Kigali, 21 avril 2011 (FH) – Les tribunaux de l’église catholique, régis par le droit canon, n’ont pas encore jugé les prêtres accusés d’avoir joué un rôle dans le génocide des Tutsis d’avril à juillet 1994 au Rwanda, apprend-on de source ecclésiastique.
Même s’ils sont jugés et condamnés par les juridictions nationales ou par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), les hommes d’église doivent obligatoirement comparaître devant les tribunaux ecclésiastiques avant d’être punis ou blanchis, en vertu du droit canon.
« Ce n’est pas évident que les tribunaux de l’Eglise, prévus par le droit canon, adhèrent aux conclusions des tribunaux classiques », a expliqué à l’agence Hirondelle Monseigneur Servilien Nzakamwita, président de la Commission Justice et Paix, au sein de l’Eglise catholique du Rwanda.
Servilien Nzakamwita est l’évêque du diocèse de Byumba, dans le nord du Rwanda.
Certains ecclésiastiques dont les abbés Athanase Seromba et Emmanuel Rukundo jugés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), ont été déjà condamnés pour leur rôle dans le génocide.
Selon Mgr Nzakamwita, le tribunal ecclésiastique du Rwanda peut juger des affaires de génocide si il est saisi par les diocèses dont dépendent les suspects.
Parmi les sanctions prévues par le droit canon, figure l’excommunication – la plus lourde.
Pour le moment, aucun cas lié au génocide n’a été porté devant le tribunal ecclésiastique du Rwanda présidé par Mgr Augustin Misago, évêque de Gikongoro (sud).
Cette situation révolte certains membres de la communauté catholique rwandaise. Ainsi, durant une semaine de prières organisée du 15 au 19 avril à la cathédrale de Butare (sud) pour la commémoration du génocide et pour la période pascale, un groupe de religieux n’a pas hésité à affirmer que cette attitude de l’Eglise frise « le négationnisme et la banalisation du génocide ».
« Comment peut-on excommunier une femme qui a eu un enfant adultérin et ne pas le faire pour des prêtres qui ont tué leurs ouailles et/ou détruit leurs églises ! », s’est indigné l’un d’eux, en pointant du doigt les abbés Seromba et Rukundo.
Le groupe a par ailleurs appelé à des cérémonies spécifiques à la mémoire des prêtres et religieux tués pendant le génocide, dont certains par leurs collègues.
Selon Mgr Nzakamwita, la conférence épiscopale a décidé que le troisième samedi du mois d’avril, une messe en mémoire de tous les religieux et autres victimes du « génocide et de la guerre », ait lieu dans toutes les paroisses.
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