Paris, 6 septembre 2011 (FH) – Une nouvelle plainte a été adressée vendredi au parquet de Pontoise, en région parisienne, contre une personne suspectée « d’avoir planifié le génocide des Tutsi dans la région de Murambi » au Rwanda, a annoncé samedi dans un communiqué le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR).

 

L’association, à l’origine de plusieurs enquêtes ouvertes en France contre des résidents d’origine rwandaise, soupçonne Manassé Bigwenzare, âgé de 76 ans, selon sa fiche Interpol, d’avoir « planifié, organisé et ordonné le génocide des Tutsi en avril 1994 dans la région de Murambi » en compagnie de l’ancien bourgmestre de cette commune du Sud du Rwanda, Jean-Baptiste Gatete, lui-même condamné à perpétuité en première instance par le Tribunal international pour le Rwanda (TPIR), le 29 mars 2011.

Dans sa plainte, le CPCR accuse notamment M. Bigwenzare d’avoir pris part au massacre de l’église de Kiziguro, le 11 avril 1994, toujours en compagnie de l’ancien bourgmestre, alors directeur au ministère de la Promotion féminine.

Selon Emmanuelle Debouverie, l’avocate chargée par le CPCR de porter la plainte adressée au parquet de Pontoise, Manassé Bigwenzare avait présidé, avant 1994, le tribunal du canton de Murambi. L’avocate ignore toutefois quelle fonction il exerçait au Rwandais à l’époque du génocide, ainsi que le statut sous lequel l’homme vivait sur le territoire français.

« Beaucoup d’éléments restent encore inconnus à son sujet et il s’agit pour l’instant de présomptions que nous portons à la connaissance de la justice française », précise l’avocate.

Onze témoignages ont été joints, indique-t-elle, à la plainte adressée vendredi par le CPCR. Des témoignages qui avaient été recueillis par le procureur de Kigali pour soutenir le mandat d’arrêt international lancé par le Rwanda contre Manassé Bigwenzare, le 11 décembre 2008.

M. Bigwenzare n’est toutefois pas cité dans le jugement prononcé par le TPIR contre son présumé complice dans la commission des crimes, Jean-Baptiste Gatete.

Jointe au téléphone par Hirondelle, l’avocate parisienne de Jean-Baptiste Gatete indique qu’elle n’a « pas entendu le nom de M. Bigwenzare dans toute la longue procédure » intentée devant le TPIR contre son client, actuellement en appel. « On ne peut que s’étonner, commente Marie-Pierre Poulain, que presque systématiquement toutes les élites de l’ancien régime rwandais se soient retrouvées, souvent bien tardivement, sur les listes du régime de M. Kagamé. »

La plainte déposée par le CPCR, si elle est acceptée par le parquet de Pontoise, sera alors transmise aux juges d’instruction du tribunal de grande instance de Paris en charge des dossiers rwandais, pour lesquels vingt informations judiciaires sont actuellement ouvertes en France.

FP/ER/GF

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