Gregory Alex, originaire des États-Unis, est arrivé au Rwanda en janvier 1994. Il y prend la direction du département des urgences au sein du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Durant le génocide (7 avril-17 juillet 1994), son rôle consiste à venir en aide aux centres d’accueil et de secours des Nations unies. Une première fois évacué au début des événements, il revient quelques jours plus tard, et il tombe sur Callixte Mbarushimana.
Callixte Mbarushimana, secrétaire exécutf des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une milice composée en partie de Hutus exilés en République démocratique du Congo (RDC) après le génocide rwandais a passé onze mois en prison dans la banlieue de La Haye avant d’être libéré ce 23 décembre 2011 par la Cour pénale internationale. Libéré, parce que, pour les juges, le dossier du procureur à son encontre n’était pas assez solide pour justifier un procès pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans l’est de la RDC.
Sitôt après sa libération, Callixte Mbarushimana, un informaticien de 48 ans, a pris l’avion pour la France, où il vit depuis 2002 avec le statut de réfugié politique. À son arrivée, le Rwandais a été conduit par la police française devant un juge d’instruction, chargé de lui rappeler sa mise sous contrôle judiciaire, car Callixte Mbarushimana a été mis en examen à Paris il y a un an pour son rôle présumé pendant le génocide de 1994 au Rwanda. Un dossier différent de celui de la Cour pénale internationale.
Des survivants du génocide l’accusent notamment d’avoir livré des collègues tutsis aux génocidaires alors qu’il travaillait pour le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)
Callixte Mbarushimana à Kigali
Parmi ceux qui l’ont côtoyé à Kigali, figure Gregory Alex, qui était en poste aussi pour les Nations unies à Kigali au moment du génocide.
Gregory Alex était en Éthiopie avant de prendre ses fonctions de chef de l’unité des urgences du PNUD à Kigali en janvier 1994. Au début des massacres, il est évacué une dizaine de jours, puis il revient à la tête d’une petite équipe d’assistance humanitaire.
Il tombe sur Callixte Mbarushimana dans l’enceinte des Nations unies.
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Gregory Alex prévient très vite ses supérieurs localement, puis à New York. En dépit de nombreux témoignages de ses collègues auprès des autorités de l’ONU, Callixte Mbarushimana n’est pas inquiété.
Il continue de travailler, toujours pour les Nations unies au Kenya, en Angola, puis au Kosovo. Les juges de ce pays refusent de l’extrader après avoir été saisis par Kigali : les preuves de sa participation dans le génocide sont insuffisantes. En 1999, son contrat avec l’ONU est annulé. Il obtiendra cependant des réparations pour rupture de contrat. Le Tribunal international pour le Rwanda d’Arusha (Tanzanie) abandonne le dossier Mbarushimana, également faute de preuves.
Une plainte déposée en France
L’ONU demande à la France de conduire une enquête sur sa participation présumée dans le génocide rwandais, mais la demande reste sans suite.
En 2008, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda porte plainte contre lui en France. Des survivants du génocide l’accusent d’avoir livré des collègues tutsis aux génocidaires en 1994.
Cette plainte semble enterrée jusqu’en décembre 2010 où une information judiciaire est ouverte. Callixte Mbarushimana, a été interpellé en vertu d’un mandat d’arrêt de la CPI pour son rôle dans des crimes commis en 2009 dans l’est de la République démocratique du Congo pendant des opérations militaires lancées contre les FDLR par les armées congolaise et rwandaise, la justice française en profite pour le mettre en examen. Cette dernière procédure suit son cours mais pas assez vite aux yeux de Gregory Alex.