Un camp de réfugiés Hutu fête l’arrivée à Butare de militaires françai
Les ONG parties civiles dans l’enquête sur le rôle de l’armée française lors du génocide de 1994 au Rwanda ont écrit au juge pour qu’il demande la levée totale du secret défense sur les documents relatifs à cette période, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier.
Cette demande de déclassification intervient au moment où Kigali, à l’occasion du 20e anniversaire des tueries, a de nouveau accusé la France d’avoir été un acteur du génocide. Des propos qui ont provoqué une levée de boucliers de la classe politique et militaire française et une nouvelle crispation des relations franco-rwandaises.
Cette enquête, l’une des plus sensibles menées à Paris en lien avec le génocide, avait été lancée sur une plainte déposée en 2005 par des rescapés mettant en cause l’opération militaro-humanitaire Turquoise (2.500 hommes, fin juin à fin août 1994), au cours de laquelle l’armée française, sous mandat de l’Onu, avait été chargée de former une « zone humanitaire sûre » au Rwanda.
Soutenus par des ONG, ils accusent les militaires français d’avoir laissé des miliciens hutu massacrer des Tutsi, fin juin 1994, dans les collines de Bisesero (ouest) et dans le camp de Murambi (sud-ouest).
Plusieurs dizaines de militaires ont été entendus, dont un placé en juin 2013 sous le statut de témoin assisté, statut hybride entre celui de simple témoin et celui de mis en examen. Et le magistrat instructeur s’est déplacé au Rwanda en octobre 2013 et en février.
Le 28 mai, Survie, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ont enjoint par courrier le juge de demander la levée du secret défense et le versement à la procédure de tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda de 1990 à 1994, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.
Plusieurs personnalités politiques ont récemment plaidé pour une levée totale du secret défense.
Dans un message aux armées, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian avait défendu en avril la « transparence exemplaire » de son administration, chiffrant à plus de 1.100 le nombre de documents déclassifiés.
Cette transparence est cependant « loin d’être totale », regrettent les ONG qui citent de nombreux avis défavorables de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN).
(AFP 25/06/14)
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