En cette période de Commémoration du Génocide contre les Tutsi, on observe une récurrence du discours négationniste. Bien que marginal, ce phénomène ne doit pas être pris à la légère.
La vérité d’une tragédie
Le massacre de masse organisé contre les Tutsi a été qualifié de génocide par l’ONU dès juin 1994 et par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) d’Arusha en 2006. Son caractère de crime contre l’humanité a été confirmé à maintes reprises par les instances internationales.
Entre le 7 avril et le 4 juillet 1994, le Génocide contre les Tutsi a fait 1.074.017 victimes dont 934.218 nommément identifiées. 93,6% des personnes ont été tuées parce qu’identifiées comme Tutsi. Les autres l’ont été en raison de leur ressemblance, leur mariage, leurs relations amicales, leur soutien au Tutsi ou leurs opinions opposées au régime génocidaire. La grande majorité des victimes (53,8%) comprenait des jeunes de 0 à 24 ans, un élément qui souligne une volonté d’élimination systématique.
Par ailleurs, les preuves d’un massacre de masse sont établies. Les victimes ont été exécutées à la machette (38,8%), à la massue (16,78%), par armes à feu (14,80%), ou battues à mort (8,65%). Les enquêtes ont révélé l’atrocité de cette barbarie en recensant aussi les victimes jetées à l’eau, brûlées vives, mortes affamées, éventrées, décapitées, pendues ou contraintes au suicide. 330 bébés ont été écrasés contre un mur.
Enfin, les faits sont là. En janvier 2012, le rapport d’enquête remis par les experts mandatés par le Juge Français Marc Trévidic a donné des preuves confirmant l’existence d’un complot politique. L’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du Président Juvénal Habyarimana a été l’ultime prétexte pour mettre en pratique l’exécution d’un Génocide préparé de longue date et soigneusement organisé par les extrémistes Hutu.
Les dessous d’un mensonge
Par conséquent, le négationnisme doit être combattu dans le respect de la mémoire des victimes et de la souffrance des rescapés. Il se décline en plusieurs expressions mais il a un seul objectif: nier la vérité pour effacer le crime commis. Le déni du Génocide contre les Tutsi est aussi une tragédie parce qu’on nie la disparition ou le nombre des victimes pour en effacer la mémoire. Le révisionnisme est une autre expression, destinée à réinterpréter l’histoire pour en réécrire le cours ou les conséquences. Expression plus subtile, la banalisation du Génocide est tout aussi nocive parce qu’elle normalise l’horreur et joue sur un effet d’usure.
Le négationnisme s’exprime aussi par des manipulations qui créent la confusion et peuvent faire surgir le doute chez les personnes mal informées. Ainsi, les formules « génocide rwandais » et « génocide au Rwanda » sont détournées pour gommer le caractère anti Tutsi du Génocide et dédouaner les bourreaux. La formule « double génocide » criminalise les victimes en laissant entendre que des massacres de rétorsion se sont produits à l’encontre des Hutu.
Quelle que soit sa formulation, le négationnisme est toujours utilisé à des fins bien précises. On observe en effet cette pratique dans le domaine de la justice (réhabilitation des condamnés, justification des criminels) ou dans celui de la politique (opposition ou critique du gouvernement rwandais). A cet égard, il est important de noter que le négationnisme est un procédé qui tend à se développer à l’étranger alors qu’il a pratiquement disparu au Rwanda. Les contre manifestations organisées dans quelques capitales européennes ne rassemblent pas grand monde mais elles témoignent de la volonté d’entretenir le mensonge pour soutenir des projets politiques ou des causes douteuses.
Le Rwanda espère donc que dans un proche avenir, les pays Européens adopteront des lois qui pénalisent la négation des génocides avec la même rigueur que celles adoptées pour protéger la mémoire de la Shoah
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Posté par rwandaises.com