Par Fabrice Amedeo
La prison de Scheveningen est conforme aux normes de droit international les plus rigoureuses. Crédits photo : HO/AFP
L’ex président de la Côte d’Ivoire a retrouvé les Serbes Radovan Karadzic et Ratko Mladic ainsi que l’ancien président du Liberia, Charles Taylor dans la prison de Scheveningen.
Callixte Mbarushimana. Crédits photo : © Jerry Lampen / Reuters/REUTERS
Laurent Gbagbo est incarcéré depuis mercredi matin au centre de détention de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Cette prison VIP est hébergée par la prison de Scheveningen, qui se trouve dans le quartier balnéaire de La Haye. Le centre pénitentiaire est un bâtiment chargé d’histoire où de nombreux résistants néerlandais à l’occupation nazie ont été torturés et exécutés. Les autres ailes du bâtiment accueillent des prisonniers de droit commun et un hôpital pour les détenus.
Le Rwandais Callixte Mbarushimana est entré à Scheveningen en janvier dernier. Cet ancien dirigeant des Forces démocratiques de libération du Rwanda est soupçonné de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans les Kivus (République Démocratique du Congo) en 2009.
Radovan Karadzic Crédits photo : © Michael Kooren / Reuters/REUTERS
Mais le détenu le plus célèbre de Scheveningen à ce jour est Radovan Karadzic, l’ex-président des Serbes de Bosnie, arrêté en 2008. Celui qui fut psychiatre et poète à Sarajevo a été le premier dirigeant inculpé par la justice internationale, bien avant son patron yougoslave Slobodan Milosevic, le Tchadien Hissène Habré ou encore, récemment, le président soudanais Omar el-Béchir.
Gbagbo va également côtoyer les 20 personnes inculpées par le Tribunal pénal de Yougoslavie et notamment Ratko Mladic.
Ratko Mladic. Crédits photo : © POOL New / Reuters/REUTERS
Ce voisin de cellule, surnommé le «boucher des Balkans», est accusé de génocide, de complicité de génocide, de crimes contre l’humanité et de violations des lois et coutumes de la guerre par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.
Le militaire serbe qui porte la responsabilité du siège de Sarajevo ainsi que de celui de Srebrenica, a été arrêté puis extradé vers La Haye en mai dernier.
Bien-être mental, physique et spirituel des détenus
Charles Taylor. Crédits photo : © Reuters Photographer / Reuters/REUTERS
Un autre voisin de Gbagbo est la figure centrale des guerres civiles qui ont ravagé le Liberia et la Sierra Leone entre 1989 et 2003 et fait près de 400.000 morts. Il s’agit de Charles Taylor, l’ancien président de la République du Libéria. L’individu a été inculpé en 2003 de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et autres violations du droit international humanitaire par le Tribunal spécial pour la Sierra Léone. Il a été arrêté en 2006 au Nigéria où il vivait en exil puis extradé vers les Pays-Bas.
Tout ce beau monde séjourne dorénavant dans cette prison VIP qui ne ressemble pas aux geôles dans lesquelles ont souvent péri les victimes de ces criminels. Chaque détenu dispose ainsi d’une cellule de 15 m2 ouverte pendant la journée avec un lit, un bureau, un coin cusine, un coin salle de bain et des étagères. Les prisonniers ont accès à internet et au téléphone. Ils peuvent également profiter d’une salle de sport, d’une salle de jeu et disposent d’une «chambre conjugale» pour retrouver leur compagne. La Cour pénal internationale rappelle sur son site internet que le greffier Silvana Arbia, chargé de l’administration du quartier pénitentiaire, «s’efforce de garantir le bien-être mental, physique et spirituel des personnes détenues».
Le règlement de la Cour pénale internationale (CPI) prévoit que tout détenu «comparaît devant la chambre préliminaire en présence du procureur aussitôt après son arrivée à la cour». Cette audience sert à vérifier l’identité du suspect, à l’informer des crimes qui lui sont imputés et des droits que lui reconnaît le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI. Une formalité que devrait accomplir Laurent Gbagbo dans les prochaines heures.
Posté par rwandanews