Le passage au Kivu de Mme Robinson, l’envoyée spéciale de l’ONU en tournée dans la région des Grands lacs, a confirmé l’attitude nouvelle de la communauté internationale : l’émotion suscitée par les violations massives des droits de l’homme s’accompagne désormais de la ferme détermination d’agir pour mettre fin au cycle des rébellions. D’ici juin, les premiers contingents de la Brigade d’intervention africaine sont attendus au Nord Kivu et les opérations militaires devraient commencer en juillet. Cette brigade comptera un total de 3.069 hommes, et elle sera aidée par des drones qui permettront d’observer les mouvements sur la frontière entre le Congo et ses voisins rwandais et ougandais.
Dotée d’un mandat plus offensif que les 17.500 Casques bleus de la Monusco, les militaires venus d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi auront deux groupes pour principales cibles : les rebelles hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) et le mouvement M23, . La seule perspective d’une intervention militaire « robuste » a déjà provoqué des réactions : les rebelles hutus, présents au Congo depuis la fin du génocide de 1994, ont accéléré le retour au Rwanda de leurs familles et desserré leur emprise militaire sur les populations congolaises. Quant au M23, il a été affaibli par la défection du groupe de Bosco Ntaganda, actuellement interrogé par la Cour pénale internationale et 600 de ses militaires sont immobilisés dans un camp de réfugiés au Rwanda en compagnie de leur chef politique le pasteur Runiga. Quant à la faction demeurée au Congo, dirigée par le général Sultani Makenga, elle apparaît à la fois affaiblie sur le plan militaire et ferme sur le plan politique.
En effet, le mouvement est miné par les désertions, malgré les mesures de surveillance adoptées par les officiers qui ont, entre autres, fait saisir les portables de leurs hommes. Julien Paluku, le gouverneur du Nord Kivu, a déclaré que depuis novembre, 519 militaires du M23 s’étaient rendus dans les différentes bases de la Monusco parmi lesquels 116 ont déclaré être de nationalité rwandaise. Cet affaiblissement militaire n’empêche pas l’action politique : le M23 s’est adressé aux Parlements de l’Afrique du Sud et de la Tanzanie pour tenter de les dissuader d’envoyer des troupes, il a, selon la société civile du Nord Kivu, nommé deux administrateurs dans les territoires sous son contrôle, Rutshuru et Nyiragongo. Enfin, alors sont suspendus les pourparlers de paix de Kampala entre la rébellion et des représentants du gouvernement, le M23 exige un cessez le feu avant de reprendre des négociations que beaucoup, à Kinshasa, jugent désormais sans objet…
A chaque étape de son passage dans la région, Mme Robinson a insisté sur l’importance de l’ « accord cadre » signé à Addis Abeba par onze chefs d’Etat africains, qui s’étaient engagés à ne plus soutenir les rebelles tandis que Kinshasa avait promis d’accélérer la réforme de l’armée. Sa visite a confirmé que la crise avait pris une nouvelle tournure : de nouveaux acteurs régionaux sont apparus, appuyant Kinshasa dans sa volonté de rétablir l’autorité de l’Etat à l’est du pays. La détermination de l’Afrique du Sud n’est guère surprenante : le président Zuma apporta une aide logistique importante lors des élections de 2011 et fut le premier à féliciter le président Kabila. L’Afrique du Sud espère aussi que le projet de barrage à Inga II améliorera l’approvisionnement énergétique du pays, à raison de 2.600 megawatts par an. Quant à la Tanzanie, -un pays où le président Kabila a passé sa jeunesse- son implication représente l’élément le plus neuf de l’équation : en effet, le pays de feu le président Nyerere est en quelque sorte le « parrain » des présidents Museveni et Kagame qui s’y sont formés à la lutte de libération au début des années 80.

http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2013/05/03/kivu-le-passage-de-mary-robinson-confirme-lengagement-international/

Posté par rwandaises.com