Rwanda

Gabriel Peries est enseignant-chercheur à l’Université d’Evry/Val d’Essonne. Il est surtout l’un des rares spécialistes civils de la guerre révolutionnaire, cette «septième arme» que les meilleurs officiers français ont découvert en Indochine, puis appliqué en Algérie dans les années 60. Cette «septième arme» a-t-elle été utilisée au Rwanda ? Eléments de réponse.

RFI: Qu’est-ce que c’est la guerre révolutionnaire? Est-ce qu’on peut donner une définition à ce qui est à la fois une pratique et une doctrine…Gabriel Peries: Pour parler de la guerre révolutionnaire, il faut remonter aux théoriciens léninistes qui, les premiers, ont transformé la notion de lutte des classes, comme processus historique de conflit social, en guerre de classes. Ils expliquent que l’on peut utiliser le savoir-faire militaire pour organiser la prise du pouvoir pour réaliser la dictature du prolétariat. De leur côté, les militaires français parlent aussi, pendant toute la période de la guerre froide, de «guerre révolutionnaire». Est-ce à dire que c’est la même chose? Evidemment, on ne voit pas de militaires français prôner la dictature du prolétariat. C’est clair. Néanmoins, les militaires français se sont retrouvés au contact d’un ennemi –c’était la fameuse guerre d’Indochine– qui faisait de la guérilla, prônait la dictature du prolétariat et, en même temps, se dotait de structures militaires et politiques ad hoc. À ce moment-là des officiers supérieurs français ont essayé de comprendre le fonctionnement de cette arme qu’est la structure clandestine. En même temps, l’armée française post-seconde guerre mondiale doit se réorganiser et penser la guerre moderne. Des officiers supérieurs, comme le futur maréchal Delattre dont la pensée s’est articulée à celle d’un colonel très important à l’époque, le colonel Beauffre, vont penser, eux aussi, que la guerre moderne va être une guerre totale. Autrement dit, il s’agit d’impliquer l’ensemble de la population dans un effort de mobilisation de masse, s’articulant aux structures de l’État. Ils s’inspirent de la pensée d’un officier supérieur allemand qui s’appelait Ludendorf. Ludendorf est un pro-nazi antisémite ultra-nationaliste, qui a lutté contre la montée au pouvoir de Hitler, parce qu’ils avaient des intérêts divergents à la prise du pouvoir, mais avec le même type d’idéologie. Il écrit La guerre totale dans les années 30 qui implique, par exemple, que la terreur de masse soit utilisée pour purger l’arrière du front et créer la «cohésion animique de la population avec son chef». Cette doctrine débarque chez nous, en 1946-47.

J’établis quand même le lien entre la nécessité de l’armée française de restructurer son appareil et sa légitimité, après la période pétainiste. En même temps qu’elle fait ce travail, elle se retrouve en Indochine en même temps qu’elle prend contact violemment avec les doctrines Viet-Minh. Là-dessus, des officiers, dont un est très important, le colonel Lacheroy, théorisent la relation entre la guerre moderne, la recherche de la doctrine française idéale qui s’articulent à Ludendorf avec ce qu’ils découvrent sur le terrain, une organisation clandestine. La guerre d’Algérie arrive, et l’armée française est à la fois en recherche et en situation pratique avec ses nouveaux ennemis.

Vous voulez dire qu’en Algérie, l’armée trouve des réponses sur le terrain, c’est ça?
GP: Elle trouve des réponses sur le terrain de façon très empirique, mais avec une toile de fond qui est celle de faire quand même de l’armée une structure d’autorité, une structure d’État. Statut qu’elle a perdu dès la débâcle de 1940. L’armée professionnelle subit ensuite des pertes importantes, des difficultés sur le terrain. Elle impute cela aux politiques et à elle-même, dans un espace de culpabilité permanente. La guerre d’Algérie va être l’occasion de mettre sur le papier l’ensemble de ces expériences-là et de cette demande de l’armée de trouver la bonne doctrine. Ce sera la doctrine dite de «la guerre révolutionnaire». Il faut bien spécifier que ce n’est pas la doctrine marxiste-léniniste, mais la guerre révolutionnaire qui se décline sous toute une série de principes: guerre et action psychologique, c’est-à-dire qu’il faut tenir les populations par un système d’information et de manipulation des affects, y compris les instincts, comme la peur, la terreur, etc. D’un autre côté, il y a le contrôle de l’information, c’est-à-dire qu’il faut informer d’une certaine façon la population, celle qui n’est pas l’ennemi, mais les neutres pour les attirer dans son camp. Enfin, des pratiques de renseignements qui rejoignent les pratiques de terreur de masse: sévices, corps mutilés par exemple, pour faire peur. Enfin, il y a des pratiques de lutte en contre-guérilla avec des aspects spécifiquement militaires dans le cadre rural ou le cadre urbain.

Cela passe par les pratiques de quadrillage et par les pratiques de territorialisation des forces armées. J’explique un peu ce terme barbare. Normalement, une armée protège les frontières contre un ennemi qui, pense-t-on, va nous envahir. Le processus de territorialisation consiste à penser que l’ennemi va être interne et qu’il faut contrôler en surface des parties du territoire ou l’ensemble du territoire, qu’il faut affecter à des officiers supérieurs des divisions en un système de poupées russes, jusqu’à finalement la section, qui contrôle un espace territorial particulier. Imaginons brusquement, une crise interne grave: on déclenche les plans spéciaux de défense interne du territoire, on «territorialise». C’est-à-dire qu’on suspend les libertés fondamentales en donnant toute une série de capacités juridico-politiques aux officiers qui contrôlent des régions. C’est un partage de l’autorité et de la compétence militaire, mais aussi politique. Le territoire va être contrôlé par un militaire, de même que la justice, etc. Dispositif qu’on verra aussi se développer en Argentine, à la même période.

Dans une situation de crise, est-ce que ça veut dire que les militaires prennent la place des politiques?
GP: C’est le gros problème, parce qu’en effet le militaire se substitue à la défaillance du politique lorsqu’il y a une situation de crise interne importante. Normalement, la substitution est contrôlée d’un point de vue juridique et normatif. Or, la tentation, en France et parfois dans d’autres pays, c’est que cette substitution devienne pour le militaire un moyen de revendiquer une place plus forte que le civil en disant: «regardez mon ordre est meilleur que l’ordre politico-civil, l’ordre militaro-politique est meilleur que le civilo-politique». Il y a un phénomène de renversement. Ce système du monopole de la violence légitime est caduque, il ne marche pas, il est en crise, donc le militaire s’autonomise. Il a la puissance territoriale, la souveraineté sur les espaces importants. A partir de ce moment, il se substitue au politique et ça s’appelle un coup d’État.

Alors la pratique de la guerre révolutionnaire se termine forcément par un coup d’État politico-militaire?
GP: C’est une conclusion que l’on peut tirer à partir d’exemples pratiques et historiques. A chaque fois que le militaire applique ce type de doctrine, il débouche immanquablement, à travers toutes les expériences historiques, en Amérique Latine, sur une prise du pouvoir. Je ne connais pas les cas asiatiques, mais à travers le cas argentin ou dans le cas rwandais où ces doctrines ont été appliquées, on se rend compte qu’il y a une substitution, à un moment important, des structures civiles par les structures militaires. Cela peut être des appareils beaucoup plus complexes que des appareils purement militaires, on peut se retrouver devant des structures beaucoup plus grises, mais dont la connexion est importante avec les structures qui gèrent cette violence.

Dans le cas du Rwanda que vous venez d’évoquer, ce coup d’État militaire est suivi directement par un génocide. Est-ce que le concept de guerre révolutionnaire fait appel aussi, dans sa préparation et son application, à ce projet génocidaire?
GP: Non, je pense que là –malheureusement– il y a le génie propre des périodes auxquelles ces doctrines renvoient. Ce sont des doctrines qui transforment en ennemis des membres d’une même collectivité nationale et qui fonctionnent sous la forme d’un processus de nature implacable, pratiquement mécanique. Une fois que le processus est enclenché, l’énergie développée vaut pour une bombe atomique, il va y avoir des dégâts collatéraux énormes: 800 000 morts rwandais, c’est une chose, mais aussi des processus de disparition de gens, d’organisation d’escadrons de la mort, de «terrorisation» de population. Cela peut aller jusqu’au génocide, mais ce n’est pas le projet de la doctrine. La doctrine est un immense instrument avec des normes, des articles, des formations spécifiques. C’est une structure dormante en quelque sorte, qui gère la violence d’État d’une certaine façon. L’autre problème est de savoir qui et comment on déclenche les processus, car ce sont des processus très mécaniques avce des étapes dans l’échelonnement de la violence d’une façon assez complexe. Cette mécanique, clé en main, a été distribuée dans toute une série d’états. Une fois qu’elle se déclenche, on n’arrive pas à l’arrêter, ça prend une dizaine d’années.

Par exemple, on va déclencher par des actes de terrorisme, puis on a des phases de contrôles policiers et d’encadrement des populations. Des systèmes de renseignements se mettent à fonctionner, où il faut trouver du renseignement mais en même temps montrer qu’il y a de la peur en marche. Onretrouve des corps de personnes disparues dans des états plus ou moins avancés de «trucidage». Puis on se retrouve devant des prises de contrôle des structures d’État. Et alors, l’autorité civile devient fantoche, une marionnette ou alors c’est la prise définitive du pouvoir par le militaire. Cela peut durer au moins une dizaine d’années. Après, les systèmes se défont d’eux-mêmes, parce que les niveaux de violence sont tellement grands que la base même de la légitimité disparaît. On tombe dans une situation de crise de légitimité de l’appareil d’État avec des fuites en avant, style crise de Chypre pour les colonels grecs, crise des Malouines pour les généraux argentins, ou finalement, fuite en avant peut-être aussi dans le génocide. Autrement dit, c’est la tentative de contrôle permanent de tout, jusqu’à la destruction définitive de l’appareil d’État et son effondrement.

RFI: On sait aujourd’hui au Rwanda qu’entre 1990 et 1994, la France a déployé un dispositif militaire officiel assez traditionnel d’appui direct au gouvernement en place, mais on sait aussi que ce dispositif a été doublé d’un dispositif officieux, une sorte d’équipe B qui était composée de spécialistes de la guerre révolutionnaire. Cela veut-il dire que la France a préparé ce coup d’Etat politico-militaire?
GP: Peut-être pas directement… Je sais qu’aujourd’hui beaucoup de théories circulent sur le problème rwandais. Peut-être indirectement, peut-être directement… ce sont mes limites. La France a eu deux grandes doctrines: la dissuasion nucléaire, qui était la grande doctrine officielle et l’autre doctrine, celle appliquée pendant la guerre d’Algérie mais que de Gaulle a éliminé du territoire national en mettant de côté les personnes qui avaient été des combattants de la France, en Indochine et en Algérie et des spécialistes de la stratégie indirecte. En fin de compte, on a là un savoir-faire codifié, organisé, un savoir-faire prisé de par le monde. On sait que des officiers supérieurs français sont allés aux États-Unis pour former des cadres américains, ils sont partis en Amérique latine pour former des cadres, des cadres de ces pays là sont venus en France pour être formés, des cadres africains aussi. Il y a eu des aller-retours. Ce savoir-faire s’est internationalisé. Les exemples d’aujourd’hui sont patents.

RFI: Revenons à la question du Rwanda: peut-on dire que la France a mis en place et appliqué une doctrine de guerre révolutionnaire au Rwanda entre 1990 et 1994?
GP: Je dirais même avant… c’est à dire que la doctrine est sans doute émergeante bien auparavant dans l’organisation même de l’Etat rwandais. Je ne pense pas que ce soit un accident qu’il y ait eu des conséquences terribles dans les années 92, 93, 94… C’est la fin d’un grand processus. Encore une fois, ce sont des normes, des règlements d’armes, ce ne sont pas des élucubrations d’officiers perdus au fin fond de la jungle. C’est pas du Rambo. Ce sont des savoir-faire importants de l’armée française. Je crois qu’il faut le souligner, ce n’est pas du hasard, ce sont des structures. Ces structures ont été implémentées dans l’espace institutionnel rwandais.

Ca veut dire que, dans la période 90-94, où tout d’un coup la France s’implante en force au Rwanda, on a provoqué une accélération de ce processus et de sa finalisation, c’est ça?
GP: Je ne sais pas si c’est la France qui l’a fait. Je serais plutôt partisan qu’il y a une main étrangère qui a joué dans le déclenchement de la crise rwandaise et puis, ensuite, dans l’ensemble du pré-carré français et franco-belge, disons jusqu’à la Côte d’Ivoire. Mais il y a quand même une participation française technique réelle. Encore une fois au Rwanda, on envoie les spécialistes de la question. Il y a des officiers français. Les témoignages affluent de présence française, d’un homme blanc expliquant comment utiliser la machette à tel endroit. Mais pas simplement pour expliquer cela, c’est un système qui porte en soi des pratiques de nature organisationnelle, de gestion d’une crise qui, après, est définie comme étant une crise de guerre civile. Mais derrière les guerres civiles, il y a des spécialistes aussi.

Venons en justement à ces hommes, à ces spécialistes, qui sont-ils et d’où viennent-ils? Ceux d’aujourd’hui…
GP: Ceux d’aujourd’hui, je ne sais pas d’où ils viennent. Je sais qu’ils sont institutionnellement dans certaines sections spéciales et forces spéciales de l’armée française. Savoir être autonome à certains endroits, seul, mais en même temps savoir transmettre du savoir par des équipes, être intégré dans des états-majors, savoir collaborer parce qu’on a été formé aux mêmes endroits dix ans auparavant par l’Ecole de guerre, ça rentre dans les échanges normaux du savoir-faire militaire. Il n’y a pas d’exceptionnalité, sauf sur un plan. Ces doctrines ont été spécialement affectées aux forces spéciales. Ce sont des doctrines qui échappent souvent au contrôle du système parlementaire. Ce sont des armes de l’exécutif, des armes de raison d’État, de pratiques occultes de présence dans certains lieux à contrôler. Donc, là, il y a une vraie question pour une démocratie ou une république: qu’est-ce que c’est avoir des forces spéciales? Les officiers français ne bougent jamais tout seuls, ils sont disciplinés et, là, il y a un rôle du politique. En France il n’y a pas de crise majeure à la tête de l’État. Au contraire, il y a un État assez fort, capable de gérer toute une série de choses à l’extérieur du territoire national. Là on rentre dans la géopolitique et dans le jeu de la France en tant que puissance internationale.

Prenons un exemple très concret: un peu moins d’un an avant le génocide est créée au Rwanda la radio libre des Mille Collines qui va être la radio de la haine. Comment peut-on décrypter le rôle joué par cette radio dans le processus que vous venez d’évoquer?
GP: Dans ce processus, il y a un règlement d’armes qui s’appelle la compagnie des Hauts Parleurs et des Tracts en 1956 en France qui a été remplacé ensuite par ce qu’on appelle le TTA 117, c’est l’instruction provisoire de guerre et d’action psychologique. Depuis la seconde guerre mondiale et même avant, on sait comment galvaniser des populations. La radio Mille Colline est tout à faire intégrée dans cet espace. On sait lorsqu’on se jette dans des processus de type guerre révolutionnaire, qu’il faut un appareil de propagande de masseappelant à l’action sur le neutre ou l’ami. On va s’intéresser à définir l’ennemi de façon directe, un cancrelat comme dans le cas rwandais, et cela dans le cadre d’une guerre psychologique.

RFI: C’est ce qui explique qu’au moment où se déclenche le génocide c’est toute une population qui va pouvoir prendre une machette et massacrer son voisin…
GP: Oui, tout à fait. Après, il y a toute une série d’autres choses, il y a la structuration de l’espace territorial avec sa bureaucratie spécifique. A l’échelle de la propagande, on a cet appareil extraordinaire, la radio, dans un pays pauvre où la télévision n’est pas encore très développée, cet instrument couvre tout et désigne l’ennemi. Vous savez en France, il y a aussi des opérations d’action psychologique par la radio, la presse, il y a des petites affaires qu’on découvre brusquement avant les élections, là c’est du soft, mais il suffit simplement de monter le potentiomètre et on se retrouve tout de suite dans quelque chose de plus rude.

RFI: Cela fait combien de temps qu’au sein de l’armée française la réflexion et l’enseignement de la guerre révolutionnaire est revenu au sein des état-majors et des écoles de formation, par rapport à ce que vous appelez le «trou des années 60»?
GP: Je pense que cette doctrine n’a jamais quitté l’armée française. Elle a été un peu mise de côté par la dissuasion dès 1959 où il y a un discours de De Gaulle qui commençait à se méfier justement des personnes qui l’avaient aidé à faire son coup d’Etat le 13 mai 58. Les Lacheroy, les officiers supérieurs français ont été expatriés à l’extérieur. Certains se sont retrouvés en train d’enseigner aux États-Unis, d’autres ont perdu leur poste et sont partis en Afrique comme le colonel Trinquier. Ces gens en avaient un peu gros sur la patate d’avoir aussi été de la chair à canon pendant des décennies. Cette doctrine est restée néanmoins dans certaines forces spéciales, parce que c’est une doctrine terriblement efficace. Mais elle a un contre-coup, elle implique la destruction même de l’appareil d’État, c’est à dire la crise par où sont passés les Rwandais, les Zaïrois-congolais ensuite et la crise qui a été à peine limitée, et on a limité la casse en Côte d’Ivoire, on sentait que l’Etat allait disparaître, l’État zaïrois a disparu. Il suffit d’aller voir les tracés de routes au Zaïre, il y a des tracés, mais c’est comme si on regardait des pistes romaines. Il ne reste plus rien, les infrastructures ont disparu. Au Rwanda c’est limite aussi. L’Argentine post-militaire a subi des avanies institutionnelles, difficultés politiques et économiques terribles. Son économie a eu un blanc complet pendant quelques années. Et les conséquences sont là. Et cette doctrine là est néanmoins restée parce qu’elle est terriblement efficace. Si je devais comparer ces doctrines là à de l’arme atomique, ce serait à peu près les mêmes effets. L’arme atomique quand elle tombe ça fait un trou mais en même temps ça détruit tout ce qu’il y a autour.

RFI: Vous dites aussi que c’est une «doctrine cannibale», que voulez-vous dire par là?
GP: La doctrine cannibale, ça veut dire que brusquement il y a un emballement et les structures institutionnelles humaines sont dévorées par ceux-là même qui ont la tâche de les protéger d’un point de vue institutionnel et légal. Brusquement, l’armée ou certains secteurs se retournent et dévorent, assassinent, font disparaître. Au sens pratiquement réel, il y a une cannibalisation.

par Propos recueillis par David  Servenay

Article publié le 09/04/2004 Dernière mise à jour le 09/04/2004 à 11:02 TU