Désireux de devenir un centre névralgique au sein des pays des Grands Lacs, le Rwanda opte pour les nouvelles technologies de l’information
« Le secteur des services est la solution pour notre pays », répète à qui veut l’entendre Antoine Sebera, directeur de la nouvelle société Optic Fiber for Internet. L’opération visant à équiper le pays en fibres optiques n’a été lancée qu’en 2008. Mais déjà, « nous venons de finir de couvrir toute la surface du pays en fibres optiques afin de permettre aux Rwandais de communiquer le plus possible par ce moyen », poursuit l’ingénieur informaticien formé à l’Université nationale du Rwanda, à Butare.
Original, pionnier même par rapport à ses voisins des hauts plateaux centraux d’Afrique, le Rwanda met en application ce qu’il a décidé dans son programme directeur « Vision 2020 », porté par l’agence Rwanda Development Board (RDB), un partenariat public-privé, et qui vise à faire du pays une sorte de plaque tournante des nouvelles technologies de communication en Afrique centrale.
Taux de croissance annuel de près de 7 %
Connecté au grand câble Marseille-Afrique du Sud, le Rwanda l’est aussi avec Londres et ses voisins d’Afrique de l’Est (Ouganda, Tanzanie). « Avec le satellite, nous avions des communications fiables mais chères et au débit limité, explique le jeune directeur. Aujourd’hui, nous communiquons par les réseaux souterrains ou électriques (aériens). »
Un pari un peu fou dans un pays comme le Rwanda qui, bien que peuplé de 10 millions d’habitants, dont presque 4 millions sont équipés de téléphones portables, garde un niveau de vie encore très modeste. Mais le taux de croissance annuel est de près de 7 %. « Dans notre projet, nous envisageons de passer de pays pauvre à pays médian, un peu comme l’ont fait la Thaïlande ou l’Inde, ce qui est faisable », assure Antoine Sebera.
Un « iCityBus »
En attendant, comment les Rwandais vont-ils avoir accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication ? Via des télécentres dans lesquels industriels, chefs d’entreprise, associations de femmes ou de commerçants pourront se connecter et se former. L’objectif est d’avoir un centre par district, le pays, plus petit que la Belgique, étant découpé en 30 districts.
Le Rwanda a aussi mis en place un « iCityBus », un bus doté d’un ordinateur portable qui va de village en village et se connecte par ondes radio, afin de désenclaver les campagnes. Et en plus, dans les villes, il y a de nombreux cybercafés privés. On est très loin d’un ordinateur dans chaque maison, beaucoup n’étant pas encore reliées à l’électricité. Mais d’ici à 2013, il est prévu de distribuer 150 000 ordinateurs portables, de fabrication indienne, aux écoliers.
L’administration est déjà fortement incitée à davantage utiliser Internet (pour collecter les impôts ou gérer les médicaments dans les hôpitaux), ainsi que les administrés eux-mêmes. Les Rwandais sont d’ailleurs fiers de l’effort entrepris aujourd’hui pour moderniser leur pays. « Ici, on crée son entreprise en vingt-quatre heures », assure Antoine Sebera, plein d’un enthousiasme volontariste.
DENIS SERGENT, à KIGALI
Posté par rwandanews