Bukavu (RD Congo) – Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont délogé des miliciens Raïa Mutomboki de quatre villages qu’ils occupaient depuis plusieurs mois au Sud-Kivu, dans l’Est du pays, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.

L’armée a repris ces quatre localités occupées depuis avril, dont la plus importante est Nyalubemba, a déclaré à l’AFP Daniel Eloko Nsala, administrateur du territoire de Shabunda.

Les villages libérés sont situés dans le territoire de Shabunda, aux confins de ceux de Walungu et Kabare, à environ 65 km au Sud-Est de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, a-t-il indiqué, joint par téléphone depuis cette ville.

Le premier village a été repris par les FARDC le 25 novembre, et les autres ont suivi progressivement, a déclaré à l’AFP le major Simon Tubajike, porte-parole de la 33e région militaire congolaise, qui couvre le Sud-Kivu, sans donner de bilan des affrontements.

Les Raïa Mutomboki (Citoyens en colère en swahili) sont apparus en 2005 comme milice d’autodéfense au Shabunda contre les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Le concept a ensuite prospéré et recoupe aujourd’hui, selon plusieurs experts, de nombreux groupes disséminés au Nord et au Sud-Kivu, aux motivations diverses mais mus par une hostilité commune aux milices ou populations rwandophones, rwandaises ou congolaises.

Selon un membre d’une organisation de défense des droits de l’Homme à Shabunda ayant requis l’anonymat, les FARDC ont progressé dans le territoire de Shabunda de 9km par rapport à la frontière avec le Walungu.

L’opération se poursuit, pas encore à grande vitesse, car nous attendons la fin de l’ultimatum lancé aux FDLR pour accélérer la traque contre tous les groupes armés nationaux et étrangers réfractaires, a indiqué à l’AFP le major Tubajike, faisant référence à la date butoir du 2 janvier donnée aux rebelles rwandais pour déposer les armées.

Beaucoup de chefs de groupes Raïa sont en train de nous appeler pour se rendre mais on ne croit pas à leur bonne foi, a-t-il ajouté.

Aujourd’hui qu’il n’y a plus de FDLR au Shabunda, on ne comprend pas pourquoi ces Mutomboki peuvent encore exister, estime M. Eloko Nsala.

Fin 2013, un rapport du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), notait qu’avec l’amenuisement de la menace des FDLR, de nombreuses factions des Raïa Mutomboki se retournent contre les populations locales, se battent entre elles ou se muent en gangs purement criminels.

Selon une récente étude de l’International Peace Information Service (IPIS), des Raïa Mutomboki tout comme des militaires des FARDC contrôlent plusieurs mines d’or du Shabunda.

Les FDLR ont été fondées par des personnes accusées d’avoir participé au génocide de 1994 au Rwanda. Le Conseil de sécurité des Nations unies souhaite une action militaire si cette milice ne s’est pas rendue au 2 janvier, mais selon plusieurs diplomates, cette perspective suscite de fortes réticences chez les FARDC.

L’Est de la RDC est déchiré depuis plus de 20 ans par des conflits alimentés par des divisions ethniques, des querelles foncières et l’appétit que suscitent les abondantes richesses naturelles de la région.
(©AFP / 03 décembre 2014 13h24)

 

Posté par rwandaises.com