Michael Sengazi et Hervé Kimenyi, deux humoristes rwandais de grand talent s’apprêtent à faire bien rire les Kinois avec leurs histoires qui se jouent des frontières. Stars montantes dans leurs pays, ils se réjouissent de participer au Festival international de l’humour de Kinshasa où ils mettront les pieds pour la première fois. Sans inquiétude.
Membres des ″Comedy Knights″ (Les Chevaliers de la Comédie), Hervé Kimenyi, et Michael Sengazi, jeunes stars montantes de la comédie au Rwanda seront au rendez-vous du Toseka, le Festival international de l’humour qui se tient du 8 au 10 juin à Kinshasa organisé dans le cadre des festivités du XIVe Sommet de la Francophonie qui auront lieu en octobre prochain. Rencontrés à Ishyo Center à Kigali, lors de la préparation d’un show qu’ils présentaient mi-mai, ils se disent déterminés à faire éclater de rire les spectateurs kinois et pas du tout complexés par la trentaine d’autres humoristes qui seront présents.
″Nous n’avons pas peur d’y aller″
C’est la première fois que les deux comédiens vont fouler le sol de Kinshasa. Mais il y a presque deux ans, Hervé Kimenyi a été à Kisangani. Il garde de bons souvenirs des Boyomais, les habitants de cette ville : ″Jamais je n’ai eu un seul souci. Le 2e jour un beau frère de mon ami m’a même prêté sa voiture. Qui à Kigali peut te la prêter sans te connaitre? ». Pour eux, se produire dans la capitale congolaise, c’est un énorme challenge pas toujours compris de leurs compatriotes. ″’Que vas-tu faire là ? Ils vont te faire du mal’ me dit-on un peu comme quand j’allais à Kisangani, raconte-t-il. Certains se moquaient alors de moi se demandant si j’allais à la rencontre de la mort ou faire un business bizarre de diamant ou de coltan″.
Michael qui va embrasser le public congolais pour la première fois se dit aussi confiant. Fils d’une mère rwandaise, qui a longtemps vécu au Congo et au Burundi et qu’il appelle maman CEPGL (Communauté économique des pays de Grands Lacs) et d’un père burundais, il se dit avoir dans son sang l’éducation des trois pays. Il n’a aucune inquiétude à rencontrer les quelque 10 000 spectateurs attendus à ce festival. ″Ma mère étant CEPGL je sais déjà que j’ai de la famille là bas″. ″En plus, affirment ces jeunes, des artistes congolais du Tarmac des auteurs de Kinshasa sont venus au Rwanda avec les mêmes stéréotypes et préjugés sur le Rwanda et n’ont eu aucun problème. Ils sont prêts aussi à nous accueillir puisqu’on se connait déjà on a créé avec eux un réseau″.
Ils traitent un peu de tout dans leurs spectacles : de la politique avec légèreté et drôlerie, de la vie de tous les jours (l’école, le travail, l’argent, les femmes, les hommes, le sexe). ″L’idée c’est de montrer aux gens la quantité de choses absurdes qu’on fait tous les jours et qu’on trouve normales, sans pourtant pointer du doigt des gens″, expliquent-ils et de blaguer que ″quand vous pointez d’un doigt les autres, il y en a trois qui se tournent vers vous !″.
″On n’est pas différent″
Même si on n’est pas parfait, on n’est pas tous différents, c’est ce qu’ils veulent montrer explique M. Sengazi : ″C’est savoir rire de soi et rire de tout malgré les différences et même si on ne peut pas faire rire tout le monde″. Optimiste, Michel qui va vivre cette première expérience d’un festival est serein : ″Je suis sûr que tout va bien se passer″.
D’abord écrivains et acteurs de pièces de théâtre, ils se sont essayés ensuite à la comédie qu’ils sentent dans leurs veines. Une activité bien loin de leurs études – Michel est licencié en droit et Hervé fait des études de marketing-. Se lancer dans ce métier exige de la persévérance. ″Au début les acteurs sur la scène étaient plus nombreux que le public ! Moi, dit Hervé, j’ai joué une fois pour une personne ! » Quatre mois plus tard, 300 personnes les applaudissaient″. Ces jeunes stars doivent leur célébrité grandissant à internet notamment à Facebook et You Tube où les gens les ont connus très rapidement. Actuellement ils ont des partenaires aux États-Unis, en Europe en Afrique et veulent exporter leurs spectacles vers d’autres cieux. Kinshasa est un grand moment dans leur carrière de comédiens. ″La plupart de nos sketches commencent un peu bêtement : faire comprendre aux gens qu’ils viennent de rentrer dans une histoire qui était déjà là avant eux. Mais nous réservons des surprises à Kinshasa !″ préviennent-ils. Et comme ils le disent toujours « lorsqu’on sait faire rire un Rwandais, on doit pouvoir faire rire tout le monde ! ».
Fulgence Niyonagize
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Posté par rwandaises.com