Thibaud de Clerck
Jali était en concert sur la scène Loto-Québec dans le cadre des Francofolies 2012. Pieuvre.ca l’a rencontré; le chanteur belgo-rwandais parle de son premier album, Des jours et des lunes, sorti en octobre dernier, en plus de donner ses impressions sur Montréal.
Pieuvre.ca: Bonjour Jali, pourrais-tu résumer ton parcours en quelques mots ?
Jali: En quelques mots ? Je dirais de la chance, de belles rencontres et beaucoup de travail. Mais surtout de la chance, car tout s’est passé vite pour moi. En quatre ans, j’ai réussi à sortir un album.
Pieuvre.ca: Quelle a été la rencontre décisive pour toi ?
Jali: En 2008 avec le label indépendant bruxellois, Are Music. C’est là que j’ai commencé à comprendre que ma musique n’était pas si mal, qu’on pouvait en faire quelque chose. J’ai commencé à bosser avec eux. Au fil des concerts et des contacts, les choses se sont enchaînées jusqu’à la rencontre avec Barclay. L’album a suivi et les concerts aussi, c’était le début de la grande aventure. J’ai fait beaucoup de premières parties notamment Bernard Lavilliers, Gerald De Palmas, Ayo, etc.
Pieuvre.ca: Des petits concerts à la première partie de Bernard Lavilliers, on vit ça comment ?
Jali: D’abord, tu te dis que c’est un honneur d’avoir été choisi pour sa première partie. Ensuite, tu te dis qu’il faudra faire « le travail ». Quand tu te retrouves devant des centaines de personnes, au Zénith, tu as cinq minutes pour qu’ils accrochent donc tu ne peux pas te planter.
Pieuvre.ca: Pourquoi le pseudonyme Jali ?
Jali: C’est le nom de la plus haute colline de Kigala, la capitale du Rwanda. J’ai choisi ce nom la, car ça fait référence à mon pays et en plus, c’est anagramme entre mon prénom et mon nom donc ça tombait bien.
Pieuvre.ca: Quand la musique a-t-elle commencé?
Jali: J’ai toujours aimé chanter depuis tout petit, mais tout a vraiment commencé en 2008 quand je suis revenu du Rwanda. Je me suis acheté une guitare et de jour au lendemain, je me suis dit: « Je m’y mets ». Là, j’ai commencé à écrire
Pieuvre.ca: Quelles sont tes influences
Jali: Il y a beaucoup de la chanson française au Reggae en passant par la Soul avec des artistes comme Bob Marley, Tracy Chapman, Ben Harper, etc. On me pose la question depuis un an et demi maintenant et je n’arrive toujours pas à répondre à cette question, car il y en a vraiment beaucoup (rire).
Pieuvre.ca: Comment tu définirais ton style de musique?
Jali: C’est avant tout de la chanson française, car les paroles sont en français (rire). Mais c’est surtout, car le texte a beaucoup d’importance, c’est ce qui domine chez moi. C’est écrire qui m’a donné envie de faire de la musique, c’est pour ça que je dis que c’est, avant tout de la chanson française. Mais mes mélodies sont tantôt folk, tantôt reggae, tantôt soul. Il y a vraiment beaucoup d’influences différentes.
Pieuvre.ca: Quand tu crées une chanson, que se passe-t-il en premier, l’écriture ou la composition?
Jali: Je n’ai pas de règles. Ça dépend de la chanson. Parfois, c’est le texte qui inspire la mélodie. Je suis dans le métro, j’ai une idée de texte donc je note sur mon téléphone et rentrant à la maison, je prends ma guitare et je compose. La chanson d’après, j’entends un air de guitare, ça me donne des idées de mélodies et j’écris les paroles après. Ça dépend vraiment du contexte.
Pieuvre.ca: Comment le premier album s’est-il construit? Quel a été le mode de sélection des 11 morceaux?
Jali: Quand on a commencé l’album, j’avais une quarantaine de chansons composées entre 2008 et 2010. J’ai fait un premier tri entre les chansons qui étaient finies ou pas, abouties ou non. Une fois que c’est fait, tu choisis celles que tu préfères en veillant à ce qu’il n’y ait pas de répétitions. Parler 10 fois du même sujet, ça ne sert à rien. Au final, il restait 15 chansons. Le choix final, c’est fait avec le directeur artistique de Barclay et mon manager. J’ai choisi onze titres, car j’avais vraiment envie de faire un album court. Je trouve que c’est mieux pour un premier album d’avoir un condensé, d’avoir vraiment le mieux de tout ce que j’ai fait jusqu’ici à mes yeux.
Après, je me suis enfermé en studio pour mettre en musique les chansons qui à la base n’étaient que guitare-voix. J’ai eu la chance de pouvoir faire ce que je voulais. C’était une première session en studio, mais on m’a vraiment laissé carte blanche. C’était vraiment une expérience enrichissante. Après cette semaine, on a fait la production de l’album à Paris et Bruxelles. Car pour les voix, j’avais vraiment envie de me sentir chez moi donc on a travaillé dans le studio où j’avais l’habitude de travailler.
Pieuvre.ca: Espanola est le « tube » de l’album? Pourquoi cette pièce plus qu’une autre?
Jali: Espanola, c’est le nom d’une île aux oiseaux située près des îles Galápagos. C’est assez con, mais je regardais un reportage animalier tard le soir sur les oiseaux migrateurs qui vivent sur cette île. De là m’est venu l’idée d’un bateau avec lequel on pourrait changer de cap, être le maitre de son bateau, le maitre de sa vie.
Pieuvre.ca: Si tu pouvais ne garder qu’une seule chanson, quelle serait-elle?
Jali: Une seule ?! (rire) Comme un enfant ou Sel et Citron.
Pieuvre.ca: C’est ta deuxième visite à Montréal; que penses-tu des Québécois ?
Jali: Tu sais ce qu’on dit Belgique sur les Québécois, ils sont tous gentils et accueillants. Il n’y a pas de fumée sans feu. Au-delà des clichés, je trouve que les Québécois sont très sympas et très curieux. Tu fais un concert d’un artiste peu connu sur la grand-place de Bruxelles un jeudi soir à 19h, il ne risque pas d’y avoir beaucoup de gens. Ici, ce n’est pas le cas. OK, le contexte des Francofolies aide aussi, mais globalement les gens sont curieux de découvrir la musique. C’est un public très ouvert, difficile, mais très ouvert.
Pieuvre.ca: Alors, Bruxelles ou Montréal?
Jali: Quand je vois les Montréalaises, je pourrais me poser la question. (rire) Plus sérieusement, c’est Bruxelles. C’est la ville où je vis.
Jali sera en concert un peu partout en Belgique cet été, notamment aux Fêtes de la musique à Namur, à Couleur Café, et aux Francofolies de Spa. Et à la première occasion, il sera de retour à Montréal.
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Posté par rwandaises.com