Les dirigeants des sociétés civiles de l’Angola, du Burundi, de la Centrafrique, du Congo Brazzaville, de la RDC, du Kenya, de la Tanzanie, du Rwanda, de l’Ouganda et de la Zambie se joignent à CARE pour presser les gouvernements à agir contre la violence sexuelle contre les femmes.

Crédit photo © Bronwyn Walker / CARE

A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes, le 25 novembre, CARE et une coalition d’organisations de la société civile de la région des Grands Lacs en Afrique, appellent les gouvernements à se placer en première ligne du combat contre la violence sexuelle et la violence fondée sur le genre.

La violence sexuelle et la violence fondée sur le genre sont considérées depuis longtemps comme des problèmes majeurs qui menacent la sécurité et la stabilité dans la région des Grands Lacs. En 2006, les gouvernements de la région ont signé un protocole[1] visant à réprimer ces violences lors de la conférence internationale sur la région des Grands Lacs (ICGLR en anglais)[2], mais les efforts mis en œuvre pour mettre fin à l’impunité et protéger les femmes et les jeunes filles restent insuffisants.

Le 15 décembre 2011, les chefs d’état des Grands Lacs se réuniront à Kampala en Ouganda en session extraordinaire pour débattre de ce problème. Les militants des sociétés civiles de la région des Grands Lacs pressent les dirigeants à mettre en pratique les grands principes énoncés dans le protocole de 2006.

Le groupe d’organisations attend des chefs d’état qu’ils adoptent les recommandations suivantes :

· déclarer la tolérance zéro dès maintenant face aux crimes de violence sexuelle et fondée sur le genre et mettre fin à l’impunité des criminels ;

· allouer des fonds spécifiques aux programmes de prévention de la violence sexuelle et fondée sur le genre ;

· institutionnaliser la surveillance communautaire et la prévention, l’alerte précoce et les réponses aux problèmes de violence sexuelle et fondée sur le genre, en étroite collaboration avec le secteur des services de sécurité ;

· établir une unité régionale de surveillance de l’impunité d’ici le prochain sommet des chefs d’état puis établir un rapport annuel sur sa progression ;

· mettre en place des fonds de réparation nationaux pour les victimes de violence sexuelle et fondée sur le genre d’ici le prochain sommet ordinaire des chefs d’état dans le cadre de la conférence internationale sur la région des Grands Lacs (ICGLR) ;

· adopter un cadre général de performance de la violence sexuelle et fondée sur le genre (sous la forme d’un index ou d’un baromètre selon des normes et des objectifs précis), donnant l’opportunité à la société civile de présenter des rapports parallèles.

« Dans les pays qui sortent de la guerre, la violence sexuelle continue à hanter les communautés avec lesquelles nous travaillons bien après que les accords de paix aient été signés et que la fin du conflit ait été officiellement déclarée », affirme Lillian Mpabulungi Ssengooba, directrice du plaidoyer à CARE Ouganda. « Le soutien aux victimes de violence sexuelle, à leurs familles et à la communauté doit être considérée comme une partie prépondérante des efforts mis en œuvre pour renforcer la paix et réconcilier les sociétés déchirées par des années de luttes sanglantes et d’impunité ».

« Les femmes et filles ont été confrontées à une violence et une détresse inouïe lors des nombreux conflits qui ont ravagé notre région » dit Leah Chatta Chipepa du comité d’organisation du sommet de l’ICGLR. « La réunion sur la violence sexuelle qui aura lieu en décembre est une sorte de test. Les accords qui parviendront ou ne parviendront pas à passer, détermineront si oui ou non nos gouvernements ont la volonté politique et la capacité de s’accorder sur les moyens pratiques à mettre en œuvre pour protéger plus efficacement les femmes, accompagner les victimes de violence et mettre fin à l’impunité. »

Fondé en 1945, CARE est l’un des plus grands réseaux humanitaires mondiaux, apolitique et non confessionnel. En 2010, CARE était présente dans 87 pays auprès de 82 Millions de personnes. Dans les situations de réponses à l’urgence ou dans des contextes d’aide à long terme, CARE s’attaque aux causes profondes de la pauvreté.

CARE, Dadaab et les violences sexuelles :

Depuis 1991, CARE est la principale organisation de mise en œuvre des réponses d’urgence à Dadaab. CARE distribue de la nourriture, de l’eau, des jerrycans, des bâches en plastique et du savon aux réfugiés. CARE fournit également un soutien et une aide psychologique aux victimes de violences sexuelles. Face à l’afflux massif de ces derniers mois, CARE a augmenté sa capacité de réponse, afin de soutenir les nouveaux-venus, et en particulier les femmes et les filles vulnérables.

En savoir plus sur ces actions.

[1] Le « protocole de prévention et de suppression de la violence sexuelle contre les femmes et les enfants », conformément au « pacte de sécurité, de stabilité et de développement de la région des grands lacs » a été adopté par les chefs d’état et de gouvernement des états-membres de l’ICGLR à Nairobi en décembre 2006 et est entré en vigueur en juin 2008.

[2] La conférence internationale sur la région des grands lacs (ICGLR) est une organisation intergouvernementale des pays de la région des Grands Lacs en Afrique. Elle a été fondée sur l’idée que l’instabilité et les conflits politiques dans ces pays ont une dimension régionale considérable et que par conséquent, ils exigent un effort concerté pour y promouvoir la paix et le développement durable. Parmi les conflits qui ont eu le plus d’impacts transfrontaliers, il y a le génocide de 1994 au Rwanda qui a fait 800 000 morts, et l’instabilité politique en RDC. L’ICGLR se compose de 11 états-membres: l’Angola, le Burundi, la Centrafrique, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie et la Zambie.

www.lepost.fr/article/2011/11/25/2646361_care-et-les-militants-des-grands-lacs-africains-exigent-la-tolerance-zero-face-a-la-violence-sexuelle.html

Posté par rwandanews