Par Laurent Rukwavu
Vendredi 6 mai à 19 heures, sur le campus de Villeneuve d’Ascq, l’Association des Etudiants Rwandais de Lille (AERL),France, nous avait conviés à une soirée « Présentation de l’association et Danse traditionnelle ».
Le public était varié et de toutes générations. Quelques enfants, beaucoup de très jeunes étudiants,(certains ne sont arrivés en France que depuis l’été dernier), d’autres sont en fin de second cycle universitaire. L’éternel renouvellement de la population estudiantine.
Il y avait aussi des amis Français, des étudiants Burkinabé, beaucoup d’amis Burundais. De nombreux Rwandais, bien sûr, hommes et femmes, qui pourraient être les parents ou les grands-parents de cette jeunesse. La salle « Espace et Culture », prêtée par l’université de Lille1, était comble.
Ambiance de campus : joyeuse et décontractée. Sous des dehors d’amateurs, les étudiants rwandais nous ont offert une soirée soignée et organisée comme une feuille à musique.
Justement, revenons à la musique et à la danse.
Deux troupes de danseurs, des jeunes hommes et des jeunes filles, se succédant sur la scène, se sont livrées une formidable compétition pour nous faire apercevoir la danse traditionnelle rwandaise.
Danse traditionnelle: de jeunes gens « motivés » nous ont montré ce qu’est la danse des Intore. Cette danse que les Européens ont appelé, en toute simplification, «danse guerrière», mais que les Rwandais considèrent comme une «école» où l’on apprend surtout les valeurs humaines: bravoure, estime de soi et fraternité. Et où tout n’est pas que danse. Ce soir-là, nous avons assisté à des pas de danse qui valent des leçons de sagesse et de philosophie, une remémoration de notre culture poétique.
Danse traditionnelle aussi: des princesses « paysannes », d’une inégalable beauté, dans un accoutrement convenu, ont exécuté des danses sublimes. Les figures compliquées deviennent pour ces jeunes filles d’une banale facilité. Les pseudo-paysannes nous ont carrément fait oublier qu’elles sont de redoutables assoiffées de sciences, qu’elles préparent rigoureusement leur master 2 en chimie ou en économie et qu’elles seront demain nos leaders en beaucoup de domaines. Grâce. Harmonie.
Danse traditionnelle enfin: la communion est venue quand la troupe des jeunes hommes, en bleu, a « croisé le fer » avec le choeur des jeunes filles, en rouge vif. Ils appellent cela une danse mixte. La scène devenant trop petite, il a fallu que ce ballet de vingt danseurs et danseuses envahissent, jovialement et affectueusement, d’un pas décidé, la salle des invités et entraînent la foule dans leur tourbillon. Rythme familier. Emotion. Réconfort.
L’animateur de la soirée, Byusa, et le président de l’association, Anatole Manirarora, danseur remarquable, nous ont, bien sûr, parlé de leurs autres objectifs : la solidarité, l’accueil des nouveaux arrivants, et d’autres choses.
Le public a été touché par leurs paroles. Mais c’est par la danse et les chants que ce même public a saisi la vraie dimension de la culture rwandaise. La poésie rwandaise est une composante de sa sagesse. Dans le deuil ou la joie, cette poésie rythme la vie. Cela est une constante. Une permanence. Les « enfants » de Villeneuve d’Ascq le savent de naissance. Cela s’appelle la culture et la langue maternelles.
Nous disons à tous les étudiants de l’association: merci d’avoir créé un « chez- nous » à Lille. Tubakomeye amashyi. Longue et prospère vie à l’Association des Etudiants Rwandais de Lille. Vous êtes cent aujourd’hui, soyez cinq cents demain. Murakagwira.
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