Selon la clause de cessation des réfugiés rwandais développée par les autorités de Kigali, d’ici le 31 décembre 2011, tous les Rwandais qui sont à l’extérieur de leur pays et qui n’auront pas pris la décision d’y retourner, vont perdre leur nationalité d’origine. Conséquemment, les 45.000 réfugiés rwandais qui sont au Sud-Kivu et les 120.000 qui sont au Nord-Kivu, seront tous considérés comme Congolais. *Un fourre-tout que le gouvernement congolais ne doit pas tolérer, lui qui doit se prononcer avant qu’il ne soit trop tard. Le gouvernement qui est beaucoup préoccupé par la tenue des élections, doit se ressaisir et dénoncer ce comportement belliqueux du Rwanda qui sait quand même qu’en telle matière, le consensus est requis entre toutes les parties intéressées. *Accepter tous ces réfugiés dont certains portent les armes et d’autres recherchés par la Cour pénale internationale (CPI), serait suicidaire pour la Rd Congo, qui peine toujours à sécuriser toute sa partie Est.

Hier, c’était les militaires angolais et les rebelles indépendantistes de l’enclave du Cabinda qui sont venus s’affronter en Rd Congo (Bas-Congo), exposant plusieurs congolais. Il faut aussi noter la sortie médiatique du ministre de l’Intérieur du Congo-Brazzaville qui a failli provoquer un énième contentieux entre les deux capitales les plus rapprochées du monde. Aujourd’hui, c’est le tour du Rwanda de brandir sa menace. Cette menace n’est autre que la fameuse « Clause de cessation des réfugiés rwandais » brandie par Kigali. D’après cette démarche qui, du reste, est unilatérale des autorités du Rwanda, d’ici le 31 décembre 2011, tous les Rwandais qui sont à l’extérieur de leur pays (réfugiés) et qui n’auront pas pris la décision de rentrer chez eux, vont perdre leur nationalité d’origine. Comme conséquence, ils seront tous considérés comme des Congolais et désormais, le gouvernement devra tout faire afin de les traiter par rapport à leur nouveau statut.

A lui seul, le Sud-Kivu compte 45.000 réfugiés rwandais et le Nord-Kivu en compte 120.000. Si donc au 31 décembre ils ne rentrent pas dans leur pays d’origine, ils seront déchus de leur nationalité rwandaise et c’est la Rd Congo, pays qui les héberge par respect des conventions internationales qui payera les conséquences de sa bonne foi.

Non à l’unilatéralisme

En effet, les 45.000 personnes qui sont au Sud-Kivu et les 120.000 au Nord-Kivu sont des gens qui généralement portent des armes et certains d’entre elles sont même recherchées par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. Les accepter comme tels en Rd Congo, pays qui est encore en train de panser ses plaies, n’est pas du tout intéressant, surtout qu’ils sont capables de tout faire. Et s’ils ne rentrent pas dans leur pays d’origine, il y a risque que naissent d’autres contentieux entre les deux pays qui ont déjà enterré leur hache de guerre depuis peu. Voilà pourquoi la Rd Congo doit réagir le plus rapidement possible, surtout qu’en telle matière, cette clause ne peut pas être décrétée unilatéralement par le Rwanda. Ces réfugiés ont toujours été gérés par la tripartite et il n’appartient pas à un seul pays de décréter que tel n’est plus réfugié.

Les participants à la Conférence internationale sur la problématique de la présence permanente des combattants rwandais FDLR dans les provinces Est de la Rd Congo ont organisé ces assises, pour permettre aux autorités de la Rd Congo de prendre position. Surtout qu’elles sont pour l’instant intéressées par la question des élections dont la date est maintenue au 28 novembre 2011. Dans leurs recommandations, ils exigent que la communauté internationale mette en place des dispositions pouvant faciliter la relocalisation des réfugiés rwandais dans d’autres pays, car tant qu’ils seront en Rd Congo, cela sera une source d’insécurité pour la région. Ils demandent au gouvernement rwandais de publier une loi d’amnistie générale à tous les réfugiés se trouvant en Rd Congo et partout ailleurs. De même, les participants ont demandé au Secrétaire général de l’ONU de nommer un Chargé de plaidoyer pour jouer le rôle de facilitateur dans la poursuite du rapatriement des réfugiés.

A quoi rime la démarche du Rwanda ?

C’est le moment de nous poser la question de savoir, à quoi rime la démarche unilatérale du Rwanda ? En effet, pour tous ses neuf voisins, la Rd Congo semble être encore considérée comme un « Etat faible ». Voilà pourquoi n’importe qui peut toujours tenter son aventure, à condition qu’elle mette mal à l’aise ce géant qui peine à se relever. Car on ne comprend pas, pendant que les deux chefs de l’Etat se sont retrouvés à Goma pour faire la paix, l’un d’entre eux prenne l’initiative unilatérale de décréter la clause de cessation des réfugiés rwandais. Une telle démarche devait impérativement obtenir le consensus de trois parties, soit la Rd Congo, le Rwanda et le HCR, pourquoi pas l’avis des réfugiés eux-mêmes. Comme pour dire que l’autre partie n’a pas droit à la parole, doit tout simplement exécuter tout ce qui sera décidé, sans donner ne fusse qu’un petit commentaire.

Lorsque nous apprenons que le gouvernement de la Rd Congo n’en est pas encore saisi, pendant que l’Eglise du Christ au Congo (ECC) qui a organisé les assises est très préoccupée, on ne peut qu’exprimer notre étonnement. C’est dans ces matières qu’il faut apprécier l’efficacité d’une diplomatie, surtout que la date du 31 décembre est en train d’approcher dangereusement. Si le Congo doit aller de l’avant, nous devons désormais briser avec la surprise dans la gestion de la « res publica », car gouverner c’est prévoir, dit-on.

En effet, depuis plusieurs années, le Rwanda a toujours considéré les réfugiés de son pays sur le territoire de la Rd Congo comme étant une menace à prendre au sérieux. Ce qui est tout à fait normal, surtout que nombreux, comme nous venons de le dire, ont encore leurs armes. C’est le cas des FDLR et autres. Mais là où l’on ne partage pas la démarche, c’est lorsque le Rwanda veut attribuer à la Rd Congo la responsabilité, pays d’accueil de ces citoyens du monde.

Au-delà de cette question, comment le Rwanda peut-t-il donner ce délai, pendant qu’il n’a pas pris des mesures pour que ses compatriotes soient accueillis dans de bonnes conditions. Entre autres des structures qu’il doit mettre en œuvre, d’adopter une loi d’amnistie pour tous les réfugiés qui sont en Rd Congo ou ailleurs. Car, comment convaincre un réfugié à retourner dans son pays, lui qui sait au moins qu’il va passer toute sa vie en prison ? Il faut donc éviter de faire une chose et son contraire à la fois. Sinon, même s’il faut leur accorder une année, ils ne retourneront jamais au Rwanda.

Il faut aussi éviter qu’une certaine méfiance se crée entre parties, surtout lorsqu’on sait qu’en décrétant la clause, le Rwanda peut toujours avoir un agenda caché. Cet agenda peut être un déficit constaté dans les structures d’accueil. Car, comme tout le monde le sait, le Rwanda, pays de mille collines, n’est pas toujours doté d’un espace sensé convenir à tous ses citoyens. Pour certains, le Rwanda peut avoir opté de se débarrasser d’une catégorie de ses citoyens faute d’espace. Un peu comme un parent qui dirait à son enfant majeur de se débrouiller. Même si tel est le cas, la manière de procéder n’est pas bonne, car elle fait toujours appel au consensus entre parties.

La problématique de l’espace vital, de l’eau, de l’énergie, de la forêt, sont des questions qui doivent interpeller les dirigeants congolais, pour ne pas être surpris un jour. Ils doivent avoir en tête que le Créateur a doté les Congolais d’un pays riche, des espaces vastes, mais qui de fois ne sont pas mis à profit pour la population congolaise. A un certain moment, les Congolais ne doivent pas voir d’un mauvais œil si des convoitises se manifestent de par le monde. Car tout est question de développer une diplomatie de bon voisinage avec les différents protagonistes.

JMNK

 

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