Bernard-Henri Levy, le 20 juillet 2011.
Le philosophe affirme avoir tenu délibérement le ministre des Affaires étrangères le plus loin possible du conflit libyen avec l’accord tacite de Nicolas Sarkozy. Il lui reproche sa gestion des conflits au Rwanda et en Bosnie
dans les anné 90
Dans son livre « La guerre sans l’aimer » et dans un entretien à l’Agende France Presse, Bernard-Henri Lévy exprime sa grande méfiance à l’égard du Quai d’Orsay et de son ministre Alain Juppé, avouant avoir voulu le plus possible les tenir à l’écart de ses initiatives sur le conflit libyen.
« Il y a deux choses, il y a l’estime que je peux avoir pour l’homme, qui est vive, et puis il y a le ministre des Affaires étrangères », a affirmé Bernard-Henri Lévy. « Alain Juppé était ministre des Affaires étrangères de la France au moment des deux désastres, des deux hontes, dont ma génération aura été témoin: la Bosnie et le Rwanda », dit-il, en référence au premier passage du ministre au Quai d’Orsay, entre 1993 et 1995.
« Je ne pouvais pas ne pas avoir, à cause de la Bosnie et du Rwanda, une méfiance de principe vis-à-vis d’Alain Juppé. Or, cette fois-ci, je voulais que ça marche. La communauté internationale et mon pays ont manqué le rendez-vous avec Massoud (en Afghanistan). Ils se sont déshonorés en Bosnie. Ils ont, au Rwanda, collaboré avec le pire. Eh bien j’ai tout fait pour que cela ne se reproduise pas avec la Libye », poursuit-il.
L’écrivain rappelle qu’Alain Juppé s’était prononcé début mars contre une intervention militaire en Libye.
Qui ne dit mot consent
Dans son livre, il dit avoir recommandé le 7 mars à Nicolas Sarkozy de tenir Alain Juppé à l’écart des premières initiatives de la France sur la Libye.
« Je dois à la vérité de dire que Sarkozy ne répond rien », explique-t-il. « Au début des choses, je pensais qu’alerter trop tôt les Européens et informer trop tôt la grosse machine du Quai d’Orsay aurait été imprudent », ajoute-t-il.
L’écrivain reconnaît que, par la suite, Alain Juppé a défendu avec « brio » et « détermination » la résolution 1973 de l’ONU, qui a permis l’intervention en Libye.
Le ministre a répondu par l’ironie à ce jugement de l’écrivain. « Si on pense qu’il a sauvé la Libye, pourquoi ne sauverait-il pas la Syrie? », a-t-il lancé ce mercredi sur RFI. « Il est toujours utile d’avoir des intellectuels qui se dévouent pour de nobles causes », a-t-il ajouté. « Bernard-Henri Lévy a une très bonne plume, je ne doute pas que (je) prendrai du plaisir » à lire son livre.
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