« L’initiative de la création de « MASHIRIKA », m’est venue à la sortie de la faculté des Arts dramatiques, à la fin des études universitaires. Quand nous sommes rentrés au pays j’ai été aussi inspirée par Alex Mukuru qui faisait du théâtre contemporain dans ‘Impact International’ », déclare Hope Azeda, fondatrice de Mashirika.

Mashirika est un mot swahili qui signifie mettre en commun les efforts de chacun, la première représentation de Mashirika remonte à 1998, lors d’une pièce de théâtre écrite par Hope Azeda sur la réconciliation, un thème incontournable à l’époque : « Amashyiga ya Sehutsitwa, The firestones of Sehutsitwa ou encore le Foyer de Sehutsitwa ». Cette pièce constituait le mémoire de fin d’études de Hope Azeda. Hope Azeda a développé une toute autre forme de théâtre contemporain que celui qu’elle a appris à l’université.

« Sehutsitwa » est une concoction artistique de plusieurs noms en kinyarwanda qui veut dire ‘Le père du Hutu, du Tutsi et du Mutwa’. Une figure de style visant à exprimer le fait que toutes les trois ethnies du Rwanda ont un seul parent : leur pays. Le groupe a maintenant un effectif de 25 personnes, toutes catégories, genre et âges confondus. Cependant dans les différents spectacles, les castings peuvent changer selon les personnages à incarner sur scène.

Mashirika s’est produit récemment à Gisozi, dans un spectacle virtuel intitulé « Echoes of peace », qui ouvrait la conférence ‘Anna Frank’ de Buffalo Collège de New York aux Etats-Unis. Les participants à la conférence ‘Anna Frank’ ont pu suivre en direct cette présentation qui se jouait à Gisozi au Rwanda. 

« Pambazuka », une pièce de théâtre mettant en scène la vie d’un enfant désespéré car il a été abusé par son père, figure aussi dans l’actif de Masharika, cette pièce visait à guérir les maux psychologiques de la jeunesse, surmonter les barrières des tabous caractérisant souvent notre société.
« Nous ne faisons pas de l’art pour faire de l’art seulement mais pour rendre la société meilleure et plus humaine… », Martèle Hope Azeda.

« Les Rwandais aiment bien les arts, mais seulement ils ne s’informent pas suffisamment quant à la date des spectacles artistiques », continue-t-elle.

En milieu rural les Rwandais sont nombreux à assister aux représentations éducatives de Mashirika, mais leur nombre est moins élevé en milieu urbain. « La passion de l’art dépend du niveau personnel de civilisation et d’éducation », souligne Hope Azeda.

On ne peut acquérir la passion des arts à l’âge adulte si on ne l’a pas acquise dès le plus jeune âge, dans notre conception [rwandaise, Ndlr] le métier d’artiste est perçu péjorativement, avance Mme Hope.

« Il ne faut pas interpréter nos représentations seulement comme du divertissement, encore faut-il analyser le fond des messages qu’elles véhiculent, côté talent les Rwandais ont du talent mais ils l’utilisent seulement pour le plaisir, or l’artiste est la somme du talent et du professionnalisme », renchérit-elle.

Il faudrait instaurer plus d’établissements avec des facultés d’art. L’art n’est pas seulement un outil de divertissement, mais aussi un outil de transformation socio-économique aussi longtemps qu’on le pratique d’une façon professionnelle.