Les conditions sont aujourd’hui réunies pour que l’Afrique renaisse enfin. Après la très longue nuit d’esclavage, de colonisation, de néocolonialisme, de l’exploitation et de la domination éhontée, cette renaissance est la seule condition pour un véritable décollage du continent mère de l’humanité et de la civilisation. Il y a cependant des obstacles objectifs à cette reprise en main de notre destin. Ceux-ci n’ont non seulement pas la même importance, mais certaines ne peuvent céder que si d’autres sont d’abord levés. C’est le fameux système du château de cartes. Comme l’a soutenu le Président Thomas Sankara, il est toujours intelligent et indispensable d’avoir « la science de son malheur », sans quoi, aucune solution n’est possible.
Dans ce sens, il nous semble que l’action qui conditionne les autres, le déclic du décollage de l’Afrique, c’est de quitter l’ONU et tous ses démembrements. Si cela est nécessaire, il n’est cependant pas suffisant. La condition suivante et qui d’une certaine manière conditionne même le premier mouvement, c’est la Fédération africaine, ou l’Unité de l’Afrique ! Tout simplement parce que sans cette dernière, on ne pourra pas quitter l’ONU, et cela du fait que n’importe lequel de nos pays qui quitte seul cette organisation, ne pourra pas tenir un an ! Il faut aussi ajouter que quitter l’ONU nous obligera à nous unir ! Il sera donc entendu que les deux actions doivent être entreprises simultanément.
Quitter l’ONU pourquoi ? Parmi une flopée de raisons, citons-en une. Depuis les fameuses indépendances de nos pays, et cela depuis un demi siècle, l’Afrique serait toujours à la périphérie du monde, avec paraît-il seulement moins de 3% des richesses mondiales. On dit même que sans l’Afrique du sud, ce pourcentage se réduirait presqu’à zéro ! Certains de nos » amis » soutiennent sans rire, que si notre continent était effacé d’un coup de dé magique, le monde se rendrait à peine compte que quelque chose se serait passé !!
Alors pourquoi se donner autant de mal, pour des gens qui refusent, parce qu’ils détiennent les rênes du monde, de reconnaître tout ce qu’ils doivent à l’Afrique ? J’ai entendu naguère une sagesse soutenir que « Lorsqu’une personne feint de ne pas savoir où se trouve sa maison, laisse-là tranquille. La pluie lui fera sûrement retrouver sa demeure » ! Puisque nous sommes si négligeables en effet, puisque nous sommes si lourds pour les épaules de nos « vaillants amis », allégeons-leur la tâche, en les laissant tranquilles ! Si nous devrions y perdre quelque chose, si même nous devrions en mourir, nous aurions au moins tenté de garder au-delà de la vie, autre chose d’essentiel, notre dignité ! Cela ne fait-il pas mal, l’histoire de ce moustique que le président Thomas Sankara qualifierait de « sottement prétentieuse », qui, avant de quitter le grand baobab sur la feuille duquel il est perché dit à l’arbre : « Tiens-toi bien, je vais m’envoler. » ?!
Je comprends difficilement comment des gens qui passent leur temps à s’approvisionner chez nous depuis si longtemps, ne reconnaissent jamais ce qu’ils doivent au continent noir ! Les Africains devraient préférer la mort à cette honte perpétuelle, qui consiste à nous laisser continuellement sucer, alors que dans le même mouvement, ceux qui nous sucent, nous insultent et nous flagellent simultanément !?
Que risquons-nous à quitter un organisme où nous n’avons la moindre chance qu’on nous respecte un jour ? La mort au pire ?! Mais cette mort ne serait-elle pas mille fois mieux, que cette humiliation incessante ? Et d’ailleurs, avant que ces grands maîtres n’arrivent, mourrions-nous comme des mouches ? N’est-ce pas les mêmes qui, sans aucun repère moral, nous sucent pire que des cannibales et ont mis tout en œuvre pour venir nous envahir afin de faire main basse sur nos richesses ? Oui, l’Afrique doit immédiatement quitter l’ONU ! « C’est la seule façon de vivre libre et de vivre digne… ».
Je ne parlerai pas de Patrie…ou de mort ! « Reprendre son ancienne femme, comme le soutenait l’ancêtre Amadou Hampâté, ce n’est nullement de la débauche, mais tout simplement reconnaître son tort. » N’est-il pas enfin temps que les Africains que nous sommes, reconnaissions notre tort !!!
Par Bétéo D. Nébié (neb_beteo@yahoo.fr)