JOHANNESBURG (AFP) – (AFP) – L’ancien président sud-africain Nelson Mandela, 94 ans, idole de tout un peuple, a de nouveau été hospitalisé samedi pour une infection pulmonaire et se trouve dans un état « préoccupant mais stable », a annoncé la présidence sud-africaine dans un communiqué au ton plus grave que d’ordinaire. « Ce matin vers 01H30 (23H30 GMT vendredi) son état s’est détérioré et il a été transféré dans un hôpital de Pretoria. Son état est toujours préoccupant mais stable », a dit le porte-parole de la présidence Mac Maharaj, qui s’est contenté de lire le communiqué. « Madiba », comme l’appellent affectueusement ses compatriotes, fêtera ses 95 ans le 18 juillet. Il est apparu très affaibli sur les dernières images de lui qui ont filtré fin avril, à l’occasion d’une visite à son domicile des plus hauts dirigeants du pays.

On y voyait le vieil homme assis sur un fauteuil, les jambes cachées par une couverture, posées à plat sur un repose-pieds. Son visage semblait de cire et n’exprimait aucune émotion, alors que ses visiteurs plaisantaient autour de lui. A un moment, il semblait prononcer un mot. « Le président reçoit des soins spécialisés et les médecins font tout leur possible pour qu’il se sente mieux », a précisé la présidence, avant d’ajouter: « Le président Zuma, au nom du gouvernement et de toute la nation, souhaite à Madiba une guérison rapide et demande aux médias et au public de respecter l’intimité de Madiba et de sa famille ». Comme lors de ses précédentes hospitalisation, les autorités n’ont pas dévoilé le nom de l’hôpital dans lequel il a été admis.

Le héros de la lutte contre le régime ségrégationniste de l’apartheid avait été hospitalisé pour la dernière fois fin mars début avril, pendant dix jours, également pour une infection pulmonaire récurrente, probablement liée aux séquelles d’une tuberculose contractée pendant son séjour sur l’île-prison de Robben Island, au large du Cap.

C’est dans ce bagne qu’il avait passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime de l’apartheid, cassant des cailloux dans une poussière qui a durablement endommagé ses poumons.

La santé de Nelson Mandela est un sujet d’inquiétude en Afrique du Sud, où chacun sait que le héros national, dont le portrait orne depuis peu tous les billets de banque, n’est pas immortel.

Il n’est plus apparu en public depuis 2010, s’est complétement retiré de la vie politique et n’a plus exprimé aucune opinion publiquement depuis des années.

Il n’est reste pas moins vénéré par tout un peuple, pour avoir réussi à éviter une explosion de violence raciale lors du passage entre le régime ségrégationniste et la démocratie en 1994.

Une icône mondiale

Cette transition réussie lui a valu le prix Nobel de la paix en 1993, partagé avec le dernier président de l’apartheid, Frederik De Klerk.

L’archevêque Desmond Tutu, autre figure majeure de la lutte anti-apartheid et lui aussi prix Nobel de la paix, l’a qualifié un jour d' »icône mondiale de la réconciliation ».

Derrière les barreaux, Mandela était devenu le symbole de l’oppression de son peuple, tandis qu’une grande partie du monde manifestait et organisait des concerts pour sa libération.

Mais avant même d’être libéré, en 1990, il s’est efforcé de comprendre ses adversaires –allant jusqu’à apprendre leur langue, l’afrikaans, et leur poésie–, de leur pardonner, puis de négocier sans esprit de vengeance.

Une fois libéré, il les a séduits par sa gentillesse, son élégance et son charisme.

Usé par ses années de prison, le détenu Mandela avait connu une première alerte de santé sérieuse en 1988. Il est alors admis, sous régime carcéral, à l’hôpital de Stellenbosch, près du Cap (sud-ouest) après s’être plaint d’une forte toux contractée dans l’humide cellule de sa prison.

Les médecins diagnostiquent une tuberculose et drainent deux litres de liquide de ses poumons. Celui que le régime d’apartheid considérait déjà comme un possible interlocuteur passe six semaines à l’hôpital avant d’être transféré, convalescent, dans une clinique plus proche de sa prison dont il sera le tout premier patient noir.

En 2001, onze ans après sa libération, il est traité par radiothérapie pour un cancer de la prostate. L’année suivante, il déclare à des journalistes qu’il est définitivement guéri.

Quelques mois à peine après son élection à la présidence de la République en 1994, il est opéré de la cataracte. Des restrictions très rigoureuses interdisent aux photographes d’utiliser un flash en sa présence.

En décembre 2012 enfin, alors qu’il s’est retiré depuis quelques mois dans son village d’enfance de Qunu, il est ramené en avion à Pretoria. Il passe 18 jours à l’hôpital avant d’être autorisé à regagner son domicile de Johannesburg.

Son entourage n’a pas souhaité le renvoyer à Qunu, au coeur d’une région rurale, alors que Johannesburg et Pretoria, à soixante kilomètres l’une de l’autre, regroupent la plupart des meilleurs hôpitaux du pays.

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Posté par rwandaises.com