Kigali, le 1er décembre 2014

Monsieur le Président,
Je vis actuellement au RWANDA et j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt, vos interventions à l’occasion du sommet de la Francophonie qui vient de s’achever hier à DAKAR.

Il m’est difficile de rester indifférent à des propos et parfois à certains amalgames que je trouve, permettez-moi de le dire un peu condescendants sans doute maladroits mais que nous entendons trop souvent chez les dirigeants européens.

Vous précisez qu’il n’est pas dans les intentions de la France d’exercer une tutelle ou d’influer sur les décisions des pays africains…et pourtant les interventions de la France et de l’Europe, en coulisse ou au grand jour démontrent le contraire.
A l’immixtion dans les affaires des autres Etats s’ajoute cette habitude de vouloir toujours faire la leçon. C’est un vrai paradoxe parce que la situation de la France et de l’UE ne les autorisent guère à se donner le droit d’apprendre aux autres nations, comment faire pour « aller mieux ».

Sans vouloir polémiquer, je souhaiterai vous parler du pays dans lequel je vis, le RWANDA et que je connais assez bien pour y côtoyer, non seulement quelques expatriés, mais surtout les Rwandais eux-mêmes.

Je suis tout à fait conscient que tout n’est pas parfait, au RWANDA, même si beaucoup d’observateurs internationaux tel Pascal Lamy ancien directeur de l’OMC, parlent du « miracle rwandais ». Pour ne citer que quelques exemples, il existe dans ce pays une sécurité aux standards de de la communauté internationale, un cadre de santé/sanitaire exceptionnel pour l’Afrique, un gouvernement composé à 64% de femmes -un record -, l’école obligatoire jusqu’à 18 ans, un taux de croissance économique de7% .

Enfin, je voudrai ajouter la chute du taux de pauvreté avec la disparition des bidonvilles et la propreté sans cesse améliorée, impressionnante des villes et des campagnes etc…

Les Rwandais sont bien conscients que leur niveau de vie augmente. Ils constatent comme de nombreux observateurs que l’économie se développe et que la société Rwandaise a fait en 15 ans un bond considérable en termes d’équité, d’éducation, de santé et de sécurité. Les hommes et les femmes de ce pays sont comme tous les citoyens du monde. Ils jugent leurs dirigeants à l’aune de leur vie quotidienne : soit elle régresse ; soit elle s’améliore. Il est un fait qu’ils attribuent les progrès de leur société à ceux qui les dirigent et au gouvernement de Paul KAGAME
A cet égard, le mandat du Président KAGAME, s’achève en 2017 et cette échéance ne laisse pas d’inquiéter la majorité de la population.
Visionnaire, le Président KAGAME s’est consacré à son objectif, faire décoller le Rwanda. Des voix s’élèvent aujourd’hui pour demander au Président Kagamé de briguer un ultime mandat ; ce qui implique une réforme de la constitution.
Cette question, Monsieur le Président, est du ressort des hommes et des femmes de ce pays. Ils y sont attachés.

Si un référendum est proposé au peuple Rwandais c’est à lui qu’incombera la décision d’introduire ou non cette réforme de la constitution. Le Président Kagamé se pliera naturellement à la décision des Rwandais comme d’autres sages ont su le faire. Mais si, à la suite de nouvelles élections, la confiance et les moyens lui sont donnés par ses compatriotes, il voudra achever le travail entrepris et garantir l’avenir d’un pays marqué par l’histoire.

Les peuples sont souverains et ici comme ailleurs ils décident seuls de leurs institutions, de leur avenir en toute indépendance. Il n’appartiendra donc à personne d’autre d’approuver ou de ne pas approuver ni de juger du bien-fondé de la décision des Rwandais. Cette décision leur appartient et à eux seuls.
Le temps du protectorat est révolu.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de ma très haute considération.

Alain BILLEN est un observateur de l’Afrique centrale. Fin connaisseur du Rwanda, il partage son temps entre Bruxelles et Kigali où il réside.

Alain BILLEN
abillen2@gmail.com
tél.: +250783002112

Blog d’Alain Billen – 01/12/2014

Posté par rwandaises.com