h : Cérémonie commémorative avec témoignages, discours, chants, poèmes et un dépôt de gerbe de fleurs
Lieu : au Site Mémorial (Place Antonin Poncet 69002)
18h : Veillée traditionnelle rwandaise, avec projections d’extraits de film, témoignages, prises de paroles, poèmes, chants et discussions
Lieu : Maison des Passages (salle du 1er étage au 44 rue St Georges, 69005)
Mercredi 25 mai
(Journée Mondiale de l’Afrique) – [lieu à préciser]
18h : Conférence : La femme pendant le génocide des Tutsi au Rwanda et la femme rescapée du génocide des Tutsi au Rwanda. Avec projection de film, témoignages, prises de paroles et débats, en partenariat avec l’ONG « Regards de femmes »
Samedi 9 juillet
14h : Conférence organisée sur le thème du « négationnisme ».
suivi de la Clôture des manifestations de Commémorations en France
Lieu : Salle des Familles de la Maison Ravier (7 rue Ravier 69007)
IBUKA – SECTION FRANCE – MEMOIRE, JUSTICE et SOUTIEN aux RESCAPES
Siège Social : 23 rue Greneta – Paris – 75002
site : http://www.ibuka-france.org/
Adresse email : contact@ibuka-france.org
Source: La Nuit rwandaise
http://ladylongsolo.com/spip.php?page=art&id_syndic_article=650
Posté par rwandanews