KIGALI – Le premier accusé transféré au Rwanda par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a comparu jeudi pour la première fois devant un tribunal qui doit le juger pour génocide et extermination, constitutive d’un crime contre l’humanité.

Jean Uwinkindi, pasteur pentecôtiste transféré le 19 avril d’Arusha, siège du TPIR en Tanzanie, vers le Rwanda, a réclamé un délai de quatre mois pour préparer sa défense, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le procureur, Ndibwami Rugamba, a annoncé que, conformément à l’acte d’accusation établi par le TPIR, M. Uwinkindi serait jugé pour génocide et extermination en tant que crime contre l’humanité.

Il s’agit d’accusations graves, a déclaré M. Uwinkindi au juge John Byakatonda qui lui demandait s’il était prêt à être jugé. J’ai besoin de temps pour examiner le dossier et trouver un avocat. Il me faut quatre mois avant d’être prêt, a-t-il ajouté.

Le procureur a répondu que l’accusé demandait trop de temps et qu’il tentait de retarder son procès.

La Cour rendra vendredi sa décision sur le délai accordé à l’accusé pour préparer son procès, a annoncé le juge Byakatonda.

Jean Uwinkindi a été arrêté le 30 juin 2010 en Ouganda. L’accusation lui reproche d’avoir dirigé plusieurs attaques contre les Tutsi réfugiés dans sa propre paroisse de Kayenzi, en avril 1994.

Le TPIR avait annoncé en juin 2011 le renvoi de son dossier devant la justice de Kigali, une décision alors inédite à laquelle le pasteur a jusqu’au bout tenté de s’opposer, estimant qu’il ne pourrait bénéficier d’un procès équitable dans son pays.

Jusqu’à cette date, le TPIR avait refusé plusieurs demandes similaires formulées par Kigali, estimant aussi que le pays ne remplissait pas les conditions pour des procès équitables. La juridiction internationale a changé de position après une série de réformes judiciaires au Rwanda.

Deux autres dossiers ont depuis été renvoyés à Kigali: ceux d’un ex-inspecteur de police judiciaire, Fulgence Kayishema, et d’un ancien maire, Charles Sikubwabo, tous deux en fuite.

Le Rwanda a adressé des demandes de renvoi à plusieurs pays occidentaux, dont la France, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, les Etats-Unis et le Canada.

En janvier, le Canada a expulsé vers Kigali Léon Mugesera, ex-homme politique inculpé depuis pour planification du génocide de 1994, incitation à participer au génocide et distribution d’armes. Washington a aussi déjà extradé deux personnes.

Fin mars, la justice française a quant à elle, pour la première fois, donné un avis favorable à l’extradition vers le Rwanda de Claude Muhayimana, soupçonné d’avoir pris part au génocide.

Le transfert de dossiers vers des juridictions nationales fait partie de la stratégie de fin de mandat du TPIR, qui s’est engagé à terminer ses procès de première instance fin juin cette année et les appels fin 2014.

Déclenché après l’assassinat le 6 avril 1994 du président rwandais hutu Juvénal Habyarimana, dont l’avion avait été abattu au dessus de Kigali, le génocide rwandais a fait 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi, entre avril et juillet 1994.

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Posté par rwandaises.com