La journée étant chômée et payée dans toute la République, les Kinois sont restés chez eux, suivant à la télévision la prestation de serment de Joseph Kabila. Une cérémonie réglée comme du papier à musique, où la seule inconnue était l’importance des délégations étrangères. Elle était réduite: le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a été le seul chef d’Etat à s’être déplacé, mais de nombreux ministres africains assistaient à la cérémonie, les pays occidentaux, dont la Belgique, étant représentés par leurs ambassadeurs.
Dans son discours d’investiture, prononcé devant la Cour Suprême qui l’avait proclamé vainqueur des élections avec 48,95% des suffrages contre 32,33% à Etienne Tshisekedi, Joseph Kabila, 40 ans, dont dix à la tête du pays, a tenu à démontrer qu’il n’était plus le même homme et surtout qu’il avait entendu le message de la population. Il a commencé par rendre hommage à ceux qui avaient choisi «» et il a salué le « Mais au delà de ces promesses, la question sera de savoir si le Kabila du deuxième et dernier mandat pourra rompre avec les pratiques du passé, lourdement marquées par la corruption. Dans son discours, il s’y est engagé et certains de ses proches nous ont assuré que désormais, «il aura les mains plus libres…»
C’est au moment où le décompte des élections législatives sera terminé que l’on saura si le calcul de la présidence a porté ses fruits: tenant compte du scrutin à la proportionnelle, de nombreux candidats idéologiquement proches de Kabila ont été invités à se présenter sur de petites listes créées pour l’occasion. Le moment venu, ces élus devraient rejoindre le vaste courant de la majorité présidentielle, rendant ainsi inutiles des alliances avec d’autres formations politiques. Dans son discours, le chef de l’Etat a d’ailleurs confirmé à demi mot la manoeuvre, assurant qu’avec «son ouverture d’esprit légendaire» (sic) il serait ouvert à des personnalités politiques désireuses de participer à la relance. Des personnalités, et non des partis… Autrement dit, la perspective d’un gouvernement d’union nationale, ouvert aux vaincus des élections, en l’occurrence Etienne Tshisekedi, ou Vital Kamerhe, arrivé en troisième position, paraît plus éloignée que jamais.
Si le calme a régné dans la ville, l’impasse politique persiste cependant: Etienne Tshisekedi persiste à proclamer qu’il est bien le «]président élu» et à annoncer que vendredi il prêterait serment «devant le peuple>». En attendant cette épreuve de force, une dizaine de chars ont été déployés, entre autres devant le stade des Martyrs, où aurait lieu cette cérémonie parallèle.
Même s’il est désormais doté de deux présidents, l’un élu, fût-ce dans des conditions contestables, l’autre auto proclamé, le Congo ne peut cependant être comparé à la Côte d’Ivoire: rien n’indique que la communauté internationale, en dépit de ses réserves, soit disposée à s’impliquer dans un éventuel recomptage des voix ni même dans une médiation politique.

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Posté par rwandanews