Kigali, 17 août 2011 (FH) – La principale organisation de rescapés du génocide de 1994 s’est indignée de l’acquittement d’un ex-conseiller du président Juvénal Habyarimana, et a appelé la police à le surveiller de près pour qu’il ne quitte pas le pays.

Runyinya Barabwiriza, qui était en prison depuis plus de 16 ans, a été lavé le 11 août des accusations de planification du génocide, incitation au génocide et association de malfaiteurs. Libéré le lendemain du prononcé du jugement, il se trouve actuellement à Kigali, selon son avocat rwandais Protais Mutembe.

Dans un communiqué reçu mercredi à l’agence Hirondelle, l’association Ibuka (souviens-toi, en langue rwandaise) « demande aux forces de sécurité de surveiller de près le docteur Runyinya Barabwiriza pour qu’il ne fuie pas » le Rwanda.

Ibuka « n’apprécie pas la décision du tribunal d’acquitter » l’ancien collaborateur du président Habyarimana, poursuit l’organisation, en exprimant son soutien à la décision du procureur de faire appel.

Runyinya Barabwiriza comparaissait depuis avril dernier devant le tribunal de grande instance de Huye. Le 28 juin dernier, le procureur John Museruka avait requis la perpétuité, peine maximale au Rwanda.

Mais le tribunal de grande instance de Huye a relevé des contradictions dans les différents témoignages à charge et prononcé l’acquittement.

Parallèlement à ses fonctions à la présidence, Runyinya Barabwiriza enseignait à l’Université nationale du Rwanda (UNR). Il avait également occupé, à partir de juin 1993, la présidence du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), pour la préfecture de Butare.

Dans un récent rapport, la Commission nationale rwandaise des droits de l’homme avait appelé en vain à la remise en liberté immédiate du botaniste, arguant qu’il n’était pas au Rwanda pendant le génocide. Du 6 avril au 5 juillet 1994, il était en effet resté bloqué à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, en tant que membre de la délégation du président Habyarimana tué dans l’attentat contre son avion.

Lorsqu’il a présenté cet alibi devant le juge, le procureur lui a répliqué qu’il avait planifié le génocide avant le 6 avril 1994 et que les massacres perpétrés après cette date n’étaient que la conséquence logique de sa campagne préparatoire. « Personne ne peut ignorer le rôle des intellectuels de l’université du Rwanda, qui ont été à l’avant-garde de la préparation du plan du génocide des Tutsis », estime Ibuka, dans son communiqué en langue rwandaise.

Après son retour au Rwanda le 5 juillet 1994, Runyinya s’était d’abord rendu à Cyangugu (sud-ouest) avant de regagner Kigali où il fut arrêté deux mois plus tard.

Originaire de la préfecture de Gikongoro (sud), l’accusé a fait ses études supérieures à l’Université Nationale du Rwanda (UNR), puis à l’Université Catholique de Louvain, en Belgique et enfin à l’Université de Gembloux, toujours en Belgique, l’ancienne puissance coloniale de son pays.

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Posté par rwandanews