Le président Barack Obama vient d’autoriser une centaine de soldats américains équipés pour le combat à se déployer en Afrique centrale pour aider les forces de la région œuvrant à faire quitter le champ de bataille à Joseph Kony, le chef de l’Armée de résistance du seigneur (Lord’s Resistance Army ou LRA). * Un premier groupe de conseillers américains est arrivé mercredi en Ouganda et d’autres suivront au cours du mois dans les pays voisins : République démocratique du Congo, Centrafrique et Soudan du Sud. Ces soldats américains ne combattraient pas directement les rebelles, mais fourniront des renseignements, des conseils et une aide. *Au-delà de la volonté du gouvernement américain de combattre la LRA, les gouvernements de la Région (Ouganda, Rd Congo, RCA et Soudan) auront échoué à leur tâche primordiale de protéger et de sécuriser leurs populations respectives contre cette machine à tuer qu’est l’Armée de Résistance du Seigneur de Joseph Kony.

Pour la Rd Congo, l’Ouganda, la RCA et le Soudan, l’Armée de Résistance du Seigneur de Joseph Kony était devenu une menace tant pour les populations locales de ces pays concernés, que pour quiconque oserait passer par leur chemin. Dans tous ces pays de la région, plusieurs stratégies ont été montées, mais jamais on est parvenu à mettre la main sur Joseph Kony. Et pourtant, plusieurs observateurs privilégiaient une stratégie régionale pour en finir avec l’Armée de la Résistance du Seigneur. Voilà pourquoi le président ougandais Museveni s’est efforcé de convaincre le Sud-Soudan et la Rdc de participer à une opération militaire conjointe contre la LRA.

Pour cela, il a dû surmonter leur défiance à l’égard de l’armée ougandaise, notoirement connue pour ses exactions contre les civils et l’exploitation illégale de ressources naturelles sur le territoire de ses voisins. Les Etats-Unis ont également usé de leur poids diplomatique pour faire avancer les discussions. Même si le Sud-Soudan et le Congo ont finalement donné leur accord, l’Ouganda a compromis ses propres chances de succès en négligeant de coordonner son action avec ses partenaires, leur donnant ainsi peu de raison de s’engager dans la lutte contre la LRA. En l’occurrence, le mauvais temps et des fuites ont fait échouer l’opération Lightning Thunder dans son objectif premier, à savoir l’élimination de Kony.

Selon une étude de l’Ong International Crisis group, un manque de planification à long terme a ensuite permis à la LRA d’effectuer une sanglante démonstration de force contre les civils congolais. La LRA a depuis profité de l’incapacité du Congo, du Sud-Soudan et de la Centrafrique à contrôler leurs zones frontalières. Des petits groupes rapides de la LRA attaquent ainsi les villages non-protégés pour se ravitailler en nourriture et en habits et capturer de nouvelles recrues, avant de retourner se cacher dans la forêt. Les tueries et les mutilations font partie de la stratégie de terreur de la LRA visant à dissuader les survivants de coopérer avec l’armée ougandaise ou les autres armées nationales.

Même avec l’aide de l’imagerie satellitaire et des moyens d’écoute américains, l’armée ougandaise, la seule force véritablement engagée dans cette chasse à l’homme, a connu de grandes difficultés pour suivre la trace de ses cibles. Censée être une offensive soudaine et fatale, la mission d’origine s’est progressivement transformée en une lente et très coûteuse campagne d’usure à travers trois pays. Elle a aussi engendré des coûts humains inacceptables au sein de la population civile locale, et n’a pratiquement pas été tenue responsable de l’absence de protection des civils. En raison de la faiblesse de ces trois forces de sécurité étatiques et des moyens limités des missions des Nations Unies au Congo et au Sud-Soudan, les civils n’ont eu d’autre choix que de se débrouiller par eux-mêmes, ce qu’ils ont réussi à faire dans bien des cas.

La loi Barack Obama

Au regard de tout ce qui vient d’être dit et compte tenu de l’incapacité des pays concernés à assurer la sécurité de leurs frontières et de celle de leurs populations, le président américain, Barack Obama, a promulgué il y a peu à Washington une loi visant à combattre les rebelles ougandais de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA). Ces derniers ont commis beaucoup d’atrocités en Afrique centrale, notamment dans la Province Orientale, en République démocratique du Congo.

Selon cette loi, les Etats-Unis doivent protéger les civils contre la LRA. De ce fait, il faut appréhender le leader de cette rébellion, Joseph Kony, ainsi que ses hauts commandants et les traduire en justice, recommande le texte. En plus, le texte préconise le désarmement et la démobilisation du reste des combattants de cette rébellion. Il demande à Barack Obama de lever une stratégie globale afin de mettre définitivement fin aux violences perpétrées par la LRA.

Barack Obama appuie sur l’accélérateur

En leur qualité de gendarme du monde, les Etats-Unis ne pouvaient pas assister à une disparition et un enlèvement perpétuels des milliers des ressortissants de quatre pays concernés par les atrocités de la LRA. Raison pour laquelle le président Barack Obama a annoncé vendredi dernier avoir autorisé une centaine de soldats américains équipés pour le combat à se déployer en Afrique centrale pour aider les forces de la région œuvrant à faire quitter le champ de bataille à Joseph Kony, le chef de l’Armée de résistance du seigneur.

Selon une dépêche, un premier groupe de conseillers américains est arrivé mercredi en Ouganda et d’autres suivront au cours du mois dans les pays voisins : République démocratique du Congo, Centrafrique et Soudan du Sud. Il s’agit du plus important déploiement de troupes en Afrique annoncé par Washington depuis le sanglant fiasco de l’intervention en Somalie en 1993.

L’administration Obama a tenu à préciser que les soldats américains ne combattraient pas directement les rebelles. « Nos forces fourniront des renseignements, des conseils et une aide », a assuré M. Obama. Pour rappel, la LRA est accusée de massacres de civils, de mutilations et d’enrôlement forcé d’enfants. En vingt ans, les combats entre la guérilla et les forces ougandaises ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts et 1,8 million de déplacés. Ces affrontements ont cessé en 2006, au lancement d’un processus de paix, mais la LRA est depuis demeurée active dans les pays voisins. La semaine dernière, le responsable de la zone Afrique pour l’armée américaine, le général Carter Ham, a affirmé que Kony, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, se trouvait « probablement » en Centrafrique. Toutefois, des partisans de la LRA ont souligné que les raisons profondes de la rébellion ne seront pas traitées par la violence.

Les réactions dans la région

L’Ouganda, la RD-Congo, le Soudan du Sud et la Centrafrique ont salué samedi la décision des Etats-Unis de déployer dans le centre de l’Afrique une centaine de militaires pour aider à la lutte contre la rébellion de l’Armée de la résistance du seigneur (LRA). « Nous saluons cette initiative. Nous l’attendions depuis longtemps », a commenté le ministre ougandais des affaires étrangères par intérim Henry Okello Oryem. La LRA, réputée l’une des guérillas les plus brutales du monde, a sévi à partir de 1988 dans le nord de l’Ouganda, mais ses combattants se sont installés depuis dans les pays voisins.

Pour Lambert Mende, porte-parole du gouvernement de la Rdc, cet effort américain prolonge une collaboration déjà entamée avec les Etats-Unis : « Nous, nous sommes déjà engagés dans une coopération qui nous paraît satisfaisante. » « Il ne s’agit pas d’un déploiement offensif », a-t-il ajouté. « C’est des gens qui viennent pour apporter leur expertise aux forces nationales de ces pays, et aussi en matière de renseignement. » Le porte-parole de l’armée du Soudan du Sud a salué ce déploiement : « tout soutien pour s’attaquer à la LRA est une bonne initiative », a assuré Philip Aguer.

Enfin, la Centrafrique a dit avoir besoin du concours des Etats-Unis pour se débarrasser de la LRA. « La République Centrafricaine a plus que besoin aujourd’hui d’un concours extérieur comme celui des Etats-Unis pour mettre hors d’état de nuire la LRA (…) Il s’agit là d’un concours important que vont apporter les Etats-Unis à la RCA », a déclaré le ministre centrafricain délégué à la Défense Jean-François Bozizé. « La situation que nous connaissons depuis 2008, à travers les incursions de la rébellion ougandaise de la LRA sur notre territoire, est véritablement dramatique (…) Plusieurs centaines de compatriotes ont été tués, d’autres enlevés, ou déplacés, des maisons sont saccagées, détruites, des biens pillés. C’est invivable », a-t-il ajouté

La part de la Rd Congo

Il est vrai que les instructeurs américains ne combattront pas mais auront comme mission principale d’apporter des renseignements, les conseils et l’aide à leurs homologues de la Rd Congo. Ainsi, avec ce bagage, on l’espère, que les FARDC auront la capacité de mettre hors d’état de nuire cette fois-ci la LRA, et ainsi sécuriser et protéger la population congolaise. Mais, on ne peut pas vite croire qu’il y aura nécessairement changement, lorsque les Etats de la Région n’auront pas renforcé la sécurité au niveau de leurs frontières respectives. Car, avec des frontières poreuses comme on en a aujourd’hui, il est difficile pour ces pays de contrôler tous les mouvements. Au-delà de ce qui vient d’être dit, pourquoi le gouvernement de la Rd Congo ne recourait-t-il pas aux conclusions d’une étude de l’Ong International Crisis Group, qui lui déjà en 2010, exigeait le déploiement davantage de soldats et de soutien logistique dans les zones affectées par la LRA afin de fournir des espaces sûrs aux populations, en augmentant les patrouilles de jour et de nuit dans les villages et les routes fréquemment utilisées, particulièrement dans les zones d’habitation les plus importantes ; Travailler avec la population civile pour mettre en place, des comités de sécurité communautaires, non-armés et volontaires, et améliorer ; Réhabiliter les routes dans les zones d’activité de la LRA.

Enfin, donner des instructions pour que les autorités locales, polices et forces de sécurité de ces pays travaillent avec les groupes d’auto-défense issus des communautés locales. Les administrateurs locaux devront répertorier tous leurs membres, convenir par écrit de leurs tâches respectives, planifier et surveiller de près les activités de ces groupes.

JMNK

 

© Copyright L’Avenir Quotidien

Visiter le site de: L’Avenir Quotidien

Posté par http://www.rwandaises.com