La chute de la localité de Bunagana, à 50km de Goma et la fuite en Ouganda de 600 militaires congolais indiquent à quelle vitesse la situation se détériore dans l’Est du Congo, de l’Ituri jusqu’aux limites du Katanga. Le basculement dans une guerre ouverte pourrait mettre en danger le régime de Kinshasa, déjà fragilisé à la suite des élections contestées, anéantir une paix régionale qui a mis des années à se construire et qui représente, pour les pays des Grands Lacs, le seul espoir d’échapper à la violence et au sous développement. Malgré les pressions et les démentis réitérés de Kigali, les experts de l’Onu ont persisté, précisions et cartes à l’appui, à décrire ce qui apparaît désormais comme une réalité incontournable, l’appui en armes et en effectifs apporté par le Rwanda à des militaires mutins, parmi lesquels des criminels dont les méfaits pourraient occuper la justice internationale durant des décennies. Après avoir renoncé à retarder la diffusion du rapport onusien et de ses annexes, les Etats Unis ont finalement demandé au Rwanda de cesser de soutenir les mutins. Voilà qui est plus clair que la position belge, qui se limite à « prôner le dialogue » entre Kinshasa et Kigali, alors que, depuis des semaines, les rebelles et leurs parrains poursuivent une tactique bien connue dans la région « talk and fight » parler et combattre, en même temps….M. Reynders, certes, a soulevé la question devant l’Union européenne et fait part de son inquiétude en Afrique du Sud, mais notre diplomatie pourrait faire davantage : par exemple, proposer, concrètement, de collaborer à la surveillance de la frontière entre le Rwanda et le Congo. Nos militaires en ont les moyens : ils disposent de drônes, qui avaient surveillé Kinshasa lors des élections de 2006 et sont restés inemployés depuis lors. Pourquoi ne pas les mettre à la disposition de la Monusco, afin de remédier à la cécité chronique des Casques bleus ? Une surveillance aérienne mettrait à nu les véritables ressorts de la guerre : les flux de minerais, les collaborations mafieuses de part et d’autre de la frontière, les mouvements militaires. Elle désamorcerait aussi les craintes du Rwanda en rendant plus difficiles les infiltrations de « génocidaires ». Les oppositions que susciterait probablement une telle initiative seraient déjà révélatrices : elles démontreraient que, dans cette région, la vérité peut s’avérer plus cruelle encore que les fusils…

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Posté par rwandaises.com