Par Laure Mandeville
Obama a été très actif sur le volet politique de la crise ivoirienne lorsqu’elle a éclaté cet hiver, au lendemain des élections. Crédits photo : Pete Souza/The White House. Crédits photo : Pete Souza/The White House
Lourdement impliqués en Afghanistan et absorbés par ses batailles budgétaires internes, les États-Unis portent leurs efforts sur d’autres dossiers.
L’Amérique a longtemps été critiquée pour son interventionnisme unilatéral. Va-t-elle l’être désormais pour son excès de prudence et son multilatéralisme? Lourdement impliquée en Afghanistan et absorbée par ses batailles budgétaires internes, l’Administration Obama a visiblement décidé de courir ce risque, en refusant de se mettre en première ligne dans les conflits chauds de Libye ou de Côte d’Ivoire. Une nouvelle doctrine d’autolimitation du «gendarme» planétaire qu’elle était jusque-là?
Dans les deux cas en tout cas, la Maison-Blanche a endossé, au nom de la morale et de la démocratie, la nécessité d’une intervention militaire pour «porter protection aux civils», refusant la passivité et le syndrome du Rwanda. Mais dans les deux cas, elle a aussi décidé de laisser les premiers rôles à d’autres: la France, la Grande-Bretagne et d’autres alliés de l’Otan, épaulés par le Qatar et les Émirats arabes unis, en Libye. La France et les troupes africaines de la force onusienne Onuci, sous mandat de l’ONU, dans le cas de la Côte d’Ivoire.
Accusé par ses adversaires républicains et les spécialistes de l’Afrique d’avoir été peu présent sur le continent depuis son discours d’Accra sur la nécessaire démocratisation de la région, Obama a été très actif sur le volet politique de la crise ivoirienne, quand celle-ci a éclaté cet hiver au lendemain des élections, qui ont donné la majorité à Alassane Ouattara.
Œuvrer ensemble
En concertation étroite avec l’ONU, l’OUA et la France, il a activement contribué à l’isolement et aux sanctions mises en place contre le président sortant Gbagbo. Très loin de la rivalité franco-américaine, qui avait prévalu par exemple pendant la crise du Rwanda, Paris et Washington ont travaillé main dans la main pour le pousser à partir, œuvrant ensemble à une gestion africaine de ce défi.
«La vision stratégique de la France recoupe la nôtre: démocratie, développement, droits de l’homme, confiait en janvier au Figaro la sous-secrétaire aux affaires africaines du département de la Défense, Vicky Huddelston. Nous avons intérêt à coopérer pour ne pas superposer les efforts, vu les moyens limités que la France et les États-Unis peuvent mobiliser». «Notre objectif est aussi de développer les capacités militaires africaines à travers Africom», expliquait-elle.
C’est dans le prolongement de cette logique, que les États-Unis ont appelé la France et l’Onuci à intervenir vendredi dernier, pour protéger les populations. Pas question d’aller là où les Français, présents sur place avec 1500 soldats, sont les mieux armés pour agir. «De ce point de vue, nous sommes totalement en phase, note un diplomate français. Certains Européens veulent que les Américains fassent tout, mais nous sommes, de fait, prêts à partager le fardeau là où c’est possible.»
Mise en péril de l’opération
Dans le cas de la Libye, la mise en retrait des États-Unis, qui ont retiré mardi leurs avions du théâtre d’opération, expliquant qu’ils n’enverraient plus que des appareils destinés au ravitaillement et au renseignement, est plus problématique. Les alliés de l’Otan, France y compris, ne possèdent pas les avions d’attaque au sol aux capacités très spécifiques, que les Américains avaient engagés dans la bataille pour traquer les forces de Kadhafi, «ce qui pourrait mettre en péril l’opération», avertissait vendredi le sénateur McCain dans une interview au Figaro. Surtout, Français et Britanniques estiment que le «signal politique envoyé par ce retrait n’est pas bon au moment où le soutien autour de Kadhafi s’effrite et où il faut maintenir la pression», notait mardi un diplomate français.
À la demande pressante de Paris et de Londres, les Américains ont accepté de prolonger leurs sorties le week-end dernier. Mais depuis mardi, ce retrait est effectif. La Maison-Blanche juge visiblement nécessaire de porter ses efforts sur d’autres dossiers. Notamment, celui de la succession au Yémen, où les Américains sont très impliqués, pour tenter d’y préserver leurs intérêts et leurs relais pour la lutte antiterroriste.
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http://www.lefigaro.fr/international/2011/04/05/01003-20110405ARTFIG00720-obama-se-met-au-second-plan-en-cote-d-ivoire-et-en-libye.php
Posté par rwandaises