Le chanteur Corneille pourra enfin lancer son album Les Inséparables sur le marché québécois, lui qui vient de signer un contrat de disque avec le producteur québécois Paul Dupont-Hébert, de Tandem.
Son nouvel opus sera offert aux Québécois ce printemps.
Même s’il fait carrière sur plusieurs continents, le chanteur n’était pas vraiment parti d’ici puisqu’il habite toujours la couronne montréalaise avec sa femme et leur fils. Mais il revient d’une certaine façon au Québec, sur disque, lui qui n’avait pas lancé d’album ici en français depuis 2005.
Corneille a réglé à l’amiable le litige qui l’opposait à son ancienne maison de gérance. Maintenant libre de s’engager avec une nouvelle équipe québécoise, il a choisi Tandem, des gens en qui il met toute sa confiance.
Le chanteur, qui produit lui-même tous ces albums, a accordé à Tandem une licence de distribution de son album Les Inséparables. Cet album connaît un grand succès en France et a déjà atteint le disque d’or pour 50 000 exemplaires vendus.
Cette semaine, on lançait sur nos radios le nouvel extrait de cet album attendu, Des pères, des hommes et des frères, et dès sa nouvelle tournée bien amorcée en France, Corneille viendra officiellement nous présenter cet album.
«J’avais l’impression d’étouffer, a confié le chanteur au Jour
nal cette semaine. Il n’y a rien de pire que de quitter son chez-soi pour faire son métier. «Je suis très heureux de faire un retour au Québec avec une équipe que j’aime et que je respecte. Je sais que Tandem va faire une bonne job. Je me sens soutenu. C’est un nouveau départ.»
LE LUXE DU REPOS
Les dernières prestations sur scène de Corneille remontent à 2006. Forcé de faire un arrêt et de réévaluer certaines choses, suite à un burn-out, il a dû prendre le temps de respirer un peu.
«Quand on commence dans ce métier, explique-t-il, on fait tout en son pouvoir pour que ça marche. Puis, un jour ça débloque et on est pris dans un tourbillon qui ne s’arrête pas, ça devient une autre vie, 24 heures sur 24.
«J’avais besoin de ce break. Je ne voulais pas devenir un cliché, un artiste incapable de performer devant les caméras. Je n’arrivais plus à chanter. Je n’avais plus d’énergie et je ne voulais pas être l’artiste qui se plaint. «Je trouve que ce métier et le succès sont tellement des privilèges que je n’avais pas envie de manquer d’élégance à ce point-là.»
Corneille a pu se «payer le luxe du repos» et il est vite retombé sur ses deux pieds. Il s’est ensuite arrangé pour retrouver la naïveté de création qu’il avait perd
ue sur la route du star-system. «Quand on est un artiste connu et qu’on a du succès, on est jugé en bien ou en mal, et c’est très facile de faire les choses en réaction face à ça. Alors, on oublie ses envies du moment, on oublie son instinct, pour essayer de plaire.»
Après une période d’introspection, Corneille a retrouvé l’esprit de son premier album. Et les gens ont adoré. Le chanteur québécois est en nomination au prestigieux NRJ Music Awards qui aura lieu bientôt à Nice et les billets pour sa tournée française s’envolent rapidement. Il sera notamment au Bataclan et à l’Olympia de Paris.
GÉNOCIDE
Corneille, dont tou
te la famille a été décimée lors du génocide du Rwanda en 1994, a commenté la possible expulsion de Léon Mugesera, présumé penseur de ce génocide, dont on parle quasi quotidiennement dans les médias.
«On doit tous répondre de nos actes, de dire Corneille – de son vrai nom Cornelius Nyungura. Certaines punitions ont peut-être l’air drastiques ou excessivement sévères pour certains, en rapport aux fautes qu’ils ont commises. Mais là, on parle d’un génocide, on parle de plusieurs milliers de morts et d’une possible participation active dans ce génocide.»
«Être reconnu coupable, hors de tout doute, des actes qu’il (Mugesera) a commis (ce qui n’est pas le cas), justifierait assez bien une déportation.» Corneille rappelle que «tous les bourreaux du monde ont dû répondre de leurs actes à un moment donné.
«Et souvent, ajoute-t-il, ça s’est passé dans leur propre pays. Reste à savoir s’il sera trouvé coupable. Est-ce assez clair?», se questionne le chanteur.
DES BLESSURES
Pour Corneille, 34 ans, chaque fois qu’est évoqué le génocide rwandais dans les médias, des blessures s’ouvrent à chaque fois et le ramènent au rapport douloureux qu’il entretient avec le pays de ses parents, où il n’est jamais retourné après le génocide.
«Je suis dans une phase de ma vie où je commence à avoir envie de retourner au pays des grands-parents (maternels) de mon fils. Je n’ai pas à couper les racines de mon fils, à le faire payer pour ça.
«En même temps, j’ai besoin de retourner, comme tout être humain, sur les terres de mon enfance. «Il y a eu plusieurs phases. En ce moment, je suis en phase de visualisation. À une époque, je n’étais pas prêt à retourner. Puis, il y a eu l’expression d’une certaine colère. Aujourd’hui, j’envisage d’y retourner un jour. «Malgré son histoire, le Rwanda est un très beau pays, le pays des mille collines et il me manque. La langue du pays me manque aussi.»
Corneille reçoit régulièrement des courriels de Rwandais qui l’invitent à venir au pays. Au moment du génocide, en 1994, il avait 16 ans, quand son père, sa mère, ses frères et soeurs ont péri devant lui. Lui a survécu en se cachant derrière le canapé.
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Posté par rwandaises.com